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Quand la génération humiliée pousse son cri d’agonie

Les événements sont passés… Le calme est retombé… Le Ksar Yso a accompli sa mission, Gotha a été purifiée et ses truands et autres petites racailles ont tous été mis au pas. Tous ? Non… L’état d’urgence n’était qu’un leurre destiné a apaiser une opinion qui a fait fi de tout esprit critique. Exécutions tribunalesques sommaires, incarcérations, doubles peines, suppression des allocations, stigmatisation générale des jeunes des cités… Tout cela n’est qu’un leurre et n’a aucun pouvoir sur la résurgence de la bête. La bête ? Oui, le Ksar Yso, dans sa folie Karchéristique, a oublié la bête… Cette bête immonde, venue du plus profond des âmes, qui instille son venin dans les consciences d’une génération déboussolée. La bête tient son siège dans les entrailles du gamin, elle excite les pulsions du grand enfant, puis elle transforme l’adolescent en un être mutant…

Francorabaonégroathéospirituoislamicoétudiotravaillochomobanlieuso, tel est son nom. Oui, c’est un mutant, nouvelle figure de l’adolescent défiguré qui, à des années lumières de tout ce flots d’interprétations, d’exégèses et autres solutions fignolées venues tout droit des ténèbres abyssales du Grand Stratréguerre le Ksar Yso, exprime son désespoir. Et ce désespoir, Ksar Yso ne veut pas l’entendre, et comment le pourrait-il puisqu’il n’a jamais daigné jeter un œil sur les conditions de vie désoeuvrée de cette génération ? « A chaque génération son désespoir » dira-t-on. Mmouais, sauf qu’ici, on n’est plus en 1940 mais à l’aube d’un nouveau siècle, et que le Ksar Yso et ses troupes de prosélytes ont osé décréter les causes du problème d’une façon ahurissante : polygames, bouffeurs d’allocs, incapables d’éduquer les mômes. Ou bien celle-là, encore plus marrante : ce sont les sans-papiers et les dealers qui gouvernent ces jeunes… On peut user de la plus pure langue voltairienne, la déjection ultime qui s’abat sur cette gente vile et vilaine n’en est que plus rude, d’autant plus que ces derniers n’ont même pas la possibilité de mettre leurs concitoyens au parfum en les abreuvant à la source de leur désarroi. Oui, c’est un véritable désarroi, on l’a vu, on l’a su et il se répétera dans quelques jours, dans quelques semaines, dans quelques mois ou dans quelques années si les cerveaux des citoyens de ce pays abdiquent face à la lobotomisation rampante instruite par le Ksar Yso et ses troupes choquantes. Cette génération aspire à ce que réclame tout un chacun, du boulot, une bagnole, un appart, une prime pour les fêtes de fin d’année…

Et du boulot, cette génération sait pertinemment que c’est de plus en plus dur d’en trouver, car elle n’est pas imbécile au point de ne pas comprendre la situation problématique de son pays. Par contre, il suffit de se balader un peu dans ces quartiers, ces endroits qu’on qualifie trop hâtivement de « zones de non droit » alors qu’il conviendrait de les nommer de façon plus juste « zones du droit au nom »… Oui, osez y mettre un pied, discutez avec les adolescents de toutes origines, qu’ils soient blancs, blacks ou beurs, leur vocabulaire s’est tellement restreint depuis des années qu’il tend à se résumer à un seul mot : « humiliation ». Nous sommes en face d’une génération humiliée. Condamnée à vivre dans des quartiers disqualifiés par le simple fait qu’ils concentrent une part importante de populations défavorisées ou d’origine étrangère.

Disqualifiés par le simple fait de s’appeler quartiers périphériques, ou banlieue. Humiliation… Vous voulez savoir ce que signifie l’humiliation ? Et bien faites comme moi et comme beaucoup d’autres, mettez-vous en situation de l’observer ou bien même de la vivre à l’insu de votre plein gré. Allez visiter tout d’abord des bâtiments à moitié éventrés, laissés à l’abandon car la priorité des politiques est ailleurs… Puis allez à la rencontre d’un groupe de jeunes, juste pour faire connaissance… Tout à coup, alors que vous êtes en pleine discussion, quelqu’un s’adresse à vous en vous tutoyant, vous demande vos papiers et tiens sa main droite prête à déverrouiller la sécurité de son flingue pour vous montrer que ça rigole vraiment pas. Vous reconnaissez alors un groupe d’individus en uniforme et la première question qui vous vient à l’esprit est « Qu’est-ce que j’ai fait et pourquoi ils me tutoient ? ».

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Mais pourquoi perdre du temps à se poser des questions ? Un simple regard sera considéré comme un signe de velléité et peu ne s’en faudra que vous ne soyez plaqué au sol et menotté. Alors, imaginez un peu que vous osiez poser votre question, c’est la façade de votre édifice qui vous sera refaite, et gratuitement. Et bien ça, c’est pas du Far West, et c’est pas un remake de « Shérif, fais-moi peur ! ». C’est un blanc seing donné par le Ksar Yso à l’ensemble de ses escadrons qui se croient à l’abri de l’impunité. C’est un aspect de l’humiliation au quotidien… Comme par exemple quand le bureau de poste de votre quartier est blindé alors que celui situé à quelques centaines de mètres, plus proche du centre ville, est bien plus accueillant pour le public…

Quand l’école de votre quartier, classée en ZEP, a trois fois moins de crédits que l’école du quartier bourgeois d’à côté et que les profs qui y enseignent sont tous des primo-arrivants qui espèrent gagner quelques points le plus vite possible pour se barrer… Des exemples comme cela pourraient noircir des milliers de pages. Mais le problème le plus cinglant aujourd’hui, et sur lequel le Ksar Yso dans sa folie démagogique fait la sourde oreille, c’est de se voir quotidiennement humilié dans sa personne, dans son identité, pour son faciès, pour un simple vêtement, pour une difficulté d’expression.

C’est un déni du droit à être un humain et à pouvoir aspirer à un avenir. Et bien, dès lors qu’on remet en cause ce qui fait l’identité même de la personne humaine, comment voulez que celle-ci réagisse autrement que par la violence ? C’est là un instinct de survie, ce n’est rien d’autre qu’un coup de semonce face à une situation dégradée et dont la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est l’attitude destructrice et adolescenticide de Ksar Yso. Cette génération est atone et, dénigrée, déniée, exclue socialement, elle ne s’exprime plus politiquement si ce n’est encore une fois à travers les extrêmes. Pendant ce temps, Ksar Yso verrouille tranquillement la société, les médias, et il décoche depuis des mois des crochets extrêmes de la droite au visage de la société française. Pourrons-nous vraiment trouver en France un vrai homme capable de lui asséner un vrai coup de la gauche ?

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