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Parodie législatives : la finale de la Coupe de France de football des politiques

Beaucoup doivent avoir en mémoire le “match de football pour philosophes“, ce canular diffusé dans les années 1970, et mettant aux prises deux équipes de penseurs, l’une représentant ceux d’origine allemande (Kant, Hegel, Marx…), et l’autre composée des plus grands esprits de la Grèce antique (Socrate, Aristote, Archimède…).

Dans le but de poursuivre ce genre unique et humoristique, présentons dans la même verve les formations des deux équipes qui s’affronteront pendant les prochaines semaines pour gagner la bataille des législatives. La première réunit les membres les plus importants du Gouvernement, la seconde ceux du bloc de gauche qui s’est matérialisé dans l’accord qui a fondé la NUPES. Le match qui les oppose serait la finale de la Coupe de France des politiques, compétition se déroulant tous les 5 ans.

L’équipe gouvernementale

Dans la perspective de la grande finale, l’entraîneur Emmanuel Macron, qui avait déjà mené, à la surprise générale, son équipe à une première victoire lors de la précédente édition, dut renouveler son effectif pour faire face à la baisse de régime de quelques-uns des cadors habituels de sa sélection.

Lors du quart de finale contre Les Républicains et de la demi-finale face au Rassemblement national, le gardien Jean-Michel Blanquer avait réalisé des prestations lamentables. Il n’était définitivement pas parvenu à se remettre de son transfert raté en provenance du club d’Ibiza, et fut en conséquence écarté de l’équipe.

Le défenseur Jean-Yves le Drian ne faisait plus, quant à lui, partie des plans de l’entraîneur. Durant les deux dernières saisons, son jeu s’était affadi, alors qu’il fut habituellement si habile pour lui permettre d’anticiper les phases d’attaque adverses (comme lors du tournoi amical organisé à Biarritz en 2019 et réunissant la France, les Etats-Unis et l’Iran). Cette perte de qualité dans son jeu s’était vérifiée pendant la récente défaite contre le Mali, durant laquelle son expulsion à la suite d’une succession de provocations, joua pour beaucoup dans le résultat décevant des hommes de Macron lors de la Coupe du Sahel. De surcroît, il avait été malmené par les dribbles à répétition du meneur Recep Tayyip Erdogan pendant la Coupe de l’Otan, et sous le coup des feintes de frappe du canonnier Vladimir Poutine, unique buteur de la rencontre lors du Russie-France du 7 février dernier, comptant pour le Championnat de la Nouvelle Guerre froide.

Enfin, le rugueux latéral pyrénéen Jean Castex, qui fut pendant près de deux ans de toutes les rencontres malgré sa limite technique, signe de la préférence que lui avait accordée Macron au détriment de l’élégant Edouard Philippe, ne fut pas non plus retenu dans la liste gouvernementale. Son escapade en avion privé à Prades, faisant encore plus jaser que les sorties nocturnes de Ronaldinho du temps de sa splendeur à Barcelone, y fut sans doute pour quelque chose. Dans cette hypothèse, ce scandale de trop empêcha Macron de s’appuyer sur celui qui avait été son représentant le plus fidèle sur le terrain, y relayant auprès de ses coéquipiers toutes les instructions de l’entraîneur.

Pour remplacer ces trois-là, et les autres jugés insuffisamment opérationnels pour participer à la finale, comme Florence Parly, Marlène Schiappa ou Roselyne Bachelot, Emmanuel Macron ne voulut pas intégrer un certain nombre de prétendants assumés à la sélection. Manuel Valls, qui n’avait auparavant pas réussi à décrocher une place de titulaire à Barcelone, ne vit pas sa cote remonter aussi franchement que ce qu’il avait escompté par son retour en France. Robert Ménard avait par ailleurs souffert de sa réputation sulfureuse de mercenaire de clubs, ce qui incita Macron à croire que le milieu de Béziers allait entraîner dans son sillage une discorde croissante au sein de l’équipe.

Sur le plan tactique, le renouvellement partiel des membres de son équipe imposa à Emmanuel Macron d’opter pour une nouvelle organisation. Fini le WM à l’ancienne, il avait fait le choix novateur d’un 4-4-2, même si l’équipe gardait son ossature puisque sept sélectionnés des matches précédents, certains titulaires, d’autres remplaçants, en faisaient partie.

