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L’islam, un facteur de socialisation

Introduction

Notre société française, en ce début du vingt et unième siècle est caractérisée par un individualisme forcené, une absence de valeurs communes bien définies et de modèle positif de société idéale.

Comment en est-on arrivé là alors que c’est bien l’inverse de ces qualités qui avait fondé les grandes civilisations qui nous ont précédées ?

Il faut, pour vivre ensemble, un investissement individuel minimal pour le bien de la communauté. La loi du plus fort amène rapidement les sociétés qu’elle domine vers leur perte. Pour lutter contre l’arbitraire, les hommes ont inventé les lois.

Mais la loi humaine ne peut au mieux qu’être le reflet de la morale commune. Elle ne peut en aucun cas se substituer à la morale individuelle. C’est bien à cette conclusion qu’on arrive lorsqu’on analyse les échecs des tentatives de création de morales athées incarnées finalement par les tragédies fascistes et communistes qui ont ensanglanté le vingtième siècle.

A bien y réfléchir, que nous reste-t-il de la morale républicaine qu’incarnaient les instituteurs français du début du vingtième siècle ? Les valeurs d’honnêteté, de probité, d’exemplarité, d’esprit cartésien qu’ils prônaient étaient-elles incluses dans le modèle républicain comme ils le prétendaient ? Ou plutôt n’étaient-elles que le miroir, une sorte de copie athée, des valeurs du curé contre lequel ils luttaient ? Une fois le christianisme “sécularisé”, la “morale républicaine” s’en est allée

DE VALEURS RELIGIEUSES A DES VALEURS MARCHANDES

Les deux conflits mondiaux du vingtième siècle ont achevé la sécularisation de la société française. La morale chrétienne n’est plus la référence commune de notre société. Elle a, dans un premier temps, laissé la place à une sorte d’humanisme laïc qui, lui aussi, s’est rapidement révélé incapable de relever les défis sociaux et moraux que lui lançait l’industrialisation de la société.

Les rapports sociaux se sont petit à petit déshumanisés. La société n’a plus de modèle positif vers lequel elle pourrait tendre. Les individus sont eux-mêmes déboussolés, n’ayant plus d’exemple à suivre ou à imiter…

Comment atteindre le bonheur ? Comment réussir sa vie, sur quels critères ?

Les modèles importés des USA et relayés par la télévision tendent à nous faire croire que le bonheur se trouve dans la possession et la consommation de produits industriels. La réussite de la vie serait une réussite sociale directement proportionnelle au niveau de notre compte en banque. Parler de morale devient incongru, on lui préfère le terme de « valeurs », tout un symbole.

Une grande majorité de nos concitoyens s’épuise à courir après ces biens matériels pour pouvoir se comparer positivement à son entourage. Il faut absolument avoir une voiture plus récente que le voisin, des chaussures plus tendances, une maison plus grande, une femme plus séduisante…..

Ce système de valeurs commerciales commence par conditionner les tout jeunes à la consommation de marques plutôt que de produits. Puis on leur fait croire qu’ils font partie d’une tribu qui partage les “valeurs” de la marque. On ne juge plus quelqu’un pour ce qu’il fait, on le juge à travers ce qu’il consomme.

En allant au bout de cette morale consumériste, on en vient à se considérer soi-même et les autres comme des produits de consommation : les employés sont interchangeables et licenciables à volonté, les relations intimes sont placées au même niveau que la consommation de nourriture ou l’achat de vêtements.

C’est ainsi que notre système industriel exploite les énergies juvéniles de jeunes naïfs qui se retrouvent à la cinquantaine, au chômage, pressés comme des citrons, dépressifs, alcooliques, divorcés plusieurs fois et désespérément seuls.

C’est ça réussir sa vie ?

L’HUMANISME DE L’ISLAM

L’islam, au contraire de ce système capitaliste sauvage, place l’être humain au centre de ses préoccupations.

