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Ouh Jérusalem !! Quand Chouraqui tire un trait sur 20 ans de recherches historiques en Israël

Elie Chouraqui a mis en scène une “comédie musicale” sur le Proche-Orient. Il s’est inspiré d’un roman pour tirer un film raté, brouillon. Ses dix commandements peuvent se résumer aujourd’hui en un seul : “Oh Jérusalem”, tu n’iras pas voir !

Oh Jérusalem était attendu comme le messie. S’attaquer à un “monument” de la littérature, comme l’affirmait récemment un national gratuit, devait relever de la gageure. La belle ouvrage n’aura pas lieu.

Tout d’abord parce que le livre de Dominique Lapierre et Larry Collins se révèle, on le sait, un roman dans tous les sens du terme. Et surtout, parce qu’Elie Chouraqui, pris dans son objet, monte davantage une comédie musicale sur le conflit au Proche-Orient, qu’un véritable film historique. Cette histoire filmée donc, dont l’affiche sépia, augurait assez bien du produit à venir, n’est qu’une vaste caricature d’un combat d’une poignée d’hommes pleins de bons sentiments contre une autre.

Bobby et Saïd sont amis. Mais ils sont pour l’un juif, pour l’autre arabe. Le vote du plan de partage le 29 novembre 1947, va compliquer leur amitié. Car finalement le fil conducteur de cette trame, cette relation humaine profonde entre deux hommes, est au service d’une histoire de 50 ans. Nous ne rentrerons pas dans les détails, mais Chouraqui n’aurait-il pas pu s’entourer de quelques historiens afin de mettre à jour un livre qui a plus de 35 ans ?

Pour preuve, le réalisateur commet un nombre de bourdes incroyables : il relève, suite à l’attaque des villages de Castel et Deir Yassine, l’importance des appels à la radio arabe à fuir le pays. On sait aujourd’hui, selon les enregistrements précieux de la BBC, qu’il n’y eut jamais d’appel massif de la part du grand mufti ou des pays arabes à quitter les terres palestiniennes.

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On sait aussi, contrairement à ce qui est écrit dans les derniers plans du film, que les “750 000” palestiniens qui se sont “enfuis” lors du premier conflit israélo-arabe, ne l’ont pas fait de gaieté de coeur, mais y ont été poussés par la violence des exactions des milices juives, notamment Stern et Lehi. Reconnaissons à Chouraqui, une qualité : ne pas se mouiller avec le Lehi et le Stern (le chef de la brigade Golan n’a pas l’air commode, vraiment…), dans une société aujourd’hui où les extrémistes sont malheureusement à la mode.

Sur le plan de la réalisation, tout ressemble à une sombre caricature d’un jeu de soldats. Pour preuve, la dizaine de combattants juifs retranchés à la veille du cessez-le-feu le 11 juin 1948, et qui passaient presque pour une poignée de zélotes luttant contre l’envahisseur romain. Ou encore la bataille de Qastel, avec le village réduit à son avant-poste ridicule et misérable, sur la route entre Tel-Aviv et Jérusalem.

Les personnages qui jouent David Ben Gourion et Golda Meir ne sont pas moins « clichesques ». Entre la petite larme de Golda Meir, la petite taille de Ben Gourion qui monte sur un tabouret pour observer une carte, et cette insupportable musique d’ascenseur qui nourrit les moments les plus tragiques du film, il est difficile de résister à ces 2h et quelques de bande animée.

Pour finir, je conseillerai modestement à Elie Chouraqui de lire attentivement pour son prochain film, la suite ( ?), les ouvrages de Benny Morris, Ilan Pappé, Avi Shlaïm, Tom Segev, Idith Zertal, Zeev Sternhell, et tant d’autres, qui lui permettront peut- être de sortir de l’ornière, un film qui aurait pu se révéler un formidable outil pédagogique, s’il n’avait pas en plus du reste, un parti pris résolument sionisto-sioniste. Les nouveaux historiens ont un rôle à jouer dans ce type de travail de mémoire.

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