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Malcolm Shabazz, le petit-fils de Malcolm X, a été tué au Mexique

Le site Amsterdam News a été le premier à annoncer sa mort violente dans d’étranges circonstances : Malcolm Shabazz, le petit-fils de Malcolm X, a été tué au Mexique, où il séjournait.

Selon les premières informations, il serait décédé jeudi matin, 9 mai, à Tijuana, au cours d’un cambriolage dont il a été victime, et qui a tourné au drame. La cause exacte de sa mort reste à éclaircir, deux rumeurs contradictoires circulant actuellement : l’une fait état de coups de feu qui l’ont mortellement touché, tandis que l’autre indique que ses agresseurs l'auraient défénestré depuis l’immeuble où il se trouvait.

« Je confirme, par l'ambassade américaine, au nom de la famille, la mort tragique de Malcolm Shabazz, petit-fils de Malcolm X», a écrit une amie proche de la famille, Terrie M. Williams, sur twitter.

Né en 1984, à Paris, Malcolm Shabazz laisse derrière lui deux filles, sa mère, qui était la deuxième fille de Malcolm X, et plusieurs tantes, mais aussi deux ouvrages inachevés, qui étaient en cours d’écriture. Durant son adolescence tourmentée, le descendant direct de feu la grande figure charismatique de « Nation of Islam » est passé par la case prison, après avoir reconnu sa culpabilité dans un homicide involontaire et un incendie criminel qu’il a niés par la suite. Condamné initialement à 18 mois d'emprisonnement, il croupira au final pendant quatre ans derrière les barreaux. 

L’adolescent, qui a connu les affres de l'enfer carcéral tout comme son illustre grand-père, avait trouvé sa voie à l'âge adulte en intervenant comme assistant au sein de l’université John Jay College of Criminal Justice à New York, spécialisée dans la justice pénale.

La rédaction de notre site avait interrogé Malcolm Shabazz, le 20 novembre 2009, à Paris. Nous vous proposons de lire ou de redécouvrir la teneur de notre entretien, qui prend une résonance particulière aujourd’hui.

Au cours de son escale parisienne, Malcolm Shabazz, descendant direct de l’Afro-américain au destin exceptionnel, Malcolm X, ancien leader charismatique du mouvement « Nation of Islam », cultissime militant contre le racisme animé par une foi inébranlable, a accordé une interview exclusive à la rédaction d’Oumma.com.

44 ans après l’assassinat perpétré contre son grand-père, qui ôtait la vie, le 21 février 1965, à une personnalité hors du commun, dont le nom de légende est gravé au panthéon des musulmans influents du XXème siècle, son petit-fils nous a parlé à cœur ouvert, dans un échange chaleureux.

Pouvez-vous retracer en quelques mots votre parcours ?

Je m’appelle Malcolm Shabazz, j’ai 26 ans, et je suis le petit-fils de Malcolm X. J’ai vu le jour à Paris en 1984, vingt ans précisément après que mon grand-père se soit vu interdit d’entrée dans ce merveilleux pays qu’est la France.

Mes parents se sont installés aux USA alors que je n’avais que trois ans. C’est là que j’ai grandi et où j’ai poursuivi toute ma scolarité. Je réside actuellement à Damas, en Syrie, où j’ai choisi d’étudier les sciences religieuses, tout en enseignant en parallèle l’anglais à l’université.

Quelle image gardez-vous de vote illustre grand père et quel héritagea-t-il laissé derrière lui ?

Mon grand-père était un travailleur acharné, un vrai perfectionniste, qui n’hésitait pas à se remettre en cause et à réviser ses prises de position, tirant les enseignements de ses propres erreurs. Ma mère a toujours évoqué l’image d’un père affectueux, doux, attentionné, très attaché à sa famille.

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Incontestablement, son héritage est immense et précieux. L’unité et l’éducation étaient au coeur de ses préoccupations. Il laisse un souvenir impérissable, marquant des générations entières. Nombreux sont ceux qui lui vouent un véritable culte Outre-Atlantique, et bien au-delà.

Il appartient à cette trempe des grands hommes qui se sont sacrifiés pour un idéal de justice. Même s’il n’est plus parmi nous aujourd’hui, nous devons reprendre le flambeau et poursuivre plus que jamais son œuvre, en nous battant pour nos droits.

Sa vie fut un exemple pour nous tous. S’il n’y avait qu’une chose essentielle à retenir de son parcours unique et méritoire, c’est que son combat sans relâche pour l’égalité, la justice et contre tous les racismes doit perdurer.

Quel regard portez-vous sur les musulmans de France ?

Je ne suis là que pour quelques jours, après m’être rendu à Montpellier pour une conférence. J’ai été très agréablement surpris par l’investissement et l’implication dont font preuve les musulmans français dans le tissu social. J’ai eu l’opportunité de m’entretenir avec différents représentants de toutes origines, qui m’ont fait découvrir une réalité du terrain que j’ignorais personnellement, et qui est méconnue aux Etats-Unis.

En quoi la situation des musulmans américains diffère-t-elle de celle des musulmans de France ?

La visibilité des musulmans américains, leurs spécificités vestimentaires par exemple, ne posent aucun problème, contrairement à la France où les femmes voilées, entre autres, sont constamment stigmatisées. La laïcité à la française, sa politique assimilationniste provoquent des débats très passionnels et délétères, qui n’ont pas lieu d’être dans le modèle communautaire américain. Ainsi, un musulman américain ne craindra pas de se déclarer ouvertement américain et musulman.

Les musulmans de France et les musulmans américains peuvent-ils travailler ensemble sur les questions de discrimination ?

Bien évidemment.
Nous pourrions envisager de créer des réseaux via des supports comme Internet, afin d’échanger sur nos difficultés respectives. Il y a de nombreuses passerelles qui restent à bâtir entre nous tous.

Les musulmans américains sont loin d’imaginer ce qui se passe ici, et à dire vrai ils ignorent même souvent ce qui se passe dans d’autres états de leur propre pays (rires)… Lutter contre les discriminations, quelles qu’elles soient, doit être une priorité pour chacun d’entre nous. J’espère pouvoir revenir en France prochainement afin de faire une série d’interventions dans ce sens.

A bientôt donc…

Propos recueillis par la rédaction.

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