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Pour un dialogue de paix à l’école entre Israéliens et Palestiniens

Environ une douzaine de collèges, près de 800 élèves, une goutte d’eau certes, mais pas de la mer morte (représentant plusieurs classes scolaires), exploitent dorénavant le nouveau manuel d’histoire de l’association P.R.I.M.E (Peace Research Institute on the Middle-East). Destiné à se développer très vite en Israël et en Palestine, il constitue une petite révolution. L’Institut pour la Recherche de la Paix au Proche-Orient, cofondé par Sami Adwan, professeur palestinien à l’Université de Bethlehem, et Dan Bar-On, enseignant juif à l’université Ben Gourion du Néguev, est à l’origine de “L’Histoire de l’Autre”, un manuel prenant en compte les dernières avancées en matière de recherche historique de Benny Morris et ses pairs.

Initié en 2002, en plein marasme politique, le projet d’écrire l’histoire des deux peuples se voulait une des missions majeures de la jeune organisation non gouvernementale. Ce sont avant tout deux récits simultanés, jamais une histoire commune, mais une démarche volontaire de conciliation sur des évènements majeurs et communs aux sociétés israéliennes et palestiniennes :”Nous réécrivons le discours palestinien sur les évènements en Palestine depuis la Déclaration Balfour du 2 novembre 1917 jusqu’à l’intifada, tel qu’il est exprimé au sein de la société palestinienne et israélienne, et tel qu’elles le perçoivent aujourd’hui” témoigne Sami Adwan. “Je pense qu’écrire une histoire où chacun essaie de se mettre d’accord dans les deux camps est artificiel. Et ceci par définition puisque nous ne pouvons nous mettre d’accord depuis des décennies !” commente toutefois le journaliste et historien Tom Seguev. Peut- on alors au moins produire une ’nouvelle histoire’ qui fasse faire un pas vers la paix ?

S’il faut bien noter l’intérêt de la démarche plutôt que le produit- il est vrai que l’histoire dans l’ouvrage se résume en une centaine de pages (ce qui réduit grandement les risque de discussion sans issue sur des points de détails historiques), c’est qu’enfin un collège de professeurs israéliens et palestiniens se coordonne, après le blocage de l’année 2000, pour tenter d’afficher une histoire nouvelle, loin de l’historiographie totémique vieille de 50 ans. Parce que Sami Adwan et Dan Bar ont voulu redonner de l’importance à l’histoire familiale, aux interprétations des nouveaux historiens liées à l’expulsion des Palestiniens, mais également côté israélien, aux discriminations et à la mise en évidence de toutes les franges de la société, ils apportent un projet neuf et porteur d’espoirs de paix.

Les initiatives de ce genre ne sont pas nouvelles et remontent au-delà du début de la seconde intifada. Ce n’est effectivement pas la première fois qu’une association se lance dans un projet scolaire commun de réécriture de l’histoire. Notons le cas de la M.E.C.A, qui depuis 1996, d’une voix timide, apprend aux enseignants israéliens et palestiniens à transmettre les idées de tolérance et à préparer la paix dans les esprits des jeunes élèves.

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En Israël, jusqu’en 1999, l’ouvrage institutionnel de l’historien Eyal Naveh, mis en place par Yossi Sarid, ministre de l’Education et Michel Abitbol, conseiller du ministre est novateur. Il le considérait « encore comme le meilleur ». « Parce qu’il reconnaît que les Palestiniens ont été expulsés, et souligne expressément le refus du Yichouv à accueillir les Palestiniens ». Mais l’arrivée du Likoud au gouvernement, après la chute d’Ehud Barak en 2001 voit, avec son nouveau ministre de l’Education Limor Livnat le retrait immédiat de l’ouvrage. Motif invoqué : révisionnisme et post-sionisme sont, encore moins qu’à l’habitude, à l’ordre du jour en temps de guerre.

L’espoir suscité par le développement du manuel utilisé par ces quelques centaines d’élèves, qui témoignent aujourd’hui aux côtés de leurs parents d’un intérêt majeur pour cette histoire revisitée, est grand : d’ailleurs, l’ouvrage a été traduit en Palestine, (mais également en France où il a suscité de nombreux débats à l’école) ; et continue de se propager vers d’autre établissements scolaires. Liana Levi, l’éditeur français du livre en résume l’entreprise : “Cet ouvrage constitue un défi, et nous l’espérons, un pas vers la Paix”. Que ces efforts soient entendus.

(1)Pour plus d’informations, consulter les sites de www.vispo.com/PRIME/ et de la MECA : www.mecaforpeace.org

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