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Marks & Spencer dans la tourmente depuis qu’une salariée a refusé d’encaisser de l’alcool

Business et religion font-ils bon ménage ? Telle est la question sensible, devenue source d'une controverse passionnelle, qui agite en pleine trêve des confiseurs l'autre côté de la Manche, faisant violemment tanguer la célèbre enseigne de la Couronne britannique, Marks & Spencer…

Le fleuron emblématique de la distribution made in Britain traverse en effet, depuis quelques jours, une zone de fortes turbulences qui ébranle ses fondations et met à mal sa politique sociale, depuis qu’une employée musulmane, sincèrement navrée, a refusé d’encaisser la bouteille de champagne qu’un client lui tendait.

Il n’en fallait pas plus pour provoquer l’ire du consommateur en question, qui, furieux, n’a pas frappé à n’importe quelle porte pour se faire entendre… C’est au journal conservateur le Sunday Telegraph que ce dernier a offert la primeur de sa mésaventure, en omettant de préciser que la salariée de Marks & Spencer, redoublant de politesse, lui avait proposé de patienter quelques instants afin qu’un de ses collègues vienne le servir.

Faisant les manchettes de l’hebdomadaire dominical, sous le titre très accrocheur "Les musulmans de Marks  & Spencer peuventrefuserdevendre de l'alcool", ce qui n’était qu’un simple incident dans un supermarché, par ailleurs vite résolu, a été monté en épingle en affaire d’ampleur nationale, la direction de Marks & Spencer se retrouvant sur la plus inconfortable des sellettes.

Fondée en 1884, l’entreprise Marks & Spencer a conservé une réputation paternaliste, alliant politique sociale et mécénat haut de gamme, dont on lui fait grief aujourd’hui, la polémique enflant sur un Net enflammé, où la compatibilité entre les affaires et les croyances religieuses dans une société plurielle, prônée par l’enseigne, est éreintée.

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Devant cette houle d’indignations qui gronde sur la Toile, appelant à passer à l’offensive sous la forme d’un boycott général de ses magasins, le géant de la distribution a dû briser le silence pour se livrer au délicat exercice de la justification, reconnaissant humblement, lundi 23 décembre, qu’ "offrir une fonction appropriée à ses employés", dont la religion interdit de toucher des bouteilles d’alcool ou de la viande de porc, est gravé noir sur blanc dans sa charte des valeurs.

Une porte-parole du groupe a expliqué que la politique de la chaîne "depuis des années" aspirait en effet à intégrer des employés dont la religion interdit de toucher à certaines boissons et aliments comme du porc, en les affectant par exemple "au rayon vêtements" ou "à la boulangerie". Mais alors que la célèbre enseigne de la Couronne britannique est en plein tangage, ses arguments ont fait un flop magistral, les fins observateurs de l’économie jugeant la polémique très préjudiciable pour sa côte en bourse, tandis qu’une spécialiste de la loi musulmane, Khola Hassan, ne fut pas la bouée de sauvetage espérée, estimant que l'affectation des croyants au rayon vêtements ou à la boulangerie était d'un "ridicule achevé".

Dans ce concert de critiques univoques et bruyantes, Marks & Spencer, en proie à la plus grande inquiétude pour son chiffre d'affaires, a néanmoins entendu des voix dissonantes s’élever pour soutenir son action, notamment celles de ses concurrents dans les produits de base, tels que Morrisson, Asda ou Tesco.

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