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Les Trésors de Sourate al–kahf : La Caverne ( Épisode 8 : La Parabole des deux hommes ; vs28-31)

À partir du v28 débute un autre récit mettant en scène deux hommes, sans précisions ni de nom ni de lieu. Nous allons voir que ce choix est cohérent du point de vue du contexte de révélation de cette première Partie de la Sourate 18.

Voici donc un extrait de notre Exégèse Littérale du Coran[1] quant à ce Chapitre II. Comme pour le précédent chapitre l’on notera la composition en deux paragraphes : un préambule suivi de la narration. Le texte de ce passage en est donné selon notre Traduction Littérale du Coran[2] parue en 2024 :

Chap. II : Parabole des deux hommes

  • 1. Préambule
  1. Attache ton âme à la compagnie de ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir, désirant Sa “Face”. Tu n’as pas à porter ton regard au-delà d’eux par désir du faste de la vie d’ici-bas pas plus qu’à céder à celui dont Nous avons rendu le cœur oublieux de Notre rappel et qui, suivant ses passions, s’est conduit outrancièrement,
  2. et dis : La Vérité vient de votre Seigneur. En conséquence, qui veut croit, et qui veut dénie. Certes, Nous avons préparé pour les iniques un feu dont les tourbillons les encercleront, et lorsqu’ils imploreront assistance ils seront secourus d’une eau semblable à de la poix liquide ébouillantant les êtres. Quel détestable breuvage, quel mauvais accommodement !
  3. Certes, ceux qui auront cru et œuvré en bien… vraiment, Nous ne délaisserons pas la rémunération de qui aura agi excellemment.
  4. À ceux-là reviendront les jardins du Séjour, à leurs pieds courront les ruisseaux, ils y seront parés de bracelets d’or, vêtus de verts habits de fine soie et de brocart chatoyant, s’y reposant accoudés sur des sofas d’apparat ; quel excellent paiement, quel admirable accommodement !
  • 2. Narration
  1. Aussi, propose-leur la parabole de deux hommes. À l’un des deux Nous octroyâmes deux clos de vignes que Nous ceinturâmes de dattiers, entre les deux Nous disposâmes des cultures de plein champ.
  2. Ces deux jardins donnaient leur produit sans jamais lui faire défaut, Nous avions placé en leur sein un ruisseau s’écoulant.
  3. Vint pour lui la récolte et il dit à son compagnon avec qui il conversait : J’ai bien plus de bien que toi et je suis plus puissant par mes Gens !
  4. Il entra en son jardin, s’apprêtant à se léser lui-même… disant : Je ne pense pas que ceci puisse périr, en aucun temps.
  5. Je ne pense pas non plus que l’Heure survienne, et s’il advenait que je sois ramené à mon Seigneur, je ne trouverais point de meilleur remplacement !
  6. Débattant avec lui, son compagnon répondit : Ferais-tu montre d’ingratitude envers Celui qui t’a créé de terre et, ensuite, d’une goutte et, enfin, te modela humainement ?
  7. Pour moi, toutefois, Il est mon Seigneur et je n’associe rien à mon Seigneur, aucunement.
  8. En entrant dans ton jardin que n’as-tu dit : « C’est ce que Dieu a voulu, il n’y a de force qu’en Lui. » Si tu me vois, moi, moins nanti que toi en biens et en enfants,
  9. il se pourrait donc que mon Seigneur me donne mieux que ton jardin sur lequel de plus Il expédierait du ciel un fléau et qu’alors au matin il ne soit plus qu’un terrain glissant,
  10. à moins qu’il arrive que tu ne puisses retrouver son eau disparue sous terre, profondément.
  11. Or, sa récolte fut anéantie, et le voilà se tordant les mains en raison de ce qu’il y avait investi cependant qu’il n’était plus que ruines et treilles effondrées. Il s’exclama : Malheur ! Jamais je n’aurais dû donner d’associé à mon Seigneur, aucunement.
  12. Il n’y eut pas de ligue pour le secourir contre Dieu, il ne put de lui-même être triomphant.

 

  1. – En pareil cas, l’assistance ne peut venir que de Dieu le Réel. Il est le meilleur en paiement, le meilleur en ce qui est résultant.

