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Les géants du tabac voulaient changer la théologie islamique pour cibler les musulmanes

La puissante industrie du tabac n’apprécie guère que les volutes de fumée bleue se raréfient dans le monde occidental, et avec elles de juteux profits, à mesure que les cigarettes s’effacent du paysage sous l’effet percutant de grandes campagnes de santé publique.

Loin d’avoir brûlé ses dernières cartouches et toujours à l’affût de nouveaux marchés à intoxiquer, Big Tobacco, qui ne voue un culte qu’au Dieu business, mène une guerre de conquêtes particulièrement agressive jusqu’à s’attaquer au monde musulman, en lançant une offensive théologique aussi impensable que nuisible.

La fin justifiant les moyens, les requins de cette industrie dont l’âge d’or semble être derrière elle, et même parti en fumée, ont décidé de promouvoir le tabagisme sur des terres où il est illicite, mais qui s’avèrent d’une importance cruciale pour l’avenir des compagnies de tabac transnationales, avec ce raffinement de machiavélisme à l’aune d’un marketing sans foi ni loi : faire de la gent féminine musulmane l’un des cœurs de cible prioritaires sous couvert de la libérer du joug du patriarcat et de la religion.

Cette redoutable stratégie, qui ne s’embarrasse guère de considérations éthiques, a été dévoilée par une étude internationale réalisée en 2014 au Canada, au titre éloquent  « Efforts de l’industrie du tabac pour contrer la menace perçue dans l’Islam », et publiée dans la dernière édition de l'American Journal of Public Health. Et force est de constater que les têtes pensantes de cette industrie ne ménagent pas leurs efforts pour alimenter le fantasme du péril vert, à travers une équation qui laisserait pantois si elle ne suintait le cynisme sans limite des cigarettiers : établir un lien de cause à effet entre l’abstinence du tabac dans la galaxie musulmane et l’extrémisme, voire le fanatisme islamiste, afin de procéder à une nouvelle invasion et déstabilisation des pays arabo-musulmans à coups de paquets de cigarettes commercialisés par milliers.

Ne reculant devant aucune supercherie et usant de stratagèmes pernicieux, l’industrie du tabac est allée jusqu’à recruter des consultants islamiques pour démentir les arguments théologiques opposés par de hauts dignitaires religieux. L’addiction au tabac est ainsi devenue islamiquement correcte dans leur bouche, et presque parée de bienfaits insoupçonnés mais dont on ignore toujours à quelle source scripturaire ils ont été puisés pour enfumer les cerveaux…

"Le document montre comment l'industrie du tabac a cherché à déformer les croyances et les dogmes de ces communautés, et à les réinterpréter à travers le prisme du mercantilisme pour servir ses propres intérêts et vendre  un produit qui tue la moitié de ses clients", a fustigé Kelley Lee, un professeur émérite des sciences de la santé de l'Université Simon Fraser, située dans la province canadienne de la Colombie-britannique, et co-auteur de l'étude qui, avec nombre d’autres chercheurs, a passé au peigne fin des décennies d’archives au sein de la Bibliothèque de l’Université de Californie et du dépositaire Guilford, près de Londres. Des archives qui ont été citées dans les  procès retentissants intentés par pas moins de 46 Etats américains contre sept grandes, omnipotentes et réputées invincibles organisations de l’industrie du tabac.

Ainsi on apprend que dès 1979, la British American Tobacco, l’un des mastodontes de la production de tabac et de cigarettes à l’échelle planétaire, s’intéressait déjà au dogme islamique pour mieux l’altérer, en lorgnant avec cupidité sur ces terres musulmanes source d’une rentabilité inespérée. En 1983, à l’issue de la Conférence mondiale sur le tabagisme et la santé qui eut pour cadre la capitale du Manitoba, à l’ouest du Canada, les cigarettiers firent cause commune pour encadrer la lutte anti-tabac dans le cadre de l’extrémisme religieux, en vertu du plan appelé « le projet de Winnipeg ».  Le Conseil canadien des fabricants de tabac avait alors tendu une main guère innocente au Département d'études islamiques à l'Université McGill, en vue de sceller l’improbable rapprochement de la nicotine, au pouvoir terriblement addictif, et de la théologie islamique.

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Dans cette soif de conquêtes inassouvie, l’industrie du tabac n’aura pas tergiversé longtemps avant de jeter son dévolu sur une clientèle féminine au potentiel inexploité, en conférant à la cigarette de fabuleuses vertus émancipatrices, mais en passant sous silence la dépendance très aliénante qu’elle entraîne…

Le professeur Kelley Lee reconnaît, en le déplorant vivement comme nombre de ses collègues, que le marketing agressif, voire guerrier, mené tambour battant par l’industrie du tabac a réussi à faire une percée notable dans les pays musulmans, notamment en Indonésie (voir photo ci-dessus illustrant une femme devant son petit étal de cigarettes), où la cigarette fait littéralement un tabac auprès de 60% de la la population masculine.

"L'expression 'rien de sacré' vient tout de suite à l'esprit quand on évoque l’offensive des géants du tabac en terre musulmane", a-t-il commenté sur un ton très critique, en précisant que les autres groupes religieux, tels que les catholiques et les juifs, n’ont pas été épargnés non plus par les assauts féroces des cigarettiers, à l’heure où fumer comme un pompier fait craindre le pire dans un Occident soucieux de faire de vieux os et de ne pas brûler la chandelle par les deux bouts…

Par la rédaction.

 

 

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