Allah l’a fortement rappelé à son Prophète (SWS) à l’occasion de la révélation de la sourate “Il s’est renfrogné” (Sourate N° 80) :

Les commentateurs du Saint Coran nous apprennent que le Prophète (SWS) était en discussion dans la mosquée de Médine avec des notables mecquois. Un musulman aveugle, Ibn Umm Maktûm, qui avait une question à lui poser à propos de la religion, est venu le déranger à ce moment-là. Le Prophète (SWS) l’a alors repoussé par deux fois avant que ne lui vienne cette révélation :

 

Il s’est renfrogné et il s’est détourné 2. parce que l’aveugle est venu à lui. 3. Qui te dit : peut-être [cherche]-t-il à se purifier ? 4. Ou à se rappeler en sorte que le rappel lui profite ? 5. Quant à celui qui se complaît dans sa suffisance (pour sa richesse) 6. tu vas avec empressement à sa rencontre. 7. Or, que t’importe qu’il ne se purifie pas. 8. Et quant à celui qui vient à toi avec empressement 9. tout en ayant la crainte, 10. Tu ne t’en soucies pas. 11. N’agis plus ainsi ! Vraiment ceci est un rappel.

Ainsi, pour l’islam, la valeur d’un être humain repose sur sa piété et non pas sur ses richesses ou son rôle social. Le plus pauvre des aveugles, improductif et inutile au plan social a plus de valeur que les plus riches des notables de Qoraïch.

Tous les êtres humains doivent êtres respectés en tant que tels et le plus digne de respect n’est pas celui qui a la plus belle voiture, le dernier portable ou le compte en banque le plus garni…. Le plus digne est celui qui cherche à se purifier ou à se rappeler Allah……

L’islam propose la construction harmonieuse d’une société basée sur la paix, la justice et le respect de chacun. En dehors de la transcendance vers Le Créateur, ce que gèrent toutes les religions monothéistes, l’islam a un projet social. Pour construire cette société idéale, l’islam commence par s’adresser à chaque individu.

LA CONSTRUCTION DES DIFFERENTS NIVEAUX

L’islam s’adresse à chaque individu. S’il n’est pas croyant, Allah, dans son Saint Coran lui expose toute sorte d’arguments pour lui montrer à quel point il passe à côté du vrai sens de sa vie. Le Coran tient compte des diversités culturelles et du caractère des êtres humains :

 

“Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon. Car c’est ton Seigneur qui connaît le mieux celui qui s’égare de Son sentier et c’est Lui qui connaît le mieux ceux qui sont bien guidés.” Le Saint Coran Sourate 16 Verset 125

Le niveau individuel

S’il est croyant, l’islam par la pratique de ses cinq piliers, propose à l’individu de se construire sur une base logique et de réformer sa personnalité en profondeur : Il s’agit d’abord d’affirmer sa foi et de développer sa connaissance de la croyance musulmane, c’est l’attestation de foi.

Il s’agit ensuite de pratiquer quotidiennement la prière qui nous rappelle nos engagements envers Le Créateur et par là même envers Ses créatures.

Le jeûne du mois de Ramadan nous apprend, tout en développant notre spiritualité, à dominer nos pulsions les plus basiques. En apprenant, à la demande de notre Seigneur, à dominer notre faim et notre soif, nous apprenons également à mettre notre raison au-dessus de nos passions.

L’obligation de l’aumône (Zakkat) nous apprend à ne pas trop nous attacher aux biens de la vie d’ici-bas en nous rappelant que notre demeure ultime est dans l’au-delà. Il nous montre notre devoir de solidarité envers les défavorisés et pose les bases d’une société qui ne doit pas être dominée par la recherche du profit à tout prix.

Le Hajj couronne enfin une vie d’adoration et préfigure le Jour du Jugement.

Grâce à cette pratique, le croyant apprend progressivement à dominer ses passions, son orgueil, à abandonner ses vices, à lutter contre ses défauts. Il devient moins égoïste, moins impulsif, plus agréable à vivre.

