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Nicolas Sarkozy à Alger, un rude apprentissage de la causticité algérienne

Après un tour de chauffe en juillet dernier, son premier déplacement hors Europe, Nicolas Sarkozy parait prendre devoir faire le rude apprentissage de la causticité de ses interlocuteurs algériens, à l’occasion du voyage officiel qu’il fera du 3 au 5 décembre en Algérie.

Au delà des propos de circonstance sur la nécessaire refondation des relations franco-algériennes, une incantation rituelle depuis vingt ans, le nouveau président français devrait aussi prendre la mesure des rancoeurs suscitées par sa désinvolture à l’égard de la communauté musulmane en France et l’Islam en général, quand bien même il a été un des artisans majeurs de la promotion au sein de son gouvernement des « minorités visibles » (citoyens français d’origine arabe ou noire, de confession musulmanes), quand bien même il aura été l’initiateur de la création du Conseil du culte musulman de France, l’interlocuteur des pouvoirs publics pour les affaires musulmanes.

Nicolas Sarkozy est, avec son prédécesseur, Jacques Chirac (les bruits et les odeurs), et l’ancien premier ministre italien Silvio Berlusconi (supériorité de la civilisation chrétienne sur la musulmane), les trois seuls dirigeants occidentaux à avoir ouvertement tenu des propos à tonalité raciste à l’égard des Arabes et des Musulmans.

Son refus de la repentance à propos du passif colonial de la France, doublé des propos désobligeants tant en France qu’au sein des instances européennes -des moutons égorgés dans les baignoires, à la crainte de l’invasion musulmane de l’Europe par des immigrés son assimilables-, de même que le forcing déployé depuis Paris pour favoriser la venue en Algérie du chanteur originaire de Constantine Enrico Macias, réputé pour ses positions proisraéliennes, lui ont valu une volée de bois vert de la part des dirigeants algériens l’accusant d’être l’otage du lobby juif.

Procédé inhabituel dans les annales diplomatiques internationales, ces déclarations corrosives de membres du gouvernement algérien sont intervenues à quelques jours de la visite en Algérie de M. Sarkozy. Bien que désavouées par le président Abdelaziz Bouteflika, elles n’en n’ont pas moins été interprétées comme un coup de semonce déguisé à l’égard d’un homme soupçonné d’avoir opéré un retournement complet de la diplomatie française en faveur des thèses atlantistes et proisraéliennes.

Premier partenaire commercial de l’Algérie, la France voit sa position grignotée régulièrement, tant par les Américains que par les nouveaux venus sur la scène arabe et africaine, la Chine notamment. Son virage diplomatique, jugé à contretemps après les déboires américains en Afghanistan et en Irak, ne parait pas devoir inverser la tendance.

En trois ans, l’Algérie, qui dispose de réserves de l’ordre de 100 milliards de dollars, a conclu une série de grands contrats, laissant à la France la portion congrue : 13 milliards pour l’autoroute est-ouest remporté par la Chine et le Japon, 10 milliards pour les chemins de fer (Turquie-Chine) et 20 milliards dans l’immobilier de luxe et le tourisme qui sont allés aux pétromonarchies arabes du Golfe.

Quant aux Américains, ils ont raflé le marché des hydrocarbures, en association avec les Chinois, à l’exception d’un complexe de vapocraquage d’éthane à Arzew, attribué à Total pour trois milliards de dollars.

Un grand marché aiguise l’appétit des entreprises françaises et son acquisition pourrait les consoler de leur éviction des grands contrats passés. L’édification d’une nouvelle ligne Morice aux frontières de l’Algérie.

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Cinq groupes internationaux sont en compétition pour ce marché de 500 millions d’euros qui devrait être attribué en 2008 : le groupement français Thales-CS Communication & Systemes, l’allemand EADS, le groupement espagnol Indra-Alcatel Espagne, le groupe italien Selex et l’américain Raytheon.

L’Algérie entend déployer un système de protection électronique sophistiqué sur l’ensemble de ses frontières terrestres et maritimes en vue de se protéger contre des incursions terroristes et anticiper d’éventuels conflits dans la région.

Au-delà de sa rivalité traditionnelle avec le Maroc, l’Algérie est en butte à l’hostilité de la Libye, le nouvel enfant chéri de l’Occident, que le Président Français s’apprête à accueillir en visite officielle dans la foulée de son séjour en Algérie.

Une sourde tension oppose en effet l’Algérie et la Libye à la suite des nouvelles découvertes minières, notamment de l’Uranium, dans la région frontalière algéro-libyenne.

Tripoli qui cherche à jouer un nouveau rôle en Afrique aux cotés de la France notamment dans la zone soudano-tchadienne du Darfour, réclamerait une nouvelle délimitation des frontières. Nicolas Sarkozy, affligé du désastreux épilogue de l’affaire de « l’Arche de Zoe », présentée comme une opération d’ingérence humanitaire en faveur de faux enfants du Darfour, parait devoir en ce mois de décembre 2007 se livrer à un difficile exercice d’équilibrisme diplomatique pour tenter de conserver son partenaire algérien, un des acteurs majeurs du Monde arabe et africain, et sa nouvelle amitié avec le trublion politique arabe, le colonel Kadhafi, porteur de promesse de fabuleux marchés lucratifs, notamment pour le nouvel avion de combat français « Le Rafale » jusque là invendu dans le Monde.

Difficile exercice d’équilibrisme diplomatique entre son atlantisme avéré et son projet d’union méditerranéenne, entre son amitié tonitruante pour Israël et sa conquête des marchés arabes.

http://renenaba.blog.fr

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