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Les Français peu enclins à une intervention française en Syrie

L’extrême complexité du cas syrien, dont les soubresauts sanglants alimentent tous les JT, sans que l’opinion ne soit pour autant capable de démêler l’écheveau quasi inextricable du conflit, saisit d’effroi, mais interpelle aussi grandement. 

Faut-il sortir l’artillerie lourde occidentale, et notamment française, pour faire taire les armes ? Faut-il reproduire l’offensive libyenne, dont la dimension humanitaire, louée à toutes les tribunes par la coalition internationale, a pris un virage à 180 degrés pour s’enfoncer dans la «guerre humanitaire» , sous la houlette de BHL, avec Sarkozy le président du clinquant mué en chef de guerre ?

Les avis des Français sont mitigés sur cette délicate question, tiraillés par leur vive émotion à la vue d’images insoutenables, et par leur maturité politique qui sait, malgré tout, tirer les enseignements d’une propagande Sarkozyste va-t-en-guerre.

Le sondage réalisé par l’Ifop met en lumière ce dilemme, qui  conduit  52% des personnes interrogées à se prononcer en faveur d’une intervention militaire des Nations Unies en Syrie, soit un recul notable de six points par rapport à la même question posée en mai dernier, alors qu’une nette majorité, soit 61%, se déclare résolument hostile à un engagement militaire de la France. 

Les hommes (54%) sont plus en faveur d’une intervention militaire onusienne que les femmes (51%), et les sympathisants de gauche (64%) nettement plus que ceux de droite (42%). Les sympathisants du Front national s'y opposent avec la plus grande fermeté (71%).

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Chez les sympathisants de gauche (55%) comme de droite (64%), une nette majorité se dégage contre une participation de la France. Les sondés proches du Front national sont là encore les plus opposés (80%).

Ces résultats, poursuit l’institut, «sont comparables à ceux enregistrés avant le déclenchement de l’intervention en Libye (36% en mai 2011)», même si l’opinion avait été ensuite emportée par "un réflexe patriotique",en grande partie conditionné par  "les premiers résultats positifs des frappes aériennes, dans un soutien très majoritaire à l’opération".

Dans un entretien accordé au magazine Sud-Ouest Dimanche, Pascal Boniface, directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), voit dans cette réticence à l'égard d'une ingérence militaire française, la clairvoyance de l’opinion qui "est consciente qu'il n'existe pas de solution miracle ou rapide, contrairement à ce que certains aiment à penser ou à faire croire. Entre ceux qui pensent qu'une opération militaire extérieure peut clarifier la situation en Syrie et ceux qui craignent que cela ne l'améliorerait pas, il y a un partage".

Pour le chercheur, expert en géopolitique, il ne fait pas l'ombre d'un doute que les citoyens sondés font l’analogie avec la Libye et l’Afghanistan : "Oui, ces exemples sont dans les mémoires. Dans le cas afghan, ce fut un bourbier dont on a mis des années à s'extraire après beaucoup de difficultés. Dans le cas libyen, la victoire était au bout, mais elle a été obtenue sans intervention terrestre, et la réussite militaire ne présage pas de ce que va devenir la Libye. L'opinion n'est pas dans le « y a qu'à, faut qu'on… », il y a une vraie interrogation. Et probablement la conscience que la comparaison entre la Libye et la Syrie – deux pays arabes, deux dictateurs contre lesquels une majorité du peuple se révolte – n'est pourtant pas pertinente."

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