وَاصْبِرْ نَفْسَكَ مَعَ الَّذِينَ يَدْعُونَ رَبَّهُمْ بِالْغَدَاةِ وَالْعَشِيِّ يُرِيدُونَ وَجْهَهُ وَلَا تَعْدُ عَيْنَاكَ عَنْهُمْ تُرِيدُ زِينَةَ الْحَيَاةِ الدُّنْيَا وَلَا تُطِعْ مَنْ أَغْفَلْنَا قَلْبَهُ عَنْ ذِكْرِنَا وَاتَّبَعَ هَوَاهُ وَكَانَ أَمْرُهُ فُرُطًا (28) وَقُلِ الْحَقُّ مِنْ رَبِّكُمْ فَمَنْ شَاءَ فَلْيُؤْمِنْ وَمَنْ شَاءَ فَلْيَكْفُرْ إِنَّا أَعْتَدْنَا لِلظَّالِمِينَ نَارًا أَحَاطَ بِهِمْ سُرَادِقُهَا وَإِنْ يَسْتَغِيثُوا يُغَاثُوا بِمَاءٍ كَالْمُهْلِ يَشْوِي الْوُجُوهَ بِئْسَ الشَّرَابُ وَسَاءَتْ مُرْتَفَقًا (29) إِنَّ الَّذِينَ آَمَنُوا وَعَمِلُوا الصَّالِحَاتِ إِنَّا لَا نُضِيعُ أَجْرَ مَنْ أَحْسَنَ عَمَلًا (30) أُولَئِكَ لَهُمْ جَنَّاتُ عَدْنٍ تَجْرِي مِنْ تَحْتِهِمُ الْأَنْهَارُ يُحَلَّوْنَ فِيهَا مِنْ أَسَاوِرَ مِنْ ذَهَبٍ وَيَلْبَسُونَ ثِيَابًا خُضْرًا مِنْ سُنْدُسٍ وَإِسْتَبْرَقٍ مُتَّكِئِينَ فِيهَا عَلَى الْأَرَائِكِ نِعْمَ الثَّوَابُ وَحَسُنَتْ مُرْتَفَقًا (31) وَاضْرِبْ لَهُمْ مَثَلًا رَجُلَيْنِ جَعَلْنَا لِأَحَدِهِمَا جَنَّتَيْنِ مِنْ أَعْنَابٍ وَحَفَفْنَاهُمَا بِنَخْلٍ وَجَعَلْنَا بَيْنَهُمَا زَرْعًا (32) كِلْتَا الْجَنَّتَيْنِ آَتَتْ أُكُلَهَا وَلَمْ تَظْلِمْ مِنْهُ شَيْئًا وَفَجَّرْنَا خِلَالَهُمَا نَهَرًا (33) وَكَانَ لَهُ ثَمَرٌ فَقَالَ لِصَاحِبِهِ وَهُوَ يُحَاوِرُهُ أَنَا أَكْثَرُ مِنْكَ مَالًا وَأَعَزُّ نَفَرًا (34) وَدَخَلَ جَنَّتَهُ وَهُوَ ظَالِمٌ لِنَفْسِهِ قَالَ مَا أَظُنُّ أَنْ تَبِيدَ هَذِهِ أَبَدًا (35) وَمَا أَظُنُّ السَّاعَةَ قَائِمَةً وَلَئِنْ رُدِدْتُ إِلَى رَبِّي لَأَجِدَنَّ خَيْرًا مِنْهَا مُنْقَلَبًا (36) قَالَ لَهُ صَاحِبُهُ وَهُوَ يُحَاوِرُهُ أَكَفَرْتَ بِالَّذِي خَلَقَكَ مِنْ تُرَابٍ ثُمَّ مِنْ نُطْفَةٍ ثُمَّ سَوَّاكَ رَجُلًا (37) لَكِنَّا هُوَ اللَّهُ رَبِّي وَلَا أُشْرِكُ بِرَبِّي أَحَدًا (38) وَلَوْلَا إِذْ دَخَلْتَ جَنَّتَكَ قُلْتَ مَا شَاءَ اللَّهُ لَا قُوَّةَ إِلَّا بِاللَّهِ إِنْ تَرَنِ أَنَا أَقَلَّ مِنْكَ مَالًا وَوَلَدًا (39) فَعَسَى رَبِّي أَنْ يُؤْتِيَنِ خَيْرًا مِنْ جَنَّتِكَ وَيُرْسِلَ عَلَيْهَا حُسْبَانًا مِنَ السَّمَاءِ فَتُصْبِحَ صَعِيدًا زَلَقًا (40) أَوْ يُصْبِحَ مَاؤُهَا غَوْرًا فَلَنْ تَسْتَطِيعَ لَهُ طَلَبًا (41) وَأُحِيطَ بِثَمَرِهِ فَأَصْبَحَ يُقَلِّبُ كَفَّيْهِ عَلَى مَا أَنْفَقَ فِيهَا وَهِيَ خَاوِيَةٌ عَلَى عُرُوشِهَا وَيَقُولُ يَا لَيْتَنِي لَمْ أُشْرِكْ بِرَبِّي أَحَدًا (42) وَلَمْ تَكُنْ لَهُ فِئَةٌ يَنْصُرُونَهُ مِنْ دُونِ اللَّهِ وَمَا كَانَ مُنْتَصِرًا (43) هُنَالِكَ الْوَلَايَةُ لِلَّهِ الْحَقِّ هُوَ خَيْرٌ ثَوَابًا وَخَيْرٌ عُقْبًا (44)

