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Les musulmans autrichiens se mobilisent pour protester contre la nouvelle « loi islamique »

Révisée dans le huis clos du pouvoir, hors des regards et surtout à l’abri de la légitime incompréhension que son durcissement aurait immanquablement suscitée, la nouvelle mouture de la « loi islamique autrichienne », qui parsème de restrictions le texte original vieux de cent ans, a finalement provoqué ce que son élaboration sans concertation cherchait à éviter à tout prix : la levée de boucliers des instances représentatives du culte musulman, qui dénoncent une violation caractérisée des droits des musulmans de nature à alimenter les pires fantasmes à leur sujet.

Alors que le gouvernement fédéral a apporté, en catimini, la touche finale à un projet de loi dont l’adoption, planifiée en janvier prochain, et l’entrée en vigueur, prévue en février, ne devraient être qu’une simple formalité, les dirigeants musulmans montent au créneau pour condamner la méthode employée et le but visé, appelant instamment la communauté à se mobiliser dans une pétition qui sera soumise au Parlement. Plus de 200 000 signataires ont déjà apposé leur paraphe indigné, espérant peser de tout leurs poids dans un processus démocratique qui s’autorise à prendre la démocratie délibérative par-dessus la jambe lorsqu’il s’agit de régenter la deuxième religion du pays.

"Il est inacceptable que le gouvernement ait préparé et envoyé le projet de loi au Parlement sans tenir compte de notre point de vue. Il viole ni plus, ni moins, les droits de 600 000 Autrichiens qui passent plus que jamais pour des citoyens de seconde zone aux yeux de tous", s’est emporté Mouddar Khouja, fondateur de l'Initiative des musulmans d'Autriche, lors d'une conférence de presse qui a eu lieu lundi 15 décembre.

De son côté, le président d’origine turque de l’Union islamique d’Autriche, Fatih Karadas, n’a pas eu de mots assez forts pour s’insurger contre un procédé arbitraire, sa sombre finalité et ses répercussions délétères dans l’opinion, en annonçant que le projet de loi devrait examiné en cellule de crise, le 21 décembre, au cours d’une réunion extraordinaire organisée par Mouddar Khouja.

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Regorgeant d’interdits stricts, la « loi islamique autrichienne » revue et corrigée dans la tour d’ivoire du Bundesregierung proscrit entre autres le financement des organisations musulmanes par des fonds de l’étranger, ce qui affectera directement les imams officiant sur le territoire national mais rémunérés par la Turquie, lesquels ne pourront plus renouveler leur visa une fois arrivé à expiration. La fermeture de la faculté théologique de l’université de Vienne est également au programme, au profit de la création de deux facultés distinctes enseignant l’Alévisme, reconnu officiellement par l'Etat autrichien en 2013, dont le berceau fut la Turquie.

"Actuellement, quelque 300 imams travaillent dans le pays, dont 65 sont des chercheurs turcs. En outre, les mosquées de moins de 300 membres n’auront d’autre choix que de fermer leurs portes d’ici à un an, tandis que celles de plus de 300 membres devront s’enregistrer en tant qu'entité juridique. La sécurité et les pratiques anti-démocratiques qui justifient l’amendement d’une loi centenaire ont bon dos !", a poursuivi Mouddar Khouja, en ne cachant pas sa vive inquiétude pour le présent de ses coreligionnaires et l’avenir des générations futures, à la perspective d’une loi qui, outre son ingérence autoritaire dans le culte musulman, contribue à entretenir l’image menaçante qui colle à la peau des musulmans, en Autriche comme ailleurs sur le Vieux Continent.

 

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