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Netflix présente Abubakr Ali, le premier héros arabe musulman d’une série adaptée d’une célèbre BD

Il y a 21 ans de cela, lorsqu’il foula pour la première fois le sol de la bannière étoilée, découvrant le Nouveau Monde avec ses yeux d’enfant grand écarquillés, le petit Abubakr Ali ignorait sur quel horizon se lèverait l’aube de l’an 2000…

Du haut de ses dix ans, transporté dans un univers inconnu, aux antipodes de son Egypte natale, il ne pouvait pas imaginer, pas plus que ses parents, qu’un an après son arrivée en Amérique, les attentats du 11 septembre assombriraient pour longtemps sa ligne d’horizon. La lueur d’espoir qui y brillait, celle d’un avenir meilleur, devint subitement pâle et vacillante, sous l’effet de l’exacerbation de la haine envers l’islam et les musulmans.

A l’adolescence, c’est en montant sur scène que le jeune Abubakr Ali trouva une échappatoire à l’islamophobie galopante, qui poursuivait sa course folle à travers tout le pays, et en se frottant à de grands textes classiques, intemporels, qu’il apporta, dans la langue de Shakespeare, sa plus belle réponse aux artisans de la division et de la peur.

Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Contre vents et marées, le comédien en herbe s’est mué en un acteur confirmé, aussi à l’aise sur les planches que sur un plateau de cinéma, au point de réaliser le fameux rêve américain dont il pensait, au fond de lui, qu’il tenait plus du mythe que de la réalité.

A 30 ans, Abubakr Ali peut, en effet, se targuer d’entrer dans l’histoire d’Hollywood, en tant que premier interprète musulman, d’origine arabe, à prêter ses traits au personnage principal d’une série adaptée d’une bande dessinée américaine. Il s’agit de la célèbre BD « Grendel », créée par Matt Wagner en 1982, qui emprunte aussi bien aux aventures de super-héros qu’à la politique-fiction, ainsi que l’a annoncé la direction de Netflix.

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Très enthousiaste à la perspective de se glisser dans la peau de Grendel, un justicier cherchant à venger la mort de son ancien amour, en combattant la pègre de New York, Abubakr Ali, qui redoutait d’être cantonné à l’éternel rôle du méchant musulman, la mine patibulaire et le couteau entre les dents, mesure la chance qu’il a de se voir offrir une opportunité aussi inespérée.

« J’ai toujours pensé que je ne pourrais rien jouer d’autre qu’un redoutable terroriste, ou alors le bon musulman docile, toujours souriant, qui fait tout pour s’intégrer au monde occidental. Aussi, un tel rôle d’anti-héros, beau et complexe à la fois, est une opportunité en or pour moi ! », s’est-il exclamé sur CNN.

Heureux de pouvoir exprimer une large palette d’émotions à l’écran, Abubakr Ali se dit « très reconnaissant et honoré » par les belles marques de soutien que lui témoignent, sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes américains, et particulièrement ses coreligionnaires. « Depuis que Netflix a révélé que le rôle de Grendel m’avait été confié, je reçois des messages de félicitations et d’encouragement toutes les cinq minutes, de la part de membres de ma communauté, dont certains ont subi de plein fouet des discriminations au sein de l’industrie cinématographique. Cela me touche profondément », a-t-il ajouté, les yeux brillants.

Bien qu’il ait le vent en poupe, Abubakr Ali garde la tête froide. Loin de se laisser griser par le tourbillon du succès, il n’oublie pas que les stéréotypes anti-arabes et anti-musulmans ont la vie dure, aussi bien devant que derrière la caméra, d’autant plus que certains requins du septième art prennent un malin plaisir à les raviver à dessein.

« On me demande toujours si j’envisage de changer de nom pour faire plus américain, et je réponds toujours Non ! », a-t-il confié sur un ton indigné. « Comment peut-on me demander ça ? Mes parents se sont sacrifiés toute leur vie pour leurs enfants. Comment pourrais-je renier mes racines, mon nom, tout ce qui fait mon identité ?», interroge-t-il en guise de conclusion, pleinement conscient que les sentiers de la gloire hollywoodiens sont pavés de cruelles désillusions.

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