*****

– Le préambule de ce nouveau chapitre reste en lien avec ce qui précède. Il est adressé aux idolâtres polythéistes mecquois qui par le récit des Sept Dormants d’Éphèse qui comme nous l’avons mis en évidence rapportèrent au Prophète par leur version que le polythéisme triompha sur le monothéisme, ce qui équivaut à une menace indirecte. Il s’agit donc, après le rappel de la vérité des faits en question, de la réponse divine : l’Enfer et la dureté de son châtiment comme récompense du déni/kufr. Ce faisant, il est stipulé à ces détracteurs que de plus et par opposition le Paradis, c.-à-d. le véritable triomphe, sera l’apanage de ceux-là mêmes qu’ils pensaient voués à l’échec, vs30-31.

– « Attache ton âme à la compagnie de ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir, désirant Sa “Face”. Tu n’as pas à porter ton regard au-delà d’eux par désir du faste de la vie d’ici-bas pas plus qu’à céder à celui dont Nous avons rendu le cœur oublieux de Notre rappel et qui, suivant ses passions, s’est conduit outrancièrement, », v28.

Ici, la formulation « tu n’as pas à » ne signifie pas que le Prophète aurait fait ce qui est ici mentionné ou même qu’il y aurait songé. Il ne s’agit que d’un procédé rhétorique identique à celui que nous avons explicité en S6.V52 : « ne t’éloigne pas de ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir, désirant Sa “Face”. Il ne t’incombe en rien de leur demander compte pas plus qu’il ne leur incombe de te demander compte. » D’autre part, le segment « celui dont Nous avons rendu le cœur oublieux de Notre rappel » désigne les idolâtres, mais n’implique pas que Dieu soit la cause de leur état, ce n’est là que la conséquence de leur déni ; sur ce point voir en S2.V7 et entre autres exemples en S6.V25 et S17.V46. Au demeurant, il est ici précisé que celui qui déni suit « ses passions ». De plus, une telle affirmation serait directement en contradiction avec le principe énoncé immédiatement au v29 : « qui veut croit, et qui veut dénie ». Pour autant, cette évidence textuelle plaidant manifestement pour le Libre arbitre n’empêche en rien l’Exégèse de supposer que Dieu est bien le responsable de l’oubli des cœurs et de la déviation de la foi des dénégateurs. Elle cherche par cette mésinterprétation manifeste à étayer sa thèse de la Prédestination divine absolue de toutes choses, y compris donc s’agissant de croire en Lui ou non.

– « et dis : La Vérité vient de votre Seigneur. En conséquence, qui veut croit, et qui veut dénie. Certes, Nous avons préparé pour les iniques un feu dont les tourbillons les encercleront, et lorsqu’ils imploreront assistance ils seront secourus d’une eau semblable à de la poix liquide ébouillantant les êtres. Quel détestable breuvage, quel mauvais accommodement ! », v29.