Ainsi, la composition de son équipe fut la suivante :

Dans les buts, le rassurant Pape Ndiaye. Bien que détonnant dans sa manière très iconoclaste de garder sa cage, par exemple en ne sortant jamais de sa ligne lorsqu’un attaquant adverse se présentait seul devant lui, il était considéré comme l’un des meilleurs portiers de France. Il l’avait notamment prouvé à l’occasion de ses prestations remarquables lors de son passage dans l’équipe des Wokistes, avant que celle-ci n’eût décidé de se saborder pour fusionner avec le club de la LFI. De fait, le choix opéré par Macron de l’aligner mit à la porte Blanquer, dont le style, plus classique, voire universel selon le spécialiste Mickaël Landreau, avait la préférence des journalistes malgré sa méforme du moment.

Les ailes de la défense furent dévolues à Elisabeth Borne à gauche, qui hérita du brassard de capitaine du fait de l’éviction de Castex, et à Damien Abad à droite, dont l’arrivée dans l’équipe, conclue à la dernière minute, provoqua l’envoi d’une réclamation à la FFF par Christian Jacob, président de son club d’origine, Les Républicains.

Dans l’axe, on retrouvait, comme d’habitude, la paire qui avait donné entière satisfaction à Macron, Éric Dupond-Moretti à gauche, et Gérald Darmanin à droite, très complémentaires depuis qu’ils avaient été alignés pour la première fois ensemble il y a deux ans dans la défense gouvernementale. Le premier s’acquittait de sa tâche avec une certaine rudesse, n’hésitant pas à se faire justice lui-même quand, à cause de sa lenteur, il se faisait passer par un adversaire. Le second, plus dur encore sur l’homme, avait hérité du surnom de « policier », en reconnaissance de sa propension à faire le ménage dans la surface lors des coups de pied arrêtés.

Le milieu en losange eut pour base Gabriel Attal, trouvaille de l’entraîneur qui profita a plein de la polyvalence de l’ancien arrière-droit. Le novice milieu défensif avait démontré, lors de la récente demi-finale face au Rassemblement national, qu’il pouvait contenir le joueur de classe qu’était Jordan Bardella (15 récupérations de balle, un record !).

Les deux milieux excentrés, de véritables faux ailiers, furent Sébastien Lecornu à droite et Stanislas Guerini à gauche. Alors qu’il était sorti de la réserve inhérente à la préparation qu’adoptaient les joueurs en vue d’une finale, ce dernier n’avait pas pâti, même s’il avait provoqué l’ire de son entraîneur, de l’expression publique de son soutien en faveur d’un ancien coéquipier de club, Jérôme Peyrat, au centre d’un scandale de mœurs.

Pour le rôle de métronome de l’équipe, Emmanuel Macron maintint sa confiance en Olivier Véran. Celui-ci avait l’avantage de bénéficier d’une capacité hors-norme, même après une détresse respiratoire souvent visible sur le terrain à cause de son manque chronique d’endurance, à distiller à tout moment des passes chirurgicales (qu’on se gaussait dans les rédactions sportives à appeler « passes sanitaires », tant elles étaient nettes, sans bavures, propres, ou encore « vaccinales » selon les mots de Pierre Ménès, parce que « vaccinées contre les interventions des défenseurs adverses complètement déboussolés »).

Bruno Le Maire, le buteur de l’équipe, pouvait, comme toujours, compter sur son numéro 10 pour lui administrer des caviars, qu’il n’allait pas hésiter à transformer en buts. Le goleador avait retenu de longue date les leçons apprises lorsqu’il fit ses classes auprès de Dominique de Villepin dans les années 2000, dont le fameux but, mystifiant le gardien américain Colin Powell à New York en finale de l’Onu en 2003, resta dans toutes les mémoires. Prenant une part plus active sous l’influence de Macron, il sut, durant les années précédentes, varier son jeu, en ne restant plus uniquement cantonné à une position de tour de contrôle axiale, et en étirant sa zone de prédilection de l’aile droite à l’aile gauche, et ce, quoiqu’il lui en coûtât en termes de dépenses d’énergie. A cet égard, ses déplacements latéraux faisaient beaucoup penser à la manière de se positionner qu’affectionnait son entraîneur quand il était joueur.

