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Les excuses du Premier ministre d’Irlande du Nord pour avoir défendu un pasteur islamophobe

La calomnie est aisée, surtout quand elle est proférée contre l’islam, mais l’acte de contrition est difficile, notamment quand on doit s’y plier sous une houle d’indignations et que l’on est Premier ministre d’Irlande du Nord, membre du parti unioniste démocrate (PUD), convaincu d’être au-dessus de l’anathème populaire.

Peter Robinson aurait certainement préféré s’épargner cette séance d’auto-flagellation publique, mais pour ce faire il aurait été infiniment plus responsable de sa part de ne pas cautionner les propos inacceptables de James Mac Connell, le pasteur évangélique, fondateur de l’église Whitewell Metropolitan Tabernacle, qui ont mis le feu aux poudres le 18 mai dernier.

Eructant son aversion pour l’islam lors d’un prêche tonitruant qui a fait trembler Belfast, dans et hors l’enceinte sacrée de sa paroisse, ce dernier a qualifié la religion musulmane de "païenne", ou encore "de barbare et d'œuvre du diable conçue en Enfer", tout en lançant à des dizaines d’ouailles soumises à un vrai lavage de cerveau : "Les gens disent qu’il y a de bons musulmans en Grande-Bretagne, peut-être, mais moi je n’ai pas confiance en eux."

Pour chercher à frapper les esprits de la capitale d'Irlande du Nord, ce délire islamophobe les a carrément ébranlés, le responsable du Centre islamique local, Raied Al-Wazzan, s’insurgeant contre ce "langage qui ne peut que susciter des crimes ethniques ou religieux", tout en insistant sur la parfaite intégration de la minorité musulmane, avant de subir un deuxième électrochoc qui l’a atterré et provoqué une grande manifestation contre le racisme et la xénophobie : la bienveillante bénédiction du Premier ministre envers le pasteur Mac Connell, ce saint homme aux yeux de son fidèle paroissien qui préside aux destinées de la nation, et dont il partage la défiance envers les musulmans "adeptes de la charia", comme l'a mentionné le quotidien Irish News dans son article en date du 28 mai.

L’onde de choc émotionnel suscitée par le tandem islamophobe, le pasteur et son Premier ministre, fut sismique, Belfast ne résonnant plus que des critiques virulentes émises par les trois principales églises protestantes du pays, mais aussi par le vice-Premier ministre Martin McGuinness, issu du parti républicain Sinn Féin, les anti-racistes, sans oublier la communauté musulmane, objet de cette diffamation outrancière.

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Devant un parterre de caméras qui ont immortalisé l’instant humiliant du calomniateur forcé de se dédire, le Premier ministre a fait profil bas pour faire amende honorable, en paroles et en actes : "J'ai été très clair pour les personnes présentes ce soir,  je tiens à présenter mes excuses pour l’offense que j’ai causée. La dernière chose que je voulais était de blesser, de bouleverser ou d’insulter les citoyens musulmans. Je ne peux pas passer le reste de ma vie à me repentir, mais ce que je peux faire c’est de passer le reste de ma vie à bâtir la communauté unie en laquelle je crois et à laquelle nous aspirons tous ici, en Irlande du Nord."

Le lendemain de cette conférence de presse ultra-médiatisée, Peter Robinson s'est rendu au Centre islamique de Belfast au cours d’une visite riche en poignées de main de la réconciliation, et tandis que l’azan appelait les fidèles à la prière, celui-ci a promis d’entériner le projet d’extension du lieu de culte dans les meilleurs délais.

Dénigrez, médisez, il en restera toujours quelque chose, en l’occurrence quelque chose de salutaire, une fois n'est pas coutume : un sursaut de conscience et un supplément d’âme chez un Premier ministre éclaboussé par la souillure du racisme latent.

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