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Les entrepreneurs de l’USEF : ce que les musulmans doivent savoir

Dimanche 19 juin, à Goussainville (95), près de 200 entrepreneurs se sont réunis à l’appel de l’Union pour la Solidarité des Entrepreneurs de France, pour évoquer la situation que vivent les consommateurs musulmans et les solutions proposées par l’USEF.

Une brève ébauche sur les activités et les objectifs de l’association par Mourad Bouraki (porte-parole de l’USEF), accompagnée d’un savoureux synopsis sur les élites musulmanes dans l’histoire par Sadek Sellam (Historien), ont marqué le début de cette conférence.

Plus épicée, la deuxième partie de la réunion voyait Tahar Mahdi (docteur en droit musulman) nous exposer l’éthique du commerce en Islam, suivi de Mourad Bouraki et Fathallah Othmani (manager AVS) qui ont dressé le lourd constat du « Halal » en France, une expression qui prête désormais à sourire lorsque l’on connaît les soubassements de cette industrie.

La Finance Islamique était aussi à l’honneur, évidemment serait-on tenté de dire, avec, au barreau de la défense de cette finance alternative, Maître Stéphane Oddos (avocat spécialiste des fusions-acquisitions), Tarik Bengarai (membre du Comité Indépendant de la Finance Islamique en Europe) et Samir Kouradine (PDG de la 1ère société française de conseil en investissement islamique agrée par l’Autorités des Marchés Financiers, Real Economy Partners).

C’est donc dans une volonté affichée de synergie et de coopération que chaque intervenant y est allé de son annonce, parfois cruelle, parfois porteuse d’espoir, mais toutes tendant vers le même objectif : (se) comprendre pour mieux agir.

Ainsi, Sadek Sellam confiait : « Plus le temps passe, plus on est nombreux, et moins on est cultivé », laissant l’assemblée devant lui confuse.

Plus technique, l’intervention du Docteur Tahar Mahdi mettait en lumière les différentes alternatives que propose l’Islam en matière de finance et d’assurance, notamment concernant le système d’assurance mutualiste (respectant un cahier des charges conforme à la Charia) qui serait autorisé à en croire l’intéressé. Mourad Bouraki prenait ensuite le micro pour dévoiler le tout récent projet de Centrale d’Achat Halal, nommé judicieusement « CentrHal », visant à mutualiser les achats, bénéficier des meilleurs prix et mettre en place une réelle traçabilité des produits. Conscient de la réticence que cela peut susciter chez certains (cela reviendrait à être en relation directe avec ses concurrents), M. Bouraki estime que cela créera des synergies à terme entre ces acteurs économiques. Concluant magistralement par une déclaration qui laissa l’auditoire pantois, le porte-parole de l’USEF affirma : « Aujourd’hui en France, il est impossible d’imprimer librement des étiquettes Label Rouge, Bio, AB ou encore Cacher pour les coller sur un produit. Mais c’est possible pour le Halal ». Coup de froid dans l’assistance.

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Dans la même tonalité, Fathallah Othmani dénonçait trois problèmes majeurs : l’importation des pays musulmans de bêtes issues de pays non-musulmans, le risque de mélange des viandes dans les usines où sont traitées à la fois viande Halal et viande non Halal, et la sempiternelle controverse sur l’assommage par électronarcose. Amer, le manager d’AVS avançait que 2/3 des bêtes sacrifiées ne seraient pas Halal, quand plus de 40 % des abattoirs ne respecteraient pas l’abattage rituel…

Mais dans ce flot de mauvaises nouvelles, quelques propositions et projets d’avenir insufflèrent une bonne dose d’optimisme dans le cœur des chefs d’entreprise présents, et dissipèrent la morosité générale. F. Othmani proposait de développer des partenariats fructueux entre les différents parties-prenantes du secteur (AVS, UFCM, Abattoirs Musulmans, SPMF, USEF). La même volonté d’agir animait M. Bouraki qui annonçait le lancement prochain de la marque Layna par l’USEF, ainsi que le projet ambitieux de mettre sur pied une agence de notation pour contrôler les certificateurs, pas toujours scrupuleux à l’égard du Halal. Un comble…

Ce fut ensuite au tour de trois grands acteurs de la Finance Islamique de prendre la parole, au cours d’un échange très pédagogique. Les raisons de l’interdiction de la Riba, les visées de ces prohibitions ou encore les solutions alternatives de financement autorisées par la Charia furent autant de questions cruciales soulevées par le trio. L’avocat S. Oddos se risquait même à une pique envers la classe politique : « La Finance Islamique se met en place peu à peu, grâce aux initiatives de professionnels motivés et persévérants. Le contexte pre-électoral est tel qu’il ne faut pas attendre grand chose des « institutionnels » avant 2012. Le vote musulman va être courtisé mais dans le même temps certains vont souffler sur les braises de la tentation islamophobe ». ».

Ainsi, l’UNEF a voulu, pour reprendre les termes de son porte-parole, être « proactive » et cesser d’endosser le costume de l’éternelle victime. L’animateur de la conférence concluait alors : « Le chemin sera long, le chemin sera difficile, mais nous avons choisi de l’emprunter ». Tout est dit.

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