A ses côtés en attaque, Macron avait longtemps hésité, pour remplacer Marlène Schiappa qui souffrait d’une fatigue générale extrême à cause de l’enchaînement des matches lors des cinq dernières années. Entre Amélie de Montchalin et Rima Abdul Malak, le choix, comme il le concéda plus tard, lui avait paru difficile. C’est finalement son adjoint, Alexis Kohler, qui lui conseilla de garder sur le banc Abdul Malak, afin de profiter de sa jeunesse explosive en cours de partie dans le cas où il eût fallu débloquer une situation compliquée.

Composition de l’équipe gouvernementale

 

L’équipe de la NUPES

En face de la formation macronienne réputée pour sa solidarité et sa solidité, pratiquant le catenaccio et la défense en zone comme peu d’autres savaient le faire, se présentait la sélection de la NUPES, fameuse pour son jeu de possession s’appuyant sur une multiplication de passes courtes et rapides dans le cadre de son 4-3-3.

A la différence de son alter-ego gouvernemental, Jean-Luc Mélenchon, l’entraîneur du bloc de gauche, un des surnoms de l’équipe, disposait d’un large choix pour établir sa formation. Mais, le nombre de places étant limité, il fut forcé à faire des sacrifices, poussant vers la touche un grand nombre de gros calibres.

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La tâche n’était pas aisée, d’autant qu’il décida, se sentant toujours en forme, de participer lui-même à la rencontre, sur le modèle des grands entraîneurs-joueurs qu’avaient été en leur temps Robert Herbin et Luis Fernandez. A la question de savoir pourquoi il n’avait pas souhaité laisser le relais à un des joueurs composant le riche vivier qu’il avait à sa disposition, il répondit, lors d’une conférence de presse restée célèbre ensuite dans l’histoire du football national, que « l’équipe, c’est moi ! ».

Il est vrai que lors de toutes les confrontations aux tours précédents, il fit des merveilles dans l’entrejeu, notamment contre les Reconquêtistes en demi-finales. Malgré le continuel travail de sape des chiens de garde Éric Zemmour et Éric Naulleau, qu’on surnommait les « frères D’Éric », et qui étaient chargés dans ce match de le suivre dans ses moindres déplacements, y compris par la multiplication de fautes grossières, Jean-Luc Mélenchon avait déstabilisé l’équipe d’extrême-droite par ses incessants rushs, servis par un toucher de balle parfait aux bifurcations explosives et inattendues.

Taha Bouhafs, suspendu pour au minimum une saison, ne pouvait plus être appelé pour une éventuelle participation à la finale. Alors même qu’il avait inscrit un hat-trick lors du quart de finale contre EELV, il fut expulsé après avoir traité Yannick Jadot de « Français de service »,à la suite d’une altercation en toute fin de match sous les yeux de l’arbitre. Selon ses dires, il n’avait fait que répondre à une première insulte du capitaine d’EELV, le traitant d’« Arabe de service ».

Du fait de la complicité qui était née sur le terrain entre Taha Bouhafs et Sandrine Rousseau, Jean-Luc Mélenchon en avait conclu que cette dernière n’était plus utile. Il la renvoya donc de la sélection. Au moins, cette double absence amenuisa le casse-tête qui était le sien.

D’autres joueurs ne devaient pas se voir confier des responsabilités dans la NUPES. Houria Bouteldja, dont l’équipe des Indigénistes avait, sur le modèle des Wokistes, décidé de se joindre à celle de la LFI, n’entra à aucun moment dans les plans de Mélenchon, qui la jugeait trop agressive et pas assez technique. Danièle Obono avait, elle, été défaite dans la rivalité qui l’opposa à Rokhaya Diallo pour occuper l’aile droite de l’attaque. Elle se révéla incapable de se relever de la souffrance qu’elle avait ressentie, en 2020, à la suite de la publication des caricatures de l’Equipe la dépeignant enchaînée aux poteaux de buts, accompagnées d’un entrefilet la désignant comme « esclave de ses valeurs actuelles, qui sont tout sauf altruistes, et qui l’amènent à oublier ses coéquipiers pour marquer ».

Si bien que la composition de la NUPES fut la suivante :

Olivier Faure, jusque-là deuxième gardien, profita de la blessure de Manuel Bompard. D’aucuns affirmèrent par la suite qu’il s’était agi d’une blessure diplomatique, Bompard ne supportant pas la sévérité de la suspension décidée par la FFF contre Bouhafs.

