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L’Islam peut-il être critiqué comme n’importe quelle religion ?

La parution du numéro ‘’L’Islam est-il rebelle à la libre critique’’ qui constitue une première et réalisé en commun par les revues Panoramiques/Islam de France a suscité des réactions favorables de la presse nationale. Nous publions la réaction du quotidien de référence le Monde (daté du samedi 21 avril 2001). Tout en soulignant l’originalité de la démarche, Le Monde sous la plume de Xavier Ternisien insiste particulièrement sur la qualité et le ‘’ton mesuré ‘’ des intervenants musulmans en précisant que ‘’l’intolérance ne vient toujours pas d’où on l’attend.’’ Cette appréciation du journal le Monde démontre le sérieux, la compétence et la crédibilité des intellectuels musulmans qui ont participé sereinement à ce débat, et dont certains sont des collaborateurs attitrés du site Oumma.com

PANORAMIQUES récidive. Après avoir publié en 1997 un numéro dérangeant sur le thème ’L’islam est-il soluble dans la République ?’, la revue dirigée par Guy Hennebelle se demande, cette fois, si l’islam est ’rebelle à la libre critique’. L’originalité de cette livraison est d’être réalisée en partenariat avec Marianne et la revue Islam de France. La démarche est cinquante-cinquante : dix libres-penseurs confrontent leur point de vue avec dix musulmans croyants.

Guy Hennebelle (sous un pseudonyme) annonce la couleur dans l’éditorial : ’Si l’islam veut devenir une religion française à part entière, il doit accepter d’être critiqué, à tort ou à raison, comme n’importe quelle religion.’

Force est de constater que les critiques appelés en renfort ne donnent pas dans la délicatesse. L’islam est ’une religion totalitaire’, affirme Ibn Warraq, auteur de Pourquoi je ne suis pas musulman (L’Age d’homme). ’La puissance publique ne doit connaître aucune défaillance’ face à l’islam, prêche le sénateur Henri Caillavet dans une envolée laïciste. ’Une véritable sécularisation en islam est impossible’, tranche l’universitaire égyptien Walid Al Khachab.

 

’DONNER DES GAGES’

 

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La charge a le mérite d’ouvrir le débat.

Mais on ne peut s’empêcher d’éprouver un malaise devant quelques expressions relevées ici et là (’le beur et l’argent du beur’, les Africains qui ’ne répugnent pas à une assistance permanente’) et certaines caricatures (la tour Eiffel transformée en minaret). Les responsables de Panoramiques prétendent dénoncer l’’islamiquement correct’ qui régnerait dans la sphère médiatique. Michel Renard, de la revue Islam de France, est plus convaincant lorsqu’il analyse l’image de l’islam véhiculée par les médias : ’Un islam appréhendé à partir des catégories de la violence, du terrorisme, du fanatisme, du passéisme…’ L’anthropologue Malek Chebel évoque, lui, ’l’esprit de suspicion qui règne aujourd’hui à l’égard de la citoyenneté réelle des musulmans’ : sans cesse, explique-t-il, ’il faut donner des gages’.

La deuxième partie de la revue, confiée à des musulmans croyants, semble apporter la preuve, par son ton très mesuré, que l’intolérance ne vient pas toujours d’où on l’attend.

Les dérives de l’islam n’émanent pas du ’contenu du message religieux’, mais des ’conditions historiques et sociales’ qu’il a connues, martèlent inlassablement les auteurs. L’universitaire égyptien Nasr Abou Zeid, obligé de s’exiler aux Pays-Bas après avoir été accusé d’apostasie, explique comment les nationalistes arabes ont préféré s’appuyer sur la tradition islamique, en rejetant le rationalisme, qui représentait à leurs yeux une menace pour l’unité de la société face au colonisateur. Pour Michel Renard et Saïd Branine, il faut ’repositionner l’islam dans sa nature de message spirituel privilégiant la verticalité du rapport entre le croyant et Dieu, plutôt que l’horizontalité sociopolitique’.

La sociologue Leïla Babès met en garde contre l’’essentialisme’, qui guette ceux pour qui l’islam serait ’intrinsèquement rebelle à la libre critique’. Elle fait remarquer, à juste titre, que ’le fait de répondre sur le seul registre polémique’ n’est pas nécessairement ’efficace et pertinent’ pour faire avancer le projet d’une réforme de la pensée islamique. Panoramiques semble avoir entendu l’argument. La revue sera distribuée en Algérie, mais sous un titre légèrement différent : ’L’islam s’ouvre à la libre critique…’ Souhaitons pour elle qu’il ne s’agisse pas d’une concession à l’ ’islamiquement correct’…

Xavier Ternisien

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