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Le temps béni des colonies

Le journal alsacien « Les Dernières Nouvelles d’Alsace » vient de livrer d’étranges déclarations du député (P.S.) Armand Jung, à propos du projet de construction d’un Centre Culturel Turc, soutenu par la municipalité.

Que s’est-il passé ? Le Centre Culturel Turc, association issue du mouvement Süleymancı, a été créée à Strasbourg en 1992, et a alors loué des locaux (une petite maison), solution que l’on pensait alors temporaire car les locaux étaient impropres à recevoir du public. Dès 1994, l’association a entamé des négociations avec un vendeur potentiel et a acheté des locaux en 1996, qui ont pu finalement être exploités comme prévu : en effet, après avoir déposé un permis de construire à la mairie, le député de la circonscription A. Jung déclarait déjà aux D.N.A. le 22 avril 1998 : « Le Centre Culturel Turc ne se fera pas ! » ; il ajoutait : « Il s’agit de la confrérie musulmane des Suleymanci qui serait proche des partis d’extrême droite turcs. » le journal parlant en outre de « soupçons d’intégrisme ». Fidèle à lui-même, le député enfonçait le clou dans le même journal le 21 juin 1998 en disant : « Je ne cautionnerai pas ce projet ahurissant dans ses principes et dans ses objectifs. Je ne peux pas partager des approches sectaires de la religion. »

On pouvait croire ces vieux démons enterrés : ils viennent de ressortir ce 27 septembre, sans doute pas par hasard.

Pour la première fois depuis près de vingt ans en effet, les membres du Centre Culturel Turc voient enfin le bout du tunnel la municipalité (P.S. elle aussi…) de Strasbourg ayant accepté de vendre un terrain à cette association (au prix fixé par les services fiscaux !) pour qu’elle puisse y construire un centre digne de ce nom, et que ses fidèles cessent de prier dans la courette de la maison, sous la pluie ou à côté des poubelles (je n’invente rien).

Le projet est en cours de finalisation, la presse s’y intéresse, ce qui est bien normal… et les vieux démons ressurgissent aussi par le biais de ces déclarations extravagantes.

Rappelons ici pour mémoire que le même député avait refusé de signer la pétition en ligne lancée par le Maire de Strasbourg, Roland Ries, le 4 octobre 2010 intitulée « l’appel à tous les Républicains de Strasbourg et de son agglomération » dans laquelle il appelait à « refuser l’inacceptable, qui n’est jamais une fatalité : la Démocratie est fondée sur le respect de l’autre, quelles que soient son origine, sa religion, ses opinions, sa couleur de peau, etc. « Nous devons combattre les ennemis de la Démocratie. Ceux-ci doivent être arrêtés et jugés avec sévérité. »

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Ces principes semblaient être plus inacceptables pour notre député que des déclarations dignes de l’extrême droite taxant l’une des plus importantes associations turques de la ville tantôt d’extrémisme politique, tantôt d’extrémisme religieux, les idées ne semblant pas très fixées chez cet honorable parlementaire….

La connaissance des acteurs de sa circonscription semble d’ailleurs tout aussi vacillante : quels sont les actes, les manifestations, les déclarations de cette association qui pourraient faire croire qu’elle est extrémiste ? A-t-elle fait des déclarations dans la presse ? Se consacrer au soutien scolaire des enfants est-il du sectarisme ? Arrêtons là…

Des élections auront lieu l’an prochain : il est temps que les acteurs changent et que d’aussi pitoyables déclarations ne soient plus entendues dans la bouche de nos représentants ! Faut-il le répéter ? Les musulmans sont des citoyens comme les autres et ont droit à l’égale sollicitude des pouvoirs publics, comme tous ceux qui respectent les principes et lois de la République. Nis plus, ni moins.

J’ai sur ce site assez souvent stigmatisé « l’islam des bachaghas » pour dire qu’il y en a assez avec la politique du mépris colonial envers ceux que l’on traite comme s’ils étaient les « indigènes de la République ». Et s’ils se mobilisaient ?

L’avenir est encore ouvert…

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