L’effervescence malsaine du moment a presque failli occulter la vive controverse suscitée Outre-Atlantique par le milliardaire conservateur Mitt Romney, dont les récents propos infâmes contre les Palestiniens ont trahi un racisme viscéral et reflété un parti pris résolument pro-israélien, donnant ainsi des gages supplémentaires à Israël et à l’influent lobby sioniste l’AIPAC, si jamais ils en doutaient, de sa loyauté sans faille.
Avec l’ancien gouverneur du Massachusetts propulsé au sommet de la première puissance mondiale, c’est l’assurance que le très fragile processus de paix sera définitivement torpillé, puisque, selon sa conception des rapports de force en jeu dans la région, les Palestiniens sont hostiles à la paix.
Cette petite phrase éloquente, et sans ambages, a été lancée lors d’une réunion de levée de fonds filmée à son insu, et publiée dans son intégralité par le magazine de gauche Mother Jones. Pour le principal rival d’Obama à la Maison Blanche, les Palestiniens "ne s’intéressent absolument pas à la paix" avec Israël, et "un cheminement vers la paix est presque absolument impensable". Autant dire que si le champion des républicains est élu, le processus de paix sera relégué aux oubliettes de l'histoire, comme il l'a lui-même confessé, tout en fustigeant la stratégie "d’apaisement" de l’administration démocrate dans le dossier nucléaire iranien.
Dans la même vidéo diffusée mardi, le candidat à l’élection suprême affirme que "l’idée de faire pression sur les Israéliens pour qu’ils donnent quelque chose aux Palestiniens en échange de gestes (de ces derniers) est la pire idée du monde".
Ces déclarations intolérables ont provoqué des remous au sein de l’Autorité palestinienne, qui s’est insurgée contre des assertions fallacieuses et délétères : "nous considérons ces déclarations comme absolument inacceptables", a réagi avec vigueur M. Erakat, le négociateur palestinien, en assurant avec force : "Personne n’a davantage intérêt à la paix que les Palestiniens".
Mitt Romney s’est déjà taillé une belle réputation auprès des responsables palestiniens, mais ce n’est pas sa volonté de pacifier le conflit équitablement qui a marqué les esprits. Bien au contraire, ce sont ses déclarations jugées "racistes" qui ont jeté le trouble et mis les nerfs à vif de ses interlocuteurs palestiniens, notamment au cours de sa visite à Jérusalem, fin juillet. Le présidentiable républicain avait en effet prétendu que l’écart entre leur niveau économique et celui d’Israël s’expliquait par une différence de "culture", s’attirant les foudres des Palestiniens lorsqu’il a qualifié la Ville Sainte de "capitale d’Israël".
Barack Obama, quant à lui, boit du petit lait devant les bourdes à répétition et quasi rédhibitoires de son concurrent direct, missionnant son porte-parole Jay Carney pour tirer sur l’ambulance : les propos de M. Romney trahissent un manque de "leadership" a critiqué ce dernier en conférence de presse, promettant de faire tout le contraire de Romney : "Le président travaille sur ce dossier depuis le début de son mandat. C’est une question difficile, mais en fin de compte la paix entre les Israéliens et les Palestiniens (…) est dans les intérêts des Israéliens et des Palestiniens, et dans les intérêts des Etats-Unis d’Amérique. Et le président continuera à la rechercher."
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