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L’islam ne fait pas de nous des êtres différents, il nous apprend simplement à organiser notre vie en harmonie avec notre nature profonde et avec l’ensemble de la création d’Allah. L’islam fait de nous des individus plus calmes, plus déterminés, sachant où ils vont et en paix avec eux-mêmes et donc avec leur entourage.

Il faut souligner que le programme que propose l’islam pour réformer les êtres humains est progressif, il joue sur la durée. S’il s’agissait d’une épreuve sportive, on pourrait le comparer à une course de fond alors que certains croient qu’ils s’agit d’un sprint !

J’ai également l’habitude d’entendre certains de mes patients prendre les fautes qu’ils font comme prétexte pour ne pas aller à la mosquée… Au contraire ! Plus ils fréquenteront les mosquées et plus ils s’éloigneront des vices qui rongent leurs âmes. Inversement, les musulmans qui gèrent les mosquées doivent s’habituer à recevoir fraternellement des croyants qui n’ont pas toujours des comportements très orthodoxes…

C’est un peu comme ces patients toxicomanes à l’héroïne qui décident d’un coup à la fois d’arrêter de se droguer et d’arrêter de fumer. Louables intentions ! Mais faute médicale ! Il faut d’abord arrêter la toxicomanie et surtout continuer de fumer pendant une durée de plusieurs mois après l’arrêt total… Ce n’est qu’après cette période qu’on pourra parler de sevrage tabagique…

Le mariage et la famille

Le mariage, puis la construction d’une famille musulmane constitue la deuxième étape de la construction de la société idéale que nous propose l’islam. Loin des images véhiculées par les médias occidentaux, celui qui s’intéresse réellement aux règles qui régissent un couple musulman découvre un monde de respect, de complémentarité et d’harmonie.

Comme l’islam définit une hiérarchie entre les différentes composantes du psychisme individuel, stipulant par exemple que les passions ne doivent pas dominer la raison, au sein du couple, l’islam définit les devoirs de chacun.

L’homme est responsable de la bonne ambiance familiale, de pourvoir aux besoins matériels du ménage dans la mesure de ses moyens, de faire régner la justice et l’équité. La femme est responsable de l’éducation des enfants en bas âges, de la protection du foyer, ce qui ne doit pas l’empêcher d’avoir des ambitions professionnelles. Les tâches ménagères doivent faire l’objet d’un accord entre les membres du couple. Le Prophète (SWS) accomplissait des travaux de couture par exemple.

La famille n’est plus, dans nos sociétés occidentales, la cellule de base de la société. On parle de familles recomposées, monoparentales, éclatées.… C’est pourtant le seul endroit qui permette à un enfant de se développer harmonieusement pour parvenir à l’âge adulte sans être miné par de lourds problèmes psychologiques.

Tout est fait, dans l’islam, pour protéger le couple et la famille. La préservation des charmes des femmes doit être vue dans cette optique, protégeant le regard des hommes mariés de tentations auxquelles ils sont trop sensibles. Le divorce est la chose la pire qui soit autorisée par Allah aux êtres humains. Enfin, la pire des actions diabolique est celle qui aboutit à la séparation d’un couple.

La transmission des valeurs de l’islam aux enfants doit être un souci majeur des couples musulmans, surtout dans nos sociétés occidentales. Ceux qui y renoncent doivent malheureusement s’attendre à de grosses épreuves de la part de leurs descendance devenue adolescente puis adulte.

Nos adolescents doivent comprendre qu’ils représentent l’islam… Même quand ils choisissent de ne pas être musulmans !

Dans notre société, la couleur de leur peau, leurs cheveux les désignent comme des musulmans. Quand ils font des bêtises, quand ils se comportent mal, ils ne le font pas seulement contre eux-mêmes, ils le font également contre l’islam et contre les musulmans que l’on accuse ensuite d’être à l’origine de ces fautes.

