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L’instruction à la maison comme alternative à la scolarité (Partie 1/2)

Introduction

 

Avoir des enfants, c’est la plupart du temps la concrétisation de l’amour qui unit un couple. Pour les musulmans c’est, parallèlement à la satisfaction mutuelle des conjoints, l’une des causes du mariage.

Une fois passées les premières années de découverte au sein de la famille, se pose la question de l’éducation de nos enfants en milieu scolaire, de leur ouverture au monde et du développement de leurs capacités d’étude dans le respect de leur personnalité.

De nos jours, en France, nos enfants musulmans partent avec plusieurs handicaps : ils sont la plupart du temps issu de milieux sociaux défavorisés dans lesquels, lorsque le père travaille, la mère se charge du suivit de leur scolarité des enfants alors que fréquemment, elle ne sait ni lire ni écrire ni même parfois parler le français.

À cela se rajoutent souvent des conditions de logement peu favorables aux études et un milieu scolaire encore perçu comme hostile à l’islam. Sentiment fortement renforcé ces dernières années par les différentes affaires de foulard islamique dans les écoles et surtout par la manière dont elles ont été médiatisées, entraînant des avalanches de haine sur les frêles épaules de celles qui avaient choisi de pratiquer cet aspect de la religion.

À ce propos, les musulmans de France attendent toujours, en vain jusqu’à présent, le geste d’un ministre de l’éducation rappelant à ses fonctionnaires le nécessaire respect des croyances de leurs élèves et l’indispensable absence de discrimination dans la conduite de leur enseignement.

En ce qui concerne notre famille, il nous semble important, à mon épouse et à moi-même, de préciser que les choix que nous avons faits en tant que parents tenaient compte de notre situation sociale et familiale, de nos niveaux universitaires respectifs, de la personnalité et du caractère de chacun de nos enfants. Il est hors de question de nous présenter ici comme des modèles à suivre. L’instruction d’enfant à la maison nécessite des moyens intellectuels, matériels et humain dont malheureusement peu de parents musulmans disposent à l’heure actuelle en France.

 

II L’école maternelle et primaire de notre aîné

 

La question de confier nos enfants aux professionnels de l’éducation s’est donc posée très tôt. Lorsque nous avons finalement opté pour la scolarisation de notre fils aîné, Djamel, à l’école maternelle puis à l’école primaire du village où nous habitions, ce n’était certainement pas dans une optique d’abandon de notre rôle d’éducateur mais beaucoup plus dans une perspective d’ouverture, pour notre fils, sur le monde extérieur à notre famille.

Les premières années de maternelle et d’école primaire se sont très bien déroulées pour Djamel, il faut souligner la qualité de la formation et la compétence des personnels de l’enseignement du premier degré en France. Il aimait aller à l’école, il aimait ses maîtresses, il aimait apprendre.

Jusqu’au CM2 (dernière année d’école primaire) où Djamel est tombé sur un maître qui l’a pris en grippe. Notre enfant était très éveillé mais également très turbulent et ce maître ne le supportait pas. Nous nous sommes d’ailleurs aperçus qu’il prenait un élève en grippe chaque année et que cet élève devenait une sorte de ’ soufre douleur ’.

L’intérêt de Djamel pour l’école n’a alors fait que se dégrader et ses résultats également, à tel point qu’il était impossible d’envisager de le scolariser dans une sixième trilingue (français, anglais et allemand), option à laquelle nous étions très attachés. Il était très turbulent et même parfois indiscipliné. Il devenait également agressif avec certains de ses camarades de classe, ce qui nous valait quelques problèmes avec leurs parents.

Nous étions désemparés ! Nous étions allé voir plusieurs fois le maître d’école, mais, par son discours professionnel, il rejetait constamment la faute sur Djamel qui devait avoir, disait-il, des problèmes personnels. Notre fils n’arrivait pas à nous expliquer ses difficultés relationnelles avec son maître et nous n’étions sans doute pas prêts non plus à les entendre. Depuis, nous savons que notre rôle est d’écouter nos enfants et les protéger contre un milieu adulte parfois hostile en leur montrant que nous avons confiance en eux et en leur parole, éventuellement même contre leurs enseignants.

Nous l’avons alors confié à un psychiatre scolaire pour des tests diagnostiques suivis d’une petite psychothérapie de soutien et d’une rééducation orthophonique, ce qui lui a fait du bien, mais il persistait à avoir un comportement de ’ chef de bande ’ incompatible avec un apprentissage scolaire de base….

Nous sentions bien que nous courions à la catastrophe si nous l’avions laissé poursuivre sa scolarité telle quelle au collège. Nous en avons donc discuté avec lui, en lui expliquant que, s’il n’aimait pas l’école ni apprendre des matières trop théoriques, nous ne verrions aucun inconvénient à ce qu’il s’oriente vers un métier manuel. Mais lui, il insistait beaucoup pour poursuivre ses études, il n’arrivait simplement pas à faire primer son travail scolaire sur son rôle social à l’intérieur de son groupe de camarades.

