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Les femmes imams en Chine, une réalité historique

Arc-en-ciel d’origines, l’islam brille sous toutes les latitudes, éclairant le quotidien de 23 millions de fidèles dans la toute-puissante Chine, répartis dans les provinces du Xinjiang, du Ningxia, du Gansu, et la région du Qinghai, parmi lesquels la gent féminine a compté de nombreuses pionnières vaillantes, qui n’entendaient pas jouer les seconds rôles sur le plan religieux, l’intensité de la foi et la quête du savoir spirituel transcendant, à leurs yeux, toutes les différences.

C’est ainsi que la mosquée Lulan, ce phare historique de l’islam fait par et pour les chinoises musulmanes, est sortie de terre en 1956, et fut le prélude à l’éclosion de lieux de culte destinés exclusivement au sexe faible. Cette particularité islamique a été appréciée à sa juste valeur par toutes les femmes sans exception, toutes mesurant l’indéniable avancée que cela représentait pour la valorisation de leur statut dans la sphère religieuse et de la connaissance.

Terre liée à l’islam par une histoire millénaire qui a traversé le temps, ses tourments et ses vicissitudes, la Chine permet depuis longtemps aux musulmanes de se recueillir et de s’investir dans des lieux de culte qui leur sont réservés, mais aussi d’avoir voix au chapitre en conduisant les prières, en qualité d’imams au féminin. 

Dans la province centrale du Henan, la scène d’une musulmane officiant dans une mosquée devant ses coreligionnaires n’a rien d’incongru ni d’iconoclaste, mais s'inscrit au contraire dans une réalité historique. "Tout a commencé parce que les femmes musulmanes avaient soif d’apprendre, d’acquérir des connaissances religieuses", a expliqué le chercheur musulman Shui Jingjun, issu du groupe ethnique des Hui, à une chaîne australienne. "C'est comme cela que des cours pour femmes ont été élaborés et dispensés, et que dès la moitié du 18ème siècle, sous la dynastie des Qing, les premières femmes imams sont apparues et ont été habilitées à diriger les prières."

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Au cours des dernières décennies, on ne compte plus les chinoises musulmanes devenues imams qui ont pu concrétiser leur aspiration de transmettre un savoir, d’enseigner la richesse des valeurs islamiques et de servir au mieux leur communauté, en se conformant rigoureusement à la quintessence du message coranique. Wang Yuming, une éminente figure de l'islam chinois, à la fois directeur de la mosquée de Xihu, à Lanzhou, et directeur d'une école pour femmes, abonde dans ce sens avec enthousiasme : "Les musulmanes méritent d’accéder à un bon niveau d'éducation, et la mosquée s’impose comme le lieu idéal pour élargir leur horizon intellectuel et religieux."

L'une de ces femmes imams connues et respectées de tous, Ge Caixia, qui conduit la prière depuis des années pour plus de 50 fidèles assidues, faisant mosquée comble tous les vendredis, constate, perplexe, que la relève générationnelle n’est toutefois pas assurée. "Être une femme imam nécessite une expertise particulière, vous devez avoir une connaissance très complète et approfondie de la religion et jouir de la confiance pleine et entière de votre communauté, à la fois des hommes et des femmes", commente-t-elle, tout en s’interrogeant sur les raisons profondes de la pénurie de recrues pour reprendre le flambeau. C’est là l’étrange paradoxe d’une spécificité historique considérée comme un précieux privilège par toutes les chinoises musulmanes, de 7 à 77 ans.

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