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Mort de René Vautier, réalisateur combattant et anti-colonial

Armes à la main à tout juste 15 ans, il s’illustra dans la France maquisarde de la deuxième guerre mondiale, avant, quelques années plus tard, d’entamer un autre combat, caméra au poing, contre l’Algérie française, René Vautier, ce résistant dans l’âme et cinéaste engagé, qui fut décoré de la Croix de Guerre à 16 ans et cité à l’Ordre de la Nation par le général de Gaulle pour faits de Résistance en 1944, s’est éteint le 4 janvier, au crépuscule de ses 86 ans, dans sa Bretagne natale.

Si le clap de fin est tombé sur sa vie bien remplie et périlleuse, mise au service de toutes les causes de la gauche militante et défiant la censure et ses châtiments qui entravèrent sa route, ce fils d’ouvrier, né en 1928 dans le Finistère, qui adhéra au parti communiste au sortir de la guerre et sortit diplômé de l’Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (IDHEC) en 1948, laisse en héritage une œuvre cinématographique toute entière vouée à témoigner de la réalité peu glorieuse du colonialisme, quand il lui était commandé d’embellir la face sombre de la France.

Ainsi, en 1950, dans son premier film « Afrique 50 », ce chasseur d’images, épris de justice, téméraire et rebelle, qui prit de nouveau le chemin du maquis en Algérie aux côtés du FLN, détourna son objectif de la valorisation de la mission éducative de la France dans ses colonies qui lui avait été confiée par la Ligue d’enseignement, pour zoomer sur une réalité inavouable et hors champ, faite de travail forcé et de violences exercées par les autorités coloniales sur les populations entre la Côte d’ivoire et le Mali.

La sanction tombera comme un couperet sur l'auteur du premier film anticolonialiste français, pur chef-d’œuvre du cinéma engagé : son film sera interdit pendant plus de quarante ans et lui vaudra 13 inculpations, dont une condamnation à un an de prison exécutée dans les prisons militaires.

Contraint à l’exil jusqu’en 1966 pour avoir commis deux autres documentaires qui s’attirèrent les foudres des autorités françaises, « Une nation, l'Algérie », et « L'Algérie en flammes », René Vautier, qui vérifia tout au long de son existence la cruelle vérité de l’adage « nul n’est prophète en son pays », rejoignit en 1967 le groupe Medvedkine formé à Besançon autour de Chris Marker. Cette coopérative destinée à donner une image cinématographique des luttes ouvrières l’inspira fortement, au point de l’inciter à revenir aux sources, en Bretagne, dont il ne cessa de plaider pour l’autonomie, où il fonda l'Unité de production cinématographique de Bretagne. 

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En 1972, il passa de l’ombre à la lumière, à la faveur de la présentation à Cannes, dans le cadre de la Semaine de la critique, de son film « Avoir vingt ans dans les Aurès », dans lequel il mettait en scène la désertion d’un soldat français en Algérie après avoir refusé l’exécution sommaire d’un prisonnier algérien.

René Vautier n’est plus, mais la force de son témoignage restera à jamais gravée sur la pellicule, à l’image de ce document rare où le réalisateur-scénariste entré en résistance contre les crimes du colonialisme en Algérie évoque ses heures funestes.

Voir ci-dessous sur OummaTV le documentaire:  "Qui sont les barbares?"


 
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