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Quand le CFCM soutient l’action de l’armée française en Afghanistan

Le 23 août 2008, suite à la mort de dix soldats français, tués en Afghanistan par des combattants Talibans, le nouveau président du CFCM, Mohammed MOUSSAOUI, décide de publier un communiqué, au nom de l’institution, pour leur rendre hommage.

Voici le contenu de ce communiqué.

« Le CFCM se joint à l’ensemble de la nation pour rendre hommage aux soldats français morts en Afghanistan en accomplissant leur mission de paix et de protection des populations civiles.

Le CFCM rend également hommage aux familles des soldats qui ont vécu ces moments de douleur avec dignité. Le CFCM leur présente ses sincères condoléances et les assure de son soutien et de sa solidarité.

Par ailleurs, le CFCM déplore toutes les victimes civiles résultant de ce conflit et notamment celles de la tragédie survenue le vendredi 22 août dans l’ouest de l’Afghanistan.

Le CFCM exprime son respect à l’égard de l’armée française pour son action en faveur de la paix dans le monde et espère que cette noble mission lui procure le respect et l’estime des nations et des peuples. »

Depuis sa création, le Conseil français du culte musulman n’a cessé de susciter les critiques et les réprobations les plus vives de la communauté musulmane, le plus souvent à raison. On lui a ainsi reproché son alignement sur les pays d’origine, sa gestion néocoloniale de l’islam, son inféodation au ministère de l’intérieur ou son manque de démocratie.

Beaucoup de musulmans ont, pour toutes ces raisons, choisi d’ignorer cette institution religieuse tout comme elle les ignore elle-même, considérant qu’elle était illégitime et ne méritait pas qu’on lui accorde une quelconque attention.

Désormais, cette position n’est plus tenable, car un seuil critique vient d’être franchi, par l’institution.

Par ce communiqué, publié le 23 août, le président Mohammed MOUSSAOUI et son bureau ont explicitement soutenu la politique néo-coloniale et impériale de Nicolas Sarkozy et du gouvernement Bush, qui produit, fondamentalement et avant toute chose, de la souffrance et des morts.

Chaque mois, chaque semaine, chaque jour, des civils afghans (femmes, hommes, enfants) meurent, tués par des bombes de l’OTAN.

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Cet été, les pertes civiles ont été chiffrées, au minimum à deux cents morts, par le rapporteur de l’ONU, Philip ALSTON. Nous parlons ici de victimes civiles, non de combattants. Il pourrait donc s’agir de crimes de guerres, selon la qualification juridique consacrée par le droit international.

Ces « actes indignes », accomplis au nom du peuple français, puisque l’Assemblée nationale, ainsi que le Sénat, ont voté une motion de soutien au gouvernement, ont été tout bonnement et indirectement excusés, justifiés et maquillés par de plats hommages présentés à la nation française pour la perte ses soldats français .

Aujourd’hui, notre refus doit donc être double.

En tant que citoyens de ce pays, nous devons désavouer cette décision illégitime, immorale et lourde de conséquence pour la stabilité de notre monde, de ceux qui se prétendent représentants du peuple, et qui, trop souvent, parlent en son nom.

Les citoyens français de confession musulmane doivent être au premier rang de ce refus, au nom de tous les principes qui régissent leurs consciences. Ils se doivent de désavouer ce soutien du CFCM à cette politique, car qui ne dit mot consent et leur silence à valeur de blanc-seing.

En tant que fidèles de cette noble religion, qui a toujours postulé parmi ses objectifs prioritaires, la préservation de la vie humaine, ils devraient exiger la démission de ce bureau exécutif du CFCM, à commencer par son président, signataire de ce communiqué déshonorant.

Parce que la défense de telles opinions, éminemment politiques et profondément indignes, ne sont pas compatibles avec les exigences et les devoirs inhérents à toute responsabilité représentative, cette démission, plus qu’une nécessité, nous apparaît être une condition indispensable à l’existence de cette institution, qu’est le CFCM.

N’oublions jamais ces vies fauchées et réduites à l’état de cendre. Comme tous les peuples de la terre, les afghans ont le droit à la vie.

En aucune manière, la condamnation totale du mouvement des talibans, ( que nous condamnons par ailleurs), et de sa lecture rétrograde et déformée de l’islam ne peut autoriser ou légitimer la guerre et la destruction imposées à son peuple.

Le mépris pour un régime ou une idéologie ne légitime, en aucun cas, le recours à la guerre. Si tel était le cas, notre monde ne serait plus qu’un vaste champ de ruine, dévasté par le feu, le sang et la mort.

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