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Lettre ouverte à Monsieur Manuel Valls

Monsieur le Premier Ministre,

J’ai suivi comme vous, ce dimanche soir 3 avril, le dernier classico. Je sais comme tout le monde que vous êtes catalan de cœur et de naissance, et supporteur inconditionnel du Barça, et je devine votre grande tristesse après la défaite de votre club favori dans son traditionnel affrontement avec le Réal de Madrid, sous les yeux du monde entier. C’est la loi du sport, mais il n’empêche. Cette défaite avait pour vous un goût encore plus amer parce que Benzema y est pour beaucoup.

Il a eu l’insolence de marquer un but de toute beauté qui acheva de démoraliser le pays catalan en son fief au Camp Nou. Comme vous, je pense que le hasard exagère, que l’injustice dépasse les limites et que c’en est trop de cette humiliation, d’autant plus insupportable qu’elle a été ourdie par deux compatriotes : Zidane et Benzema, et que le but de ce dernier était une manière de réponse du berger à la bergère, à la suite de votre souhait public de le voir exclu du Onze national.

Il s’en est même trouvé pour relancer l’obsession de l’attaquant français qui ne marque jamais de but en sélection nationale, mais qui brille quand il veut et en l’occurrence quand il s’agit de régler des comptes personnels. En d’autres termes, il vous aurait puni pour avoir souhaité son élimination de la prochaine sélection nationale, au prétexte injuste de mauvaise exemplarité.

Il est vrai qu’on vous reproche de vous mêler de football, côté vestiaires, et d’un tas d’autres sujets, au lieu de vous consacrer aux problèmes économiques et à la dérive des forces progressistes. Je réfute cet argument d’un revers de main car, à être premier ministre, on n’en est pas moins un être sensible, conscient de ses passions, libre dans son expression, et comptable devant le pays du comportement de nos ambassadeurs du ballon rond autant que de la courbe du chômage.

Faut-il rappeler que c’est par souci de cette représentativité exemplaire que vous avez souhaité l’exclusion de Karim Benzéma dont l’implication dans des affaires où l’absence de morale le dispute aux mauvaises fréquentations, le rend bien évidemment inéligible à la sélection nationale ? Vous avez bien raison, Monsieur le Premier ministre, d’exiger d’un joueur de foot-ball comme d’un ministre, un comportement exemplaire. Or, Monsieur Benzema a montré par son comportement inadmissible son inaptitude à donner le bon exemple à notre jeunesse. Qu’on en juge.

Il ne chante jamais « La Marseillaise ». L’argument du refus de célébrer le « sang impur qui abreuve nos sillons » restera toujours spécieux et irrecevable. Répondre qu’il n’est pas le seul dans ce cas et que cela ne met pas en doute son patriotisme pour autant, ne tient pas la route.

Il est impliqué dans une sordide affaire de cassette. Des malveillants diront que votre ami DSK n’a toujours pas restitué la cassette Méry nettement plus importante que celle de Valbuena et que cela ne l’a pas empêché d’être présidentiable. Et même patron du FMI. Vous pouvez aisément répondre que l’implication dans l’affaire « Valbuena sex-tape » est très grave, parce qu’il s’agit d’une affaire de mœurs et de parties de jambes en l’air, qui donne une très mauvaise image de nos moeurs et de la France dans son ensemble.

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Des faux-culs vous répondront que vous avez soutenu jusqu’au bout votre ami, directeur général du FMI, dans ses déboires sexuels au Sofitel de New-York et à l’Intercontinental de Lille, alors que, faut-il le rappeler, ce soutien traduisait bien au contraire votre fidélité en amitié et votre soutien sans faille dans les moments difficiles.

Benzéma a de mauvaises fréquentations et devrait couper ses liens avec ces petits malfrats de banlieue que sont ses amis d’enfance. Oui, bien sûr ! Il y aura toujours des petits malins qui vous diront que c’est du menu fretin en comparaison de Dédé La saumure et autres personnages interlopes qui ont égayé les nuits torrides de votre ami. A cela il faudra répondre que nous parlons de foot-ball et qu’un joueur de foot-ball se doit d’être exemplaire. Point !

Sans compter que vous pourriez aussi lui reprocher de confondre à coup sûr, antisionisme et antisémitisme et de ne pas avoir suivi à la télévision, comme tout le monde, l’admission de Finkielkrault à l’académie française.

En définitive tout vous sépare sauf peut-être un point sur lequel vous seriez en accord. C’est celui de ne pas chercher à comprendre pour ne pas excuser. Quand on lui demande comment il a fait pour marquer tel ou tel but, Benzéma répond invariablement que devant le gardien il ne cherche pas à comprendre ; il ne se cherche pas d’excuses. Il tire.

Pour le reste je pense, Monsieur le Premier ministre, que compte-tenu de l’accumulation de tous ces manquements ( sex-tape, mauvaises fréquentations, refus de chanter la marseillaise,… ) de la part d’un citoyen pressenti, qui plus est, pour porter les couleurs nationales dans une exhibition planétaire, vous seriez bien inspiré de le déchoir de sa nationalité afin d’envoyer un signal fort à ceux de ses jeunes camarades qui seraient tentés de l’imiter dans cette mauvaise pente où on relève l’absence de morale et la mauvais éducation.

Il en va de la crédibilité de votre gouvernement dans ces temps de guerre déclarée à notre pays, pour reprendre vos propres termes, et de vos mises en garde qui nous rassurent et qui nous procurent la tranquillité et la quiétude dont nous avons tellement besoin. Les mauvaises langues diront que, ce faisant, vous auriez obtenu ainsi votre lot de consolation après le rejet du projet de la déchéance de nationalité, en vous essuyant les crampons sur Karim Benzema. A ceux-là vous réserverez, à n'en pas douter, la bonne réponse et le bon coup de menton, comme de bien entendu.

Saad Khiari
 

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