Après y avoir beaucoup réfléchit et nous être beaucoup concertés, nous avons finalement décidé de le déscolariser en 6° (première année du collège) pour le soustraire d’un rôle social trop envahissant et lui permettre d’acquérir des bases solides qui lui permettraient par la suite de poursuivre ses études.

Mon épouse ayant un bon niveau universitaire en droit et en anglais, elle se sentait capable de lui enseigner les matières littéraires (français, anglais, allemand, histoire, géographie….), pour les matières scientifiques, nous paierions des professeurs qui viendraient lui prodiguer les cours à la maison.

 

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II instruction à la maison, certes ! Mais quels choix ?

 

Dans le cas de notre fils aîné, la déscolarisation avait d’abord pour but de lui donner des bases solides pour ses études à venir en lui fournissant un enseignement ’ sur mesure ’, en opposition avec le ’ prêt à porter ’ de l’éducation de masse. Il était hors de question d’abandonner sa scolarité de manière plus ou moins déguisée, il s’agissait, au contraire, de la reprendre à notre compte.

Nous avions, dans nos relations, un couple d’amis qui avaient déscolarisé leurs enfants mais dans l’optique de leur faire suivre uniquement une éducation religieuse sans se soucier du programme officiel. Pour notre part, considérant que la déscolarisation n’était que temporaire, avec volonté de ré-intégration de nos enfants dans le système scolaire, nous ne souhaitions pas aller dans cette voie.

Nous avons choisi de suivre scrupuleusement le programme officiel en raison de sa cohérence et de son adaptation aux possibilités d’acquisition de l’enfant sans surcharge excessive. S’est alors posé la question de son éventuelle inscription au Centre National de l’Enseignement à Distance (C.N.E.D.), organisme public chargé de l’enseignement à distance. Cette option ne reçu pas l’aval de notre inspecteur d’académie.

La seule possibilité qui nous restait était donc d’organiser nous-même les cours à domicile en faisant venir des professeurs à la maison. Encore fallait-il choisir de bons manuels scolaires ! Ce fut l’occasion de nous apercevoir qu’il existe dans ce domaine d’énormes différences. Tous suivent le programme officiel, mais tous sont loin d’être égaux ! Lorsqu’on confie l’éducation de nos enfants au collège, ce sont les professeurs qui choisissent le manuel. Mais lorsqu’on choisit soi-même ses professeurs, le choix du manuel scolaire est primordial.

Il faut bien étudier les méthodes pédagogiques que chacun développe, le plan, les illustrations, la présentation des points essentiels, les exercices, les corrigés…… Dans ce domaine, le pire semble côtoyer le meilleur.

Puis nous avons recruté notre professeur de matières scientifiques. Le milieu étudiant étant fourni dans notre région, nous n’avons eu aucun mal à trouver quelqu’un qui accepte cette charge.

 

III nous nous lançons dans l’inconnu

 

’ L’année scolaire ’ pouvait commencer. Dès le départ, la vitesse à laquelle nous progressions nous a beaucoup étonnée : bien que le programme soit vu en détail, que les acquis soient vérifiés, les exercices faits de manière extensive, les contrôles réguliers, en travaillant cinq demi-journées par semaine, nous étions très largement en avance sur les camarades de Djamel ’ normalement ’ scolarisés !

C’est au cours de cette année que nous nous sommes aperçus que le programme officiel était rarement bouclé in extenso dans les collèges de l’enseignement public. Notre Djamel a, pour sa part, vu son programme en entier et même plutôt deux fois qu’une !

Au fil du temps, son niveau s’améliorait nettement, ses résultats aussi. Les heures de loisirs étaient consacrées aux exercices et aux révisions, à la pratique de plusieurs sports, à l’étude de la religion musulmane, puis à des voyages à l’étranger (Grande-Bretagne, Irlande, Syrie, Arabie Saoudite). Dans l’optique d’acquérir de solides bases en langues vivantes étrangères de même qu’en histoire et en géographie mais aussi à constater les différences de situation des musulmans en fonction des pays où ils habitent.

Nous étions attentifs à obtenir un équilibre entre une bonne éducation religieuse et les acquisitions des matières traditionelles, les mathématiques la physique, le français, l’histoire, la géographie et les langues vivantes.

À la fin de cette première année d’instruction à la maison, nous tirions tous, Djamel inclus, un bilan très positif de cette expérience. Il fut décidé de la renouveler pour la cinquième. Cette deuxième année se passa encore mieux que la première, bien encadré, le travail scolaire et les résultats étaient à la hauteur de nos espérances, nous avions trouvé notre rythme de croisière qui permettait de passer rapidement sur les matières dans lesquelles notre fils montrait des aptitudes mais aussi de développer autant que nécessaire les notions qui lui semblaient plus ardues.

Par contre, au plan humain, à la fin de l’année, Djamel devenait un petit peu trop sûr de lui, parfois méprisant pour les autres, développant un sentiment de supériorité qui ne nous plaisait guère. Djamel lui-même se plaignait de ne pas avoir assez de camarades de son âge, de ne pas avoir d’amis ou de confident, le système scolaire et surtout la vie en société lui manquait.

 

A suivre…

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L’instruction à la maison comme alternative à la scolarité (Partie II et fin)