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“MARIE N’EST PAS COUPABLE !”

Marie L. doit comparaître ce 26 juillet devant le tribunal correctionnel de Cergy-Pontoise. Elle est accusée de “dénonciation de délit imaginaire”. Elle risque 6 mois de prison ferme et 7500 euros d’amende.

La controverse juridique sur sa responsabilité personnelle masque le débat de fond qui s’impose au lendemain du déferlement médiatique que nous avons connu.

Marie L. n’est pas coupable !

Le véritable responsable est connu !

C’est ce climat raciste qui ne cesse de s’aggraver. L’affaire de Marie en est un des symptômes les plus éloquents. En juin dernier, à Epinay, un déséquilibré a poignardé plusieurs personnes d’origines diverses – juive, haïtienne, algérienne et portugaise. On a fait croire à un acte antisémite dont se serait rendu coupable un « jeune arabo-musulman ». On se souvient également de la prétendue agression d’une femme policière (Sandrine) qui avait, en 1996, accusé quatre maghrébins et un noir. Le non lieu n’a été obtenu qu’en 2001. La liste est longue.

Marie L. n’est pas coupable !

Quoi de plus banal que d’incriminer les “banlieues”, les “quartiers”, les “jeunes”, les “cités”… autant d’euphémismes pour désigner les nouvelles classes dangereuses ! Ces populations d’origine maghrébine, africaine et afro-antillaise sont devenues, dans l’inconscient collectif, les vecteurs du désordre social, porteurs d’un antisémitisme atavique et une menace pour l’identité collective de la France et les valeurs de la République.

L’islamophobie est l’expression majeure de ce nouveau racisme : en témoignent la violence des partisans de l’interdiction du voile, les amalgames autour de l’islam (islam=islamisme=terrorisme), l’abondance de la production intellectuelle islamophobe, la focalisation hystérique sur la figure de Tariq Ramadan, les campagnes sur la banlieue et l’immigration comme espaces exclusifs de la domination masculine et de la violence sexiste, les nombreuses agressions contre les mosquées et les cimetières…

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Les fantômes de Marie émanent de là.

Marie L. n’est pas coupable !

Son procès ne règlera pas l’essentiel. Il risque même d’être une imposture supplémentaire. Marie L. ne doit pas servir de bouc émissaire. Exutoire pour une certaine classe politique, médiatique et intellectuelle qui se défausse ainsi sur elle à bon compte, l’audience prévue le 26 juillet aura pour fonction première de faire oublier un emballement coupable révélant la xénophobie et le racisme social de ce milieu. Il vise à occulter la part de responsabilité que portent ces élites dans l’enracinement de ces discours de rejet, dans la fabrication des communautarismes et dans l’ethnicisation des rapports sociaux. Le lapsus malheureux de Jacques Chirac distinguant juifs et musulmans du reste des Français, révèle bien les limites des prétentions universalistes de la République. Marie L. est une victime expiatoire. Elle n’est que l’incarnation du refoulé d’une société qui refuse de se regarder en face.

Si procès il doit y avoir, ce doit être le procès de tous les racismes et de ceux qui les exploitent, des discriminations sociales comme des politiques publiques qui les aggravent.

Ce doit être le procès de l’histoire coloniale, de l’esclavage et de leur héritage.

Tarek Ben Hiba (Conseiller régional Ile-de-France, Alternative citoyenne), Said Bouamama (sociologue), Monique Crinon (militante féministe), Djamila Bechoua, Houria Bouteldja, (Collectif féministe les Blédardes), Karim Azouz (collectif des musulmans de France), Nabile Farès (écrivain et psychanalyste), Eyal Sivan (cinéaste israélien), Pierre Tévanian (collectif les mots sont importants), Bernard Dréano (responsable associatif), Vincent Geisser, universitaire, Youssef Boussoumah et Adnane Ben Youssef (militants associatifs), Nordine Iznasni (membre du MIB).

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