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Des musulmanes s’affirment et affirment leur islamité dans l’Amérique de Trump

La stratégie de diabolisation des musulmans élaborée par le populiste Donald Trump n’a pas seulement libéré la parole raciste, elle a aussi, et plus étonnamment, désinhibé la parole de femmes américaines musulmanes qui s’autorisent, désormais, à s’affirmer et à affirmer au grand jour leur islamité, sans craindre de s’attirer les foudres d’une certaine Amérique islamophobe et xénophobe.
Comme libérées de leurs peurs paralysantes, l’accession de Trump au pouvoir a produit sur Maysoon Khatib (photo ci-dessus), 44 ans, et Iman Abid (photo ci-dessous), 25 ans, pour ne citer que ces deux citoyennes qui ont refusé de se laisser bâillonner sans réagir, l’exact effet inverse de celui recherché en haut lieu.
Professeure de littérature anglaise à l’Université d’Etat de Murray, dans le Kentucky, Maysoon Khatib, qui a grandi sous les cieux ensoleillés de la Californie du Sud, au milieu d’un creuset de cultures et de religions, ne s’est jamais autant sentie musulmane que depuis qu’elle a migré, en famille, vers une bourgade de 18 000 âmes, en plein cœur de l’Amérique profonde.
Dans cette ancienne terre démocrate, frappée de plein fouet par la crise, qui attend des miracles du nabab new-yorkais de l’immobilier devenu roi, cette enseignante que certains étudiants aiment provoquer en arborant, à chacun de ses cours, des t-shirts à l’effigie du nouveau président des Etats-Unis, n’est plus en proie à la vive inquiétude qui l’habitait avant l’élection présidentielle.
Disparue l’angoisse qui était montée crescendo, au fur et à mesure que le candidat Trump sillonnait le pays en exacerbant la haine de l’islam ! Maysoon Khatib, qui troque volontiers sa casquette de pédagogue passionnée pour celle de rédactrice en chef engagée du site MuslimGirl.com, est soulagée d’un poids, comme elle l’a confié au micro de CBS News.
« Quand la victoire de Donald Trump a été annoncée, j’ai ressenti un violent serrement au cœur. Et puis, il y a eu l’impressionnante Marche des femmes à Washington, le 21 janvier, et j’ai pu constater avec une immense émotion que nombre de mes concitoyens, femmes et hommes, de toutes origines et religions, étaient eux aussi entrés en résistance contre le pouvoir en place », a déclaré la co-fondatrice d’un site dédié à ses coreligionnaires, dont la vocation première est de favoriser leur autonomisation et ascension au sein de la société américaine.
« Parfois, je suis démangée par l’envie d’écrire une lettre à Trump afin de le remercier de nous avoir poussés à nous unir contre lui et ce qu’il représente, par-delà nos différences. Peut-être avions-nous besoin de ce changement pour nous inciter à lutter tous ensemble, à résister », a-t-elle ajouté.

A Rochester, dans l’Etat de New York, Iman Abid, la figure de proue locale de l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), s’investit sans compter auprès des réfugiés, et même avec une détermination renforcée depuis que le décret anti-immigration signé par le nouvel homme fort de Washington a révélé une islamophobie institutionnalisée implacable.
En dépit de ce climat hautement délétère, sa volonté de revendiquer son islamité n’a jamais été aussi forte et la fierté de ses racines moyen-orientales aussi grande.
« Beaucoup de gens ont des préjugés sur les musulmans. Quand je dis que je suis musulmane, la plupart de mes compatriotes sont surpris que je ne porte pas le hijab. J’en profite pour amorcer un dialogue », a-t-elle expliqué sur CBS News.
«  Il est essentiel de montrer que la communauté musulmane américaine n’est pas un bloc monolithique, que l’on peut être musulmane sans porter le voile. Je m’efforce de changer les regards et pour ce faire, je refuse que l’on confisque ma parole. Les femmes musulmanes, dans la diversité de leurs composantes, ne devraient pas permettre que le président Trump parle à leur place, en leur nom », a-t-elle insisté, tout en appelant instamment ses coreligionnaires à se fédérer et à se réapproprier leur parole volée par un démagogue de la pire espèce.
« Nous devons prouver que nous existons en tant que groupe », exhorte Iman Abid, plus libre et combative que jamais, depuis que son angoisse face à l’avenir, dans une Amérique passée sous pavillon nationaliste et suprématiste blanc, s’est évanouie comme par enchantement… C’est l’effet extraordinairement salutaire de l’effet Trump ravageur !

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