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Les femmes saoudiennes, mariées secrètement, se battent pour la déclaration de naissance de leurs enfants

Dans une Arabie saoudite où il n’est plus rare de contracter des mariages Misyar, souvent secrètement et temporairement, pour ne pas dire qu’ils ont carrément le vent en poupe, les cas de femmes qui se heurtent au refus de leur époux de déclarer la naissance des enfants nés de leur union se multiplient, au grand dam de la Commission des droits de l’homme (HCR).

Face à cette situation qui ne cesse d’empirer, à mesure que les mariages Misyar constituent une option de plus en plus prisée par les Saoudiens, dont beaucoup arguent qu’ils ne peuvent pas supporter le poids financier élevé d’un mariage traditionnel  – le mariage Misyar dispense notamment le mari de tout engagement financier vis-à-vis de son épouse – Saleh Sarhan Al-Ghamdi, le directeur de la Commission basée à Djeddah, tire aujourd’hui la sonnette d’alarme.

Après les avoir dûment répertoriés pendant trois ans, celui-ci s’insurge contre la recrudescence de ces cas, leur absence totale de signalement, les graves conséquences qu’ils entraînent pour les enfants, tout en attirant l’attention des autorités sur la profonde détresse dans laquelle ils plongent des épouses condamnées à rester dans l’ombre, abandonnées à leur triste sort.

« Le refus d’un père de déclarer la naissance de son enfant est une violation flagrante de ses droits et hypothèque son avenir », dénonce vigoureusement Saleh Sarhan Al-Ghamdia. Ne craignant pas de jeter un gros pavé dans la mare de l’hypocrisie qui entoure ces unions scellées en catimini, il monte au créneau pour appeler à y remédier instamment. « Ces refus d’enregistrer leurs enfants vont en faire des apatrides à vie, privés de papiers d’identité officiels », alerte-t-il avec force.

Une femme saoudienne, totalement désemparée, s’est récemment tournée vers la Commission des droits de l’homme dirigée par Saleh Sarhan Al-Ghamdia pour porter plainte contre son mari, affirmant qu’elle est « secrètement mariée à un homme saoudien qui refuse de remplir les formalités administratives pour déclarer la naissance de leur petit garçon de 5 ans ».

« Ces types de mariages sont très courants et populaires ici, en Arabie Saoudite. Ils sont pratiques pour les hommes mais extrêmement dangereux pour les femmes. Elles souffrent en silence », a souligné pour sa part Reema, une travailleuse sociale saoudienne engagée dans la défense des droits des femmes.

« Les mariages Misyar ne garantissent aucun droit aux femmes. Quand une mariée signe ce contrat, elle accepte de renoncer à un certain nombre de droits qui lui seraient normalement accordés. J’ai travaillé avec plusieurs femmes qui se sont mariées en secret et la plupart n’ont pas pu enregistrer leurs enfants légalement », déplore-t-elle grandement.

A l’unisson de Saleh Sarhan Al-Ghamdia qui exhorte les autorités à encadrer juridiquement des unions qui font de nombreuses petites victimes innocentes, elle pousse un cri d’alarme : « Il est urgent et crucial que ces femmes puissent bénéficier de tout le soutien juridique possible ».

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4 commentaires

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  1. L’hypocrisie poussée à son paroxysme. Les Ulamas saoudiens autorisent ce genre de pratique pour ne pas avoir à légaliser la prostitution.
    Si on creuse un peu plus le sujet c’est toutes une sounna prophétique qui risque d’être déballée : zawaj mout’a (mariage temporaire) zawaj misyar (mariage de jouissance) notamment lorsque le prophète et ses compagnons étaient en voyage ou en expédition.
    Quelle différence avec de la prostitution dans un consentement mutuel ?

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