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Les élèves de l’école musulmane « Les Ateliers Montessori » privés de rentrée scolaire

En cette rentrée de septembre 2015, les portes de la petite école musulmane « Les Ateliers Montessori » sont restées une fois de plus hermétiquement closes à La Chapelle-Saint-Mesmin, une bourgade de 9 900 âmes située en plein cœur du Loiret, aucun sésame providentiel n’étant parvenu à les ouvrir en grand aux 75 écoliers qui se faisaient une joie de découvrir les salles de classe flambant neuves, aucun revirement politique salutaire n’étant intervenu pour leur permettre de profiter pleinement de la liberté d’enseignement.

Une liberté qui est déniée à ces enfants et leurs parents depuis plus d’un an par un maire socialiste, Nicolas Bonneau, initialement favorable au projet avant d’effectuer une volte-face spectaculaire le jour où une campagne de dons lancée par l’établissement scolaire en révéla le caractère confessionnel, s'en faisant dès lors le plus farouche adversaire.

C’est un veto irrévocable que le premier magistrat de la cité oppose inlassablement à Mustapha Ettaouzani, porte-parole des « Ateliers Montessori » et président de l’Union des Associations des Musulmans de l’Orléanais (UAMO), s'évertuant à dresser de multiples obstacles administratifs, juridiques et urbanistiques sur sa route pour venir à bout de sa résistance.

Mustapha Ettaouzani garde un souvenir cuisant du 1er septembre 2014, soit près de six mois après la création de l’association « Les Ateliers Montessori », lorsque Nicolas Bonneau, escorté de deux policiers, vint inspecter la petite école privée dans le cadre d’une commission de sécurité qui n'augurait rien de bon. Sans grande surprise, des réserves furent émises à l’issue de cette visite quant aux normes légales de sécurité de l’établissement, le pire restant à venir : l’arrêté de fermeture de l’école pris par le maire, le 26 septembre 2014, qui sonna le glas du projet éducatif.

Il est à noter que le « danger imminent pour les enfants »,  invoqué par l’édile alarmiste, a été démenti par le compte-rendu officiel du Service Départemental d’Incendie et de Secours (SDIS).

Cette décision sans appel, vécue comme une terrible injustice, a suscité un immense émoi au sein de l’équipe éducative des « Ateliers Montessori » dont les enseignants, tous diplômés, sont des purs produits de la méritocratie républicaine, issus des quartiers populaires et désireux d’en finir avec l’échec scolaire des ZEP.

Les familles musulmanes, quant à elle, étaient en proie à l’incompréhension devant une telle hostilité politique mais sans pour autant se résoudre à renoncer à ce projet pédagogique des plus prometteurs, basé sur la méthode Montessori qui rend chaque élève acteur de son apprentissage en l’incitant à développer son autonomie. Une méthode axée sur un triple programme éducatif, linguistique et religieux, comme c'est le cas de toutes les écoles confessionnelles, et mettant  à l’honneur les valeurs, nobles et universelles, de civisme, de politesse, de respect de soi et d'autrui.

  

Le recours introduit en octobre 2014 devant le tribunal administratif d’Orléans pour « fermeture illégale » s’avéra en pure perte, la justice donnant en effet raison à l’édile de la Chapelle-Saint-Mesmin, niant la discrimination qui sous-tendait son opposition au projet pédagogique, ou selon les propres termes employés par Mustapha Ettaouzani pour démystifier ce qu'il perçoit comme un grossier subterfuge : «L’habillage d’apparence légale d’une discrimination si flagrante ».

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Se faisant fort de régulariser les points techniques considérés comme rédhibitoires aux yeux du maire, l’association « Les Ateliers Montessori » n’était pas encore au bout de ses amères désillusions, lorsque le permis de construire déposé le 12 décembre 2014 et mis en conformité sur plan d’architecte fut balayé d’un revers de main par la municipalité. La validation de la commission du SDIS et de la commission d’accessibilité handicapée, véritable gage de fiabilité et de salubrité, n’ayant nullement infléchi la position du maire.

Les semaines, les mois ont passé, Nicolas Bonneau peinant à dissimuler ses véritables motivations derrière les innombrables entraves placées sur le chemin de la petite école privée musulmane, à l'image de sa dernière objection formelle à l’octroi du permis de construire émise en juin dernier pour des places de parking insuffisantes. Cet énième refus a été la goutte qui a fait déborder le vase.

Contacté par Oumma, Mustapha Ettaouzani, dont le rêve de voir les 75 enfants inscrits rejoindre les bancs de l’école est de nouveau brisé, nous a confié son dépit, mêlé de colère, face à un acharnement anti-musulmans qui ne dit pas son nom.

« Les places de parking sont un nouvel argument fallacieux que le Maire met en exergue. Notre établissement, complètement mis aux normes et fort de la validation de deux commissions, disposait de 16 places de stationnement pour un effectif théorique de 90 enfants », s’indigne-t-il. « En commettant cette faute politique, plus personne ne peut être dupe des réelles intentions du Maire que nous avions pointées du doigt, dès le début de son hostilité manifeste. Nous l’avons rencontré en juin 2015, et cet entretien révéla enfin ce que l’on savait déjà  : il préfère voir notre projet ailleurs que dans sa commune. En tant que porte-parole de l’association « Les Ateliers Montessori » et en ma qualité de président de l’UAMO, j’ai alerté la préfecture, dès le départ, sur l’animosité du Maire à notre encontre et son opposition systématique à notre école qui semblaient être
d’une autre nature que purement urbanistique
 », a-t-il précisé.

  

"Les Ateliers Montessori", victimes d'une agression islamophobe orchestrée par des nervis de l'extrême droite

Alors que « Les Ateliers Montessori » peuvent désormais compter sur le précieux soutien d’un Collectif qui fédère plus d’une douzaine d’associations orléanaises autour de leur cause, toutes scandalisées par le sort arbitraire qui leur est réservé et ayant sollicité le Préfet de région pour qu’il agisse en médiateur, Mustapha Ettaouzani appelle instamment le premier magistrat de la cité à réviser sa position.

« Pour nous, cela ne fait aucun doute : c’est un habillage d’apparence légale pour enfreindre plusieurs lois, celle de la laïcité, celle de la liberté d’enseignement et celle d’un abus de pouvoir pour justifier indirectement une discrimination à l’égard du caractère confessionnel de cette école», s’insurge le Président de l’UAMO, renchérissant avec force : "Monsieur le Maire l’a avoué lui-même dès le début en disant dans la presse qu’il a 'découvert tardivement le caractère confessionnel de l’école'."

Les rentrées scolaires se suivent et se ressemblent tristement pour l’établissement musulman de la Chapelle-Saint-Mesmin, à la consternation de la figure de proue du projet éducatif, Mustapha Ettaouzani qui, bien que toutes les portes se soient fermées devant lui, laisse néanmoins la porte ouverte au dialogue en vue d'aboutir à "un dénouement satisfaisant pour tous".

La manifestation de protestation en images, organisée en octobre 2014, suite à la décision du maire de fermer l'école

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