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L’UMP, champion toutes catégories des « micro-partis »

La saga à rebondissements de l’été « Bettencourt/Woerth, et les autres… » aura eu le mérite de mettre un grand coup de pied dans la fourmilière de l’argent de la politique, en levant le voile sur les largesses que l’octogénaire la plus fortunée de France mettait volontiers sous enveloppe, et ce depuis des années, à l’adresse du parti présidentiel et de ses micro-partis créés par des ministres du gouvernement (Valérie Pécresse, Eric Woerth).

Une enquête fouillée réalisée par le site du Monde place l’UMP sur la première marche d’un podium aux limites de la légalité, s’imposant comme le champion toutes catégories de la collecte de fonds, dans une roublardise qui se joue gaillardement de la loi sur le financement des partis politiques : le parti présidentiel caracole en tête des micro-partis dévolus à ses ténors, avec pas moins de 123 formations satellites, soit plus de 58 % de l’ensemble des partis français.

Le très prévisible tandem de l’UMP, les inimitables Dominique Paillé et Frédéric Lefebvre, peut toujours faire diversion en entonnant le leitmotiv du moment – Sécurité et immigration ne font qu’un ! – il n’en reste pas moins vrai que l’UMP est passé maître dans l’art de recourir aux micro-partis, distançant très nettement le PS à ce petit jeu de dupe : « le total des budgets des satellites du parti présidentiel atteint 4 938 451 euros. Une somme très supérieure à celle de l’ensemble des petits partis proche du PS, dont les budgets cumulés atteignent 796 964 euros » relate le Monde.

La loi sur le financement des partis plafonne les dons à 7 500 euros par personne et par an, dans une limite de 20 % des revenus imposables ? Au diable l’avarice, et vive les micro-partis qui permettent ainsi à de riches sympathisants de mettre plusieurs fois la main à la poche, d’abord pour le parti, puis pour un micro-parti affilié, ou d’autres encore…, tout en déduisant ces dons de leur feuille d’impôts !

Une pratique vivement réprouvée par François Logerot, premier président honoraire de la Cour des comptes, qui estime qu’il s’agit d’un “détournement de l’esprit de la loi“. “La Commission [des comptes de campagne] dénonce cette utilisation du système et réclame une réforme depuis 1995“, insiste ce dernier.

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Les poids lourds du gouvernement ont ainsi allégrement dérogé à « l’esprit de la loi » en toute impunité : des ministres (François Fillon, Laurent Wauquiez, Eric Woerth, Christian Estrosi, Jean-Marie Bockel, Brice Hortefeux, Jean-Louis Borloo…) aux députés (Jean-François Copé, Patrick Balkany, Claude Goasguen…), en passant par les anciens premiers ministres (Jean-Pierre Raffarin, Edouard Balladur, Alain Juppé). Et surtout Nicolas Sarkozy lui-même, dont deux micro-partis portent le nom (Association nationale des amis de Nicolas Sarkozy et Association de soutien à l’action de Nicolas Sarkozy).

Sans omettre les formations du Nouveau Centre d’Hervé Morin (ministre de la défense) et du Parti radical de Jean-Louis Borloo (ministre de l’écologie), membres de la majorité qui ont reçu de l’UMP, en 2008, 200 000 euros pour le premier et un million d’euros pour le second.

Un véritable système D, dénué de toute moralité comme seuls les cols blancs en sont capables, qui s’est traduit par une augmentation spectaculaire des partis politiques, passant de 23 recensés en 1990, à pas moins de 283 comptabilisés en 2008. Il n’y a pas à dire, tout est bien dans le meilleur des mondes…

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