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L’odeur de la soupe

On dirait que dans certains milieux politiques, l’odeur de la soupe a quelque chose d’irrésistible.

Lorsque le résultat de l’élection présidentielle était incertain, certains rêvaient une Ségolène Royal faisant entrer dans son gouvernement la présidente de l’association « Ni Putes Ni Soumises ». Certains se réjouissaient à l’avance d’une telle perspective, d’autres y voyaient un signe de la profonde coupure entre la gauche et les populations issues de l’immigration.

Ce rêve s’est pour partie réalisé. À un détail près. Ce n’est pas Royal, mais Sarkozy, qui a fait entrer au gouvernement l’égérie du parti socialiste.

La voici donc ministre du contempteur de la « racaille ». Cela n’est pas si surprenant : la stigmatisation de la jeunesse des quartiers populaires, et singulièrement du « garçon arabe », a été l’essentiel de son activité politique depuis la création de son association.

À l’évidence, mise à part cette complicité avec le racisme ambiant, ce ne sont pas ses convictions qui étouffent l’impétrante. Pour ne parler que de la période la plus récente, après avoir fait campagne en 2005 pour le « oui » au traité constitutionnel ultralibéral pour l’Europe, elle soutient dans la « primaire » interne du parti socialiste la candidature de Laurent Fabius – le seul des trois candidats à avoir soutenu le « non ». Et de « l’aile gauche » du PS, la voilà passée à la réaction la plus brutale.

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L’accueillant dans son ministère, Christine Boutin a eu le plus joli, le plus révélateur des lapsus, relayé par toutes les radios : « Tu as, lui dit-elle, commencé par créer une association de lutte contre les femmes… »

L’histoire montrera un jour comment les débats sur le « foulard », où l’on a vu Amara bras-dessus bras-dessous avec Corinne Lepage et Arlette Laguiller pour crier avec les loups aura contribué à brouiller tous les repères de la politique. Comment s’est alors accéléré le consensus raciste et sécuritaire. Notre « beurette républicaine » ne jouera sans doute pas le plus beau rôle dans cette histoire.

En attendant, elle en aura trouvé un autre, bien à sa mesure, dans la parfaite continuité de celui-là. Passant de la théorie à la pratique, la voici désormais chargée, comme secrétaire d’état chargée de la politique de la ville de mettre en œuvre ce point décisif du programme de son nouveau maître : nettoyer nos quartiers au Kärcher.

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