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Les musulmans de Québec traumatisés par l’attentat terroriste meurtrier qui a frappé leur grande mosquée

Les mots ont été lâchés par Justin Trudeau, le Premier ministre canadien en personne, qui a condamné avec vigueur un « attentat terroriste », qualifiant ainsi, sans mots couverts ni faux fuyants, l’ignoble attaque meurtrière qui a pris pour cible, dimanche soir, le Centre culturel islamique de Québec.

Avec une profonde consternation mais sans les sempiternelles circonlocutions de la langue de bois officielle qui évitent d’ordinaire, très consciencieusement, de s’émouvoir de l’horreur du terrorisme quand les musulmans tombent sous ses balles, les gouvernements du Canada et de la Belle Province, cruellement endeuillée, se sont indignés contre cette fusillade sanglante derrière laquelle se dissimulent les mains criminelles d’un terrorisme sauvage et ciblé, frappant mortellement six fidèles en train de se recueillir et en blessant huit autres, dont six très grièvement.

Joignant le geste à la parole, c’est la structure de gestion policière contre le terrorisme qui a été déployée à la demande du ministre québécois de la Sécurité publique, Martin Coiteux, sous les yeux hagards et terrifiés des membres de la communauté musulmane locale qui ont survécu à ce massacre planifié, mais aussi de leurs proches, amis, voisins accourus sur place, envahis par l’anxiété.   

Même si la tête de porc déposée, au cours du Ramadan 2016, devant l’une des portes principales du lieu de culte, plus connu sous le nom de grande mosquée de Québec, et les tracts orduriers distribués simultanément dans les boîtes aux lettres étaient le sombre présage d’une islamophobie viscérale passée à l’acte, personne, dans et en dehors de la sphère musulmane, ne pouvait alors imaginer que cette offensive à caractère haineux culminerait, quelques mois plus tard, dans un carnage insoutenable.

« C'était un film de science-fiction, c'était un carnage total. Ils étaient sur le point de sortir de la prière et ils ont été surpris par quelqu'un qui est entré subitement avec, apparemment, un pistolet automatique. Les gens n'ont rien compris, ils ont paniqué », a relaté M. Nadji, un témoin sous le choc. « Les gens qui sont morts, ce sont ceux qui ont essayé d'intervenir pour arrêter la personne », a-t-il précisé, submergé par l’émotion.

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Anéanti par ce drame absolu qui a coûté la vie à plusieurs de ses amis, Maged El Makssoud a été saisi d’effroi en apprenant que l’innommable s’était produit dans sa mosquée et au pays de l’érable, là où, depuis douze ans, il fait bon vivre pour les musulmans et pour les siens, comme il l’assure avec accablement.

« On est sous le choc. J’espère que ce sera un acte isolé. C’est terrible pour la ville, pour le pays, les citoyens, pas juste pour les musulmans, parce qu’on aime beaucoup notre ville. On partage les mêmes valeurs, on vit bien ici. Un de mes amis qui est décédé avait choisi ce pays parce qu’il l’aimait vraiment », a-t-il souligné.

Profondément traumatisé, il y aura un avant et un après dimanche 29 janvier 2017 pour Mohamed Oudghiri, un fidèle installé depuis plus de 40 ans à Québec où il a coulé des jours heureux en famille, qui envisage très sérieusement de regagner sa terre natale, le Maroc.

« Ça fait 42 ans que je vis ici et, malgré ce qui se passe aux États-Unis et ailleurs, on n’a jamais cultivé la haine des autres. Je me sens Québécois avant tout. J’ai quatre enfants, ils sont nés ici, ils se sont mariés ici, ils ont des enfants ici, mais je ne risquerai pas ma vie. On ne se sent plus en sécurité », a-t-il confié, la mort dans l’âme.

De Québec à Ottawa, en passant par Montréal, Trois Rivières et Saguenay, des veillées aux chandelles rendront hommage aux victimes musulmanes dont le destin a été foudroyé un dimanche noir de fin janvier, dans la rigueur hivernale, à l’intérieur du havre de paix que représente une enceinte sacrée.

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