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Les employés musulmans et l’aéroport Charles de Gaulle

Le CCIF a été informé que la préfecture de Seine – Saint – Denis, qui est en charge de la sécurité de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, avait adressé des courriers à de nombreux employés de confession musulmane travaillant sur la plate-forme aéroportuaire. Ces courriers spécifiaient que selon les informations détenues, ils avaient “une attitude pouvant mettre en cause la sûreté de l’Etat”, ou ” une attitude pouvant mettre en cause la sûreté aéroportuaire”.

Ces lettres dont nous avons obtenu plusieurs copies, et qui semblent résulter d’une lettre-type, ne précisent jamais à son destinataire les griefs permettant d’établir “ce comportement dangereux”, et ce bien que le Préfet reconnaisse avoir des informations en sa possession. En revanche, il est demandé à la personne suspectée de rapporter « la preuve de son innocence » sous peine de se voir retirer son habilitation et par voie de conséquence perdre son emploi !!!. Les musulmans seraient a priori coupables jusqu’à la preuve de leur innocence ?

Choqués dans un premier temps, mais surtout convaincus de leur comportement irréprochable, la majorité des personnes concernées ont sollicité une audience auprès du Préfet afin d’avoir connaissance des faits qui leur étaient reprochés. Au terme de ces entretiens, plusieurs personnes se sont vues notifier le retrait de leur badge sans aucune espèce d’explication ou de justification.

Saisi par un certain nombre de ces victimes, le CCIF a décidé de les assister afin de faire la lumière sur ces dossiers, et de rechercher quelles circonstances avaient déterminé leur éviction entraînant de facto une perte d’emploi et de revenus privant du jour au lendemain des familles entières de toutes ressources.

Selon la teneur des entretiens, il apparaîtrait que les faits reprochés soient exclusivement liés au culte, à des convictions personnelles et à des voyages effectués pour la plupart lors de pèlerinages ou dans des pays musulmans.

Aussi, est-il proprement scandaleux que dans notre pays la pratique d’une foi soit considérée comme une attitude pouvant mettre en cause la sécurité de l’Etat ou celle d’un aéroport. Nous sommes aux antipodes de la lutte contre le terrorisme.

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Le ministère de l’Intérieur veut-il réellement lutter contre le terrorisme dont les musulmans sont les premières victimes, ou bien partage-t-il les thèses développées par certains hommes politiques islamophobes dont il a pourtant récusé les propos il y a quelques mois ?

Voudrait-il lutter contre le terrorisme au point de s’en prendre à des innocents et laisser des familles entières démunies ? Entretiendrait – on volontairement la méfiance, la peur à l’égard de ces populations ? En ce cas, qui y a intérêt et pourquoi ?

Les divers témoignages recueillis établissent que les discriminations à l’encontre des musulmans en France sont de plus en plus criantes, et confirment qu’elles sont le fait majeur des services de l’Etat. Malheureusement, le gouvernement ne veut pas reconnaître cette situation. Pire, des structures officielles de lutte contre les discriminations ne font pas ou très peu état de la réalité du vécu de la communauté musulmane en France.

Il est affligeant de constater que les musulmans doivent plus craindre d’être discriminés par les services publics que par un particulier.

C’est là toute la singularité de l’islamophobie, et ce qui la distingue des autres formes de racisme.

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