Fabien Roussel, en tant que latéral droit, fut aligné en l’absence de Rousseau. Pendant le quart de finale perdu face au Rassemblement national, il s’était distingué, malgré la défaite de son ancien club, le PC, par ses impérieuses interventions face au remuant David Rachline, interdisant à son vis-à-vis de le déborder sur la droite.

De l’autre côté de la défense, l’incontestée Manon Aubry garda la confiance de l’entraîneur. Depuis sa première apparition lors d’un match amical contre l’équipe gouvernementale à Strasbourg, au cours de laquelle ses débordements, à quelques centimètres d’un Macron médusé sur le banc, avait impressionné l’Europe entière, elle n’avait plus perdu sa place de titulaire.

Dans l’axe, Alexis Corbière et Raquel Guarrido  durent se partager le fardeau de contenir les assauts du dangereux Bruno Le Maire. Il n’était pas à douter que le premier allait se servir de sa hargne d’hyène, qu’il démontrait à chaque sortie sur l’exemple de son modèle, Carlès  Puyol. En tout état de cause, son explosivité masquait la lenteur de Guarrido, qui ne dut sa présence qu’au manque de concurrence dans le secteur défensif.

Le milieu à trois eut sa base sur Adrien Quatennens, dont la sobriété dans le jeu, jamais à plus de deux touches de balle, rassurait le reste de l’équipe dans les phases de relance, contrairement au fantasque Éric Piolle, véritable feu follet du football, incapable de s’intégrer à un collectif.

Avec Mélenchon, l’animation offensive de l’entrejeu nupesien allait être prise en charge par Clémentine Autain. La finesse technique de cette dernière, la complicité qu’elle avait nouée avec Mélenchon et Quatennens, ainsi que la liberté totale dont elle jouissait sur le terrain, étaient les principales armes de cette joueuse émancipée des tâches défensives.

Enfin, devant, l’axe était occupé par le grand Aymeric Caron, habile face au but. Dans un tout autre registre du fait de sa sensibilité politique, une rareté dans son milieu, il était féru du « permis de jouer », que les instances dirigeantes devaient, selon lui, délivrer ou refuser aux joueurs, en fonction de leur maîtrise de plusieurs schémas tactiques. L’objectif de cette disposition était, d’après Caron, de rendre le football moins aseptisé, afin qu’il se rapprochât, en termes d’intensité, de ce qu’il fut avant l’introduction de l’arrêt Bosman et l’uniformisation du jeu qui en avait progressivement résulté.

Il était entouré, à gauche, de François Ruffin, qui promit, à la grande joie des supporters nupesiens, de faire « la fête à Macron », et à droite, de Rokhaya Diallo, dont les centres au cordeau, redoutables, avaient été récompensés dans les « Y’a bon football Awards », en tant que« geste technique à apprendre dans toutes les écoles de foot du pays ».

Composition de l’équipe de la NUPES

 

La tension avant-coureur de la finale

De l’avis de tous les observateurs, la finale allait donner lieu à une opposition de style alléchante. Par conséquent, la tension et l’attente impatiente ne firent que s’intensifier dans les derniers instants qui précédèrent la rencontre.

Thierry Roland, le commentateur vedette de TF1, laquelle organisa une session spéciale de plus de 6 heures consacrée à la finale, qualifia l’événement d’historique. Il ajouta qu’il avait lui-même le traque, à l’unisson avec ses téléspectateurs qu’il s’évertuait à mettre en haleine dans la perspective d’un spectacle à venir hors du commun.

Les deux équipes firent leur entrée commune dans l’arène, faisant encore plus monter l’ambiance dans les travées du stade. Après les traditionnels hymnes politiques, les deux capitaines, s’échangeant les fanions de leur équipe, eurent une poignée de main plus que chaleureuse, montrant ainsi le fairplay et le respect que chaque sélection voulait réserver à l’autre.

L’arbitre, Mme Marine Le Pen, assistée de ses deux assesseurs, MM. Laurent Fabius et Cyril Hanouna, donna ses dernières consignes, puis procéda au tirage au sort. C’est à l’équipe nupesienne qu’allait échoir l’honneur de donner le coup d’envoi. Caron allait ainsi être le premier des joueurs à toucher le ballon dans cette finale…

Adel Taamalli

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