Le principe « qui veut croit, et qui veut dénie » est essentiel dans la théologie de la foi coranique : l’Homme est libre de croire ou non, il dispose de son libre arbitre et devient par conséquent pleinement responsable de ses choix et, en particulier, en matière de foi/īmān ou de non-foi/kufr. C’est ce postulat coranique qui fondamentalement garantit que le Jugement dernier aura lieu en toute équité. Nous discutons régulièrement de ce point capital, ex : S2.V26 ; S2.V256, S10.V99-100 ; S16.V9. Cette autonomie de l’Homme vis-à-vis de sa foi repose sur deux axes majeurs. Le premier vient d’être évoqué : la liberté ontologique à l’Homme, nous explicitons ce principe en Destin et Libre arbitre selon le Coran et en Islam, voir S2.V272 et S2.V284. Le second est le concept de Foi ontologique propre au Coran. Il s’appuie sur le Pacte primordial exposé en S7.V172, pacte archétypal selon lequel Dieu a conféré à tout être humain la conscience de Son existence. Cette connaissance est donc innée et elle est ontologique à l’Homme, d’où le concept de Foi ontologique. Sur ce point voir S7.V172 et Foi et non-foi, īmān et kufr selon le Coran et en Islam. Ainsi, chaque être est libre d’accepter cette Foi et, ce faisant, il acquiert une foi personnelle, il devient croyant/mu’min. Il est tout aussi libre de la dénier cette Foi et devient ainsi dénégateur, c.-à-d. kāfir ou dénégateur de la Foi ontologique. Ceci suppose que la Foi ontologique ne soit pas contraignante, qu’elle ne commande pas à l’Homme afin qu’il puisse de lui-même se déterminer : « qui veut croit, et qui veut dénie ». Cet attendu logique est aussi exprimé par le Coran : « nulle contrainte/ikrāha en la Foi, car la droiture se distingue clairement du dévoiement », S2.V256. La Foi ontologique ne s’impose point à l’Homme, mais c’est l’Homme qui s’y oppose. Conséquemment, la Guidée de Dieu n’a de même aucun caractère coercitif. Inversement, il en découle que Dieu pas plus qu’Il ne guide qui Il veut, n’égare qui Il veut, cf. S2.V284. Contrairement à la mésinterprétation exégétique classique du v28 et d’autres propos équivalents, il n’est donc pas envisageable que ce soit Dieu qui rende les cœurs « oublieux », v28. Ce n’est là que l’effet résultant du déni de celui qui détourne son cœur de la Foi ontologique qu’il sait être en lui. En par « la Vérité vient de votre Seigneur », la « Vérité » est donc la Foi ontologique que Dieu en Son infinie grâce et Sa parfaite justice a placée dans le cœur de tous les Hommes.

– « Aussi, propose-leur la parabole de deux hommes. À l’un des deux Nous octroyâmes deux clos de vignes que Nous ceinturâmes de dattiers, entre les deux Nous disposâmes des cultures de plein champ. », v32.

À la différence du récit des « Compagnons de la caverne » présenté comme le rapport de faits réels : « Nous, Nous allons te conter leur véritable histoire », v13, ce Chapitre II propose explicitement une « parabole/mathal ». De la sorte est présentée une variation sur le thème de cette Partie I : apparences et réalité. Les apparences sont trompeuses, l’abondance éphémère et l’envers du décor sont toujours proches. Rien n’est durable, les apparences ne témoignent pas d’une réalité stable. Le tour est nettement théologique, mais aussi philosophique ; pour saisir la réalité au-delà des apparences il faut se remémorer que ce monde qui nous semble réel est entre les mains de Dieu, lequel peut le défaire aussi aisément qu’Il l’a fait. L’Homme n’a aucun pouvoir sur le monde où il vit passagèrement, il se réjouit trop vite et trop fort de ce qu’il possède, ou lui semble posséder, et cet acte d’orgueil sera toujours la cause de sa perte, que ce soit ici-bas ou en l’Au-delà. Lorsque Dieu le favorise de Ses richesses, l’Homme s’arroge les attributs du divin se pensant alors maître de la réalité alors qu’il n’est qu’en apparence le maître des apparences : « Vint pour lui la récolte et il dit à son compagnon avec qui il conversait : J’ai bien plus de bien que toi et je suis plus puissant par mes Gens ! », v34. Ce bref commentaire nous permet de comprendre qu’il ne soit pas dit : « la parabole des deux jardins », mais « la parabole des deux hommes ».

 

– « Je ne pense pas non plus que l’Heure survienne, et s’il advenait que je sois ramené à mon Seigneur, je ne trouverais point de meilleur remplacement ! », v36.

