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« Les délinquants maffieux et les tenants de l’islam politique »

L’Union des Familles Laïques (UFAL) poursuit sa fuite en avant dans le racisme islamophobe. Dans un communiqué de moins de deux pages (1), daté du 7 novembre 2005, au milieu d’un verbiage sécuritaire bien classique chez ces chevènementistes mal repentis, on trouve plus de cinq formules dont chacune relève de ce racisme ; pris dans son ensemble, ce texte n’a en substance qu’un sens identifiable : La sécurité des français est menacée par les musulmans.

Dès le premier paragraphe, le décor est planté : la révolte de la jeunesse des quartiers populaires est identifiée ainsi : «  les délinquants maffieux et les tenants de l’islam politique ».Il y a beaucoup de choses dans cette simple formule, qu’aucun fait ne vient bien entendu étayer, et que l’on retrouvera de manière obsessionnelle tout au long de ce communiqué.

La révolte, dont le caractère politique est indiscutable – quoi que l’on puisse penser des formes qu’elle prend – est purement et simplement assimilée à de la délinquance.

Les révoltés ne sont pas seulement présentés comme des délinquants, mais en outre comme des maffieux ; il ne s’agirait donc même pas d’une simple délinquance occasionnelle, mais d’une délinquance structurée, habituelle : les « violences » des émeutiers sont ramenées à la « violence » classique dont un certain discours veut faire la norme des quartiers dits « sensibles ».

Il est sous-entendu que les émeutiers seraient manipulés, ou guidés par « les tenants de l’islam politique », c’est à dire dans le vocabulaire de cette officine, par l’ensemble des personnes assumant quelque fonction religieuse au sein de la communauté musulmane.

Plus loin, invoquant le droit constitutionnel à la « sûreté », le communiqué fait le reproche, au demeurant fantasmatique, au gouvernement de s’en défausser sur les « grands frères » et sur «  les imams de l’islam politique ». D’où vient cette nouvelle référence à l’islam politique, quelques lignes à peine après la précédente ? On ne le saura jamais ; mais il est clair qu’elle ne vient d’aucune déclaration d’aucun ministre, sauf à assimiler tout responsable musulman à un « imam de l’islam politique ».

Le paragraphe suivant, à moins de deux lignes de là, évoque «  l’alliance de fait du ministre de l’Intérieur avec les délinquants maffieux et les caïds de l’islam politique ». Là encore, au delà de l’expression « de fait », qui permet de dire tout et n’importe quoi, deux commentaires :

Une nouvelle fois, l’amalgame est réalisé en associant la délinquance et l’islam.

Les « imams » sont remplacés par les « caïds de l’islam politique ». Or, dans le vocabulaire politique aux relents clairement racistes dont ce communiqué est une expression caricaturale, l’expression « caïds de banlieue » est généralement utilisée pour stigmatiser, par l’usage d’un terme « exotique » la violence brutale de voyous dont on dit qu’ils feraient régner la terreur sur leurs quartiers. Autrement dit, un profil type dont il n’est soutenu par personne qu’il représenterait le pilier de mosquée – a fortiori – le théoricien « islamiste ».

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Plus loin, cette formule : « les caïds des quartiers et de l’islam politique ont semé dans toutes les banlieues, les graines d’une guerre organisée contre les couches populaires ». Est-il vraiment nécessaire de la commenter, ou se suffit-elle à elle-même ? Retenons que cette fois, sont également visés – sans être nommés – la « bête noire » de cette gauche républicaine, les célèbres « islamogauchistes » : les fameux « caïds » seraient ainsi « encouragés par les discours de victimisation d’intellectuels, voire de militants pyromanes se réclamant de la gauche, qui stigmatisent en permanence la République ».

On trouvera plus loin encore dans le communiqué l’exigence de mettre « hors d’état de nuire les délinquants maffieux et les caïds de l’islam politique des banlieues ». La même rhétorique, donc, de l’amalgame frauduleux.

D’autres passages sont plus allusifs ; mais dans le contexte de ceux qui viennent d’être cités, ils sont parfaitement transparents.

Ainsi l’évocation « des groupes, ou des individus, qui ont déclaré la guerre à l’intégration et à l’égalité hommes-femmes, et qui veulent tenir sous leur coupe tous les habitants de leurs quartiers ». On sait bien que de tels « groupes » n’existent pas ; mais on sait aussi que ces thèmes sont ceux qui sont le plus souvent mis en avant – en particulier par cette organisation – pour justifier la loi anti-foulard : là encore, ce sont donc les musulmans qui sont visés.

Ainsi l’évocation de « ceux qui ont le plus besoin de la République et de la laïcité pour s’émanciper des dégâts du libéralisme et de la tutelle communautariste, qu’elle soit de type maffieuse ou intégriste », où le mot « intégriste » fait, dans le dernier paragraphe du texte, sa première apparition – dont chacune et chacun comprendra qu’il est pris comme synonyme de ce qui était désigné auparavant comme « islam politique ». Et là encore, amalgame entre « Maffia » et « islam », associés pour que le tableau soit complet au thème du « communautarisme ».

Ainsi, ce groupe qui, emboîtant le pas de Philippe de Villiers, dénonçait il y a peu « l’islamisation » de la France entend, à l’heure où les banlieues s’embrasent, poursuivre son combat de guerre civile.

Note :

(1) : Ce communiqué est publié dans le n°395 de la revue électronique ResPublica. Le même numéro donne des événements de Clichy-sous-Bois le récit suivant, sous la signature de Amir Taheri : « La semaine dernière, une groupe de jeunes gens de Clichy se sont adonnés à un de leurs sports favoris : voler des pièces sur les voitures en stationnement. (…) Une fois la police arrivée sur les lieux, les jeunes — qui avaient régné à Clichy pendant des années sans grande obstruction — ont vraiment mal pris la chose. Une brève poursuite eut lieu dans la rue, et deux d’entre eux, que la police ne pourchassait même pas, cherchèrent refuge à l’intérieur d’une clôture défendant l’accès à un transformateur électrique. Tous deux furent électrocutés.Une fois répandue la nouvelle de leurs morts, tout Clichy était aux armes. Aux cris de “Dieu est grand”, des bandes de jeunes armés de tout ce sur quoi ils avaient pu faire main basse se déchaînèrent et forcèrent la police à fuir. »

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