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Mohamed Sifaoui refuse de participer à Arrêt sur images

Il fallait s’y attendre, au fond… qu’aurait-il pu venir défendre lors d’une émission dont l’objectif était d’analyser son reportage séquence après séquence. Mohamed Sifaoui a finalement décliné l’invitation.

Vendredi 3 décembre, une journaliste d’Arrêt sur images prend contact avec Mohamed Sifaoui pour l’inviter à participer à l’émission. Il donne uniquement un « oui » de principe parce que, dit-il, il doit encore en parler à son avocat. La journaliste prend contact avec moi et j’accepte l’invitation : nous passons près d’une heure à parler du reportage et j’expose un à un mes griefs. Contacté lundi, Mohamed Sifaoui affirme qu’après avoir consulté ses « amis » (son avocat ?), il renonce à participer à l’émission : il ne sera donc pas possible d’étudier, face à face, le résultat du reportage à charge qu’il m’a consacré.

Outre le fait que la qualité du reportage est discutable, ce qui est proprement sidérant c’est la méthode utilisée et qui a été acceptée et même avalisée par Envoyé Spécial. Interviews orientées, séquences coupées, mensonges caractérisés (tout ce qui concerne la pièce Mahomet de Voltaire et son non-financement est faux et le maire de Genève a déjà publiquement affirmé que je n’avais rien à voir dans cette affaire) , présentations d’informations datées et officiellement infirmées (sur les liens avec les terrorisme : les services de renseignement suisses et français ont, après enquête, affirmé que ces allégations étaient sans fondement et ce il y a plus d’une année déjà). Sans compter les citations tronquées et la mise en image avec la récurrence de cette photo en noir et blanc accompagnée d’un texte en arabe rappelant insidieusement les missives qui viennent des groupes terroristes.

Lors de l’émission de Europe 1 (jeudi 2 décembre à 11h00, avant la diffusion du reportage), Mohamed Sifaoui s’était découvert : M. Daniel Monnat, le journaliste de la Télévision Suisse Romande, a relevé qu’il jouait sur les mots et ne disait pas la vérité. Mme Joly, d’Envoyé Spécial, a osé affirmer que le reportage avait pour souci la recherche de la vérité. Sur les raisons qui ont poussé M.Mohamed Sifaoui à me demander par email, le 17 novembre dernier, de participer à l’émission, les versions ne concordaient pas : M. Sifaoui affirma qu’il voulait, jusqu’au dernier moment, m’intégrer à son reportage alors que Mme Joly expliqua qu’elle lui avait demandé d’écrire cette demande pour avoir une trace écrite de mon refus (en fait, pour se couvrir juridiquement le cas échéant). La défense de ce reportage, présentée sur Europe 1 ce jeudi 2 décembre, était pitoyable et l’on n’a pas été déçu du résultat non moins pitoyable offert au public le soir.

Comment M.Sifaoui aurait-il pu défendre son reportage : face à l’analyse des procédés et à la critique serrée des thèses présentées, il n’aurait bien sûr pas pu apporter beaucoup d’éléments pour sa défense. Il s’est dérobé comme Caroline Fourest il y a quelques semaines. Nous avons affaire à de grands journalistes toujours prêts à défendre leur travail quand aucun contradicteur ne se trouve en face d’eux. C’est cela le plus grave au fond : une chaîne du service public qui offre des tribunes libres à de piètres journalistes, faussement « neutres » et « objectifs », pour répandre leurs mensonges. On ne dira jamais assez la responsabilité majeure de ces chaînes dans la diffusion des représentations les plus caricaturales et les plus dangereuses de l’islam, de l’autre… de ce concitoyen musulman que l’on finit par ne jamais croire digne de notre confiance. C’est cette confiance mutuelle et nécessaire entre les Français que ces chaînes détruisent par des reportages de cette nature : il faudra bien, un jour, que certains journalistes regardent leurs responsabilités en face.

Tariq Ramadan

 

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Vers la justice : être de toutes les résistances

On n’est pas uniquement « juste » à l’égard d’autrui… seul, face à ses miroirs et à sa conscience, la question de la justice est première, incontournable, essentielle. La justice, quant à son cœur et à sa conscience, c’est chercher à trouver la voie de l’équilibre, de l’harmonie, de la maîtrise de soi, de ses émotions, de ses excès. La « parole juste » est le reflet de cette lutte, noble, permanente, continuée, de l’être humain avec son intimité, sa pensée et ses espoirs. Rien n’est acquis, jamais… et pour les croyants, le travail de proximité est une condition. Comme l’amour d’ailleurs : chercher la justice, pour Son amour, permet de dépasser la justice par amour. L’excellence, al-ihsân, est l’horizon de cette quête.

Il faut aussi ne jamais oublier la société des hommes… La parole de justice exige de se battre pour protéger la liberté de l’exprimer. Les femmes et les hommes de conscience, les citoyens des démocraties doivent s’engager, ensemble, à défendre la liberté d’expression en même temps qu’ils expriment le refus absolu de toutes formes de discrimination et de racisme. Cette réflexion nous devons la mener ensemble hors des ghettos que l’on cherche à imposer à des citoyens qu’on ne cesse de vouloir marginaliser, ghettoïser, communautariser… enfermer. C’est de cela dont nous devons parler, c’est de cela dont nous essayerons de parler en offrant largement la parole au public.

samedi 11 décembre 2004 de 13h30 à 18h

Cette rencontre se déroulera en deux parties :

  • Première partie : “Une Parole de Justice” par Tariq Ramadan
  • Deuxième partie : “S’engager pour la libre expression et lutter contre toutes les formes de discrimination” par Tariq Ramadan et Vincent Geisser au 144 boulevard Wilson 93200 Saint Denis

Salle Scandinavie

( RER B et D arrêt Stade de France ou Lignes 153, 302 arrêt Église de La Plaine )

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