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Par « point de meilleur remplacement/muqalaban » le locuteur idolâtre signifie : je pense que l’Au-delà dont tu me parles ne pourrait rien m’offrir qui me serait plus agréable que ce je possède ici-bas. Bien que cet homme-type évoque l’Au-delà/l’Heure et son « Seigneur », c’est plutôt pour en écarter, non pas l’existence, mais l’importance. Il exprime ainsi le matérialisme par excellence, l’exemple de celui qui pense qu’il est le seul maître de ses biens et que sa richesse provient uniquement de son propre travail et lui revient donc de droit. Il ne vit qu’ici-bas, quand bien même se dirait-il croyant, et il n’a pas d’autres perspectives. En cela, il ne diffère pas de ceux dont il a été dit : « Tu trouveras certainement qu’ils sont les gens les plus avides de vivre, plus encore que ceux qui associent à Dieu des divinités. Tel d’entre eux aimerait qu’on le fasse prospérer “mille ans”, mais la longévité ne saurait l’arracher au Tourment ; Dieu voit clairement ce qu’ils œuvrent. », S2.V96. Le croyant matérialiste ne veut pas que sa foi interfère avec sa soif de ce qui lui semble être réalité et y mettre des limites. Il pense que les propos théologiques et éthiques de la foi quant à la Réalité de l’Au-delà ne sont que des apparences et que ce dont il jouit est la seule réalité, car tangible. Le deuxième des « deux hommes » apparaît quant à lui le modèle du croyant véridique dont le système de valeurs est l’opposé et qui comprend que ce monde et ses attraits ne sont qu’apparences, la seule véritable Réalité étant l’Autre-Monde.

– « Débattant avec lui, son compagnon répondit : Ferais-tu montre d’ingratitude envers Celui qui t’a créé de terre et, ensuite, d’une goutte et, enfin, te modela humainement ? », v37.

Par « une goutte/nuṭfa », il ne s’agit pas nécessairement du sperme fécondant, mais tout autant de l’ovule, ou le plus souvent un ovule fécondé par un spermatozoïde, cf. S23.V13. Notons qu’en tant que parabole, il est cohérent que le discours du croyant type reprenne des éléments de langage spécifiquement coraniques. De ce qui précède, il ressort que le verbe kafara ne signifie pas ici dénier, mais être ingrat : « ferais-tu montre d’ingratitude ».

– « Pour moi, toutefois, Il est mon Seigneur et je n’associe rien à mon Seigneur, aucunement. », v38.

L’homme en question ne se déclare pas polythéiste au sens religieux, voir au v32, c’est donc le rapport matérialiste aux apparences de ce monde qui est qualifié de polythéisme. Nous retrouvons ici la définition profonde de l’idolâtrie ou polythéisme/shirk selon le Coran : s’associer, voire se substituer, à Dieu dans notre rapport au monde, l’idolâtre est donc un egolâtre. Tel est le penchant de l’Homme lorsque comme présentement il se sent en apparence sûr de ses biens et de sa puissance, le croyant fournit donc un effort contre cette auto-adoration substitutive de soi : l’egolâtrie. Cette séquence illustre parfaitement la définition fondamentale du polythéisme : « que penses-tu de celui qui prend comme divinité sa passion », S45.V23. Voir notre discussion en S4.V116 ainsi qu’aux renvois suivants : S2.V22 ; S25.V43 ; S53.V23.

– « En entrant dans ton jardin que n’as-tu dit : « C’est ce que Dieu a voulu, il n’y a de force qu’en Lui. » Si tu me vois, moi, moins nanti que toi en biens et en enfants, », v39.

La phrase « c’est ce que Dieu a voulu/mā shā’ allāh, il n’y a de force qu’en Lui/lā quwwata illā bi-llā» est passée à la postérité, ce faisant elle a été surinvestie en significations. Contextuellement, elle signifie seulement que l’Homme en général, le croyant en particulier, doit rendre à Dieu ce qui lui appartient, c.-à-d. tout ce dont nous bénéficions et ne pas se prétendre le César de ses possessions.

– « En pareil cas, l’assistance ne peut venir que de Dieu le Réel. Il est le meilleur en paiement, le meilleur en ce qui est résultant. », v44.

Il s’agit de la deuxième conclusion signalant soit un changement de chapitre soit et comme ici en plus la fin de la Partie I, voir v27. Thématiquement et contextuellement, l’attribut al–ḥaqq prend pour sens « le Réel ». Il qualifie Dieu en tant que seule Réalité vraie et l’ensemble de Sa manifestation-Création n’est en conséquence qu’apparences.

*****

Dr al Ajamî

[1] Pour notre Exégèse Littérale du Coran, cf. https://www.alajami.fr/ouvrages/

[2] Pour notre Traduction littérale du Coran, cf. https://www.alajami.fr/produit/le-coran-le-message-a-lorigine/

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