La Mosquée

Il est souvent difficile d’expliquer à des non-musulmans le rôle de la mosquée dans l’islam. Loin d’être un simple lieu de culte, c’est un centre de vie communautaire, un lieu de débats, d’information, d’éducation, de culture, de solidarité, de loisirs. Dans notre société, le projet de construire une mosquée est le premier travail qui réunit les croyants lorsqu’ils se rencontrent.

La fréquentation des mosquée permet le maintien du lien social, le brassage d’individus de différentes origines, de différentes cultures, de différents niveaux d’éducation. Elle permet à chacun de prendre des nouvelles des autres, de manifester sa solidarité et sa compassion. Les musulmans de France doivent se donner les moyens d’avoir des mosquées dignes de ce nom.

Le respect de la loi et des autorités

Dès lors que la société est honnêtement dirigée dans le respect de la justice et de l’équité. Dès lors que les musulmans peuvent pratiquer leur religion et éduquer leurs enfants dans la foi musulmane sans être inquiétés du fait de leurs croyances, il devient un devoir religieux de respecter l’ordre et la loi en suivant ce qu’ordonne Allah dans son Saint Coran :

 

“Et recherche à travers ce qu’Allah t’a donné, la Demeure dernière. Et n’oublie pas ta part en cette vie. Et sois bienfaisant comme Allah a été bienfaisant envers toi. Et ne recherche pas la corruption sur terre. Car Allah n’aime point les corrupteurs”. Le Saint Coran Sourate 28 Verset 77.

Les voisins et les défavorisés

L’islam définit le voisin comme celui qui habite 40 maisons à droite, 40 maisons à gauche, 40 maisons devant et 40 maisons derrière la maison du musulman.

Les voisins ont des droits très importants sur les musulmans, qu’ils soient musulmans ou non… Ces droits font l’objet de nombreux ouvrages savants et sont directement prescrits par les hadiths et par le Saint Coran :

 

D’après ’Abû Hurayra (qu’Allah soit satisfait de lui), l’Envoyé d’Allah (pbAsl) a dit : “Que celui qui croyait en Allah et au Jour du Jugement Dernier ne dise que du bien ou qu’il se taise. Que celui qui croyait en Allah et au Jour du Jugement Dernier traite ses voisins avec égards. Que celui qui croyait en Allah et au Jour du Jugement Dernier donne l’hospitalité à son hôte”. Numéro du Hadith dans le Sahîh de Muslim [Arabe uniquement] : 67

“Adorez Allah et ne Lui donnez aucun associé. Agissez avec bonté envers (vos) père et mère, les proches, les orphelins, les pauvres, le proche voisin, le voisin lointain, le collègue et le voyageur, et les esclaves en votre possession, car Allah n’aime pas, en vérité, le présomptueux, l’arrogant,” Le Saint Coran Sourate 4 Verset 36

Il s’agit là d’un ordre d’Allah qui définit des devoirs religieux. On constate également que d’autres catégories sociales, parmi lesquelles se trouvent également des non-musulmans, font l’objet d’une prescription de bonté, conséquence directe de l’adoration d’Allah.

CONCLUSION

Ainsi, l’islam, en plus de définir des relations transcendantales avec Le Créateur, ce que font toutes les autres religions monothéistes, cherche à transcender également les relations sociales en les liant directement à l’adoration d’Allah. C’est un devoir religieux de militer pour une société plus humaine, plus juste et dans laquelle s’exprime pleinement la solidarité humaine.

Il serait très souhaitable que nous, musulmans de France, relevions les défis sociaux que nous lance notre religion.

Il nous faut sortir de nos difficultés quotidiennes pour maîtriser nos pulsions, calmer nos colères, faire le bien autour de nous. Il faut se préoccuper des besoins de nos voisins âgés et malades, qu’ils soient musulmans ou non. Il faut leur rendre service, sans rien espérer en retour que la satisfaction d’Allah notre créateur.

L’islam est une religion qui exige que nous nous investissions fortement au service du bien commun. C’est en nous rapprochant de notre religion et en suivant ses préceptes que nous gagnerons en dignité, en harmonie et en bonheur.

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