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Le soufisme authentique

De nos jours, l’ascétisme en Islam est surtout connu pour les exercices des différents ordres de confréries (derviches). Ils représentent en vérité l’aboutissement logique de la méthode mystique poussée à l’extrême, c’est pourquoi ces exercices ne révèlent pas l’essence réelle et la nature de l’ascétisme islamique que les compagnons du Prophète Mohammed (SBSL) manifestaient. D’ailleurs les ordres de ces confréries n’apparurent que dans les années qui suivirent la grande fitna (insurrection) entre le reste des compagnons à l’époque de l’Imam Ali, qu’Allah illumine son visage. Souvent, ces confréries détenaient de fausses sources liées aux grands hommes et femmes ascètes de plusieurs générations tels que Al Hassan Al Basseri, Jounaid, ou Rabiâa Al Adaouia. Les sources ascétiques virent le jour en Islam avant la fin du second siècle de son histoire. Ce mouvement était perçu par les premières générations comme le chemin de la vérité et du salut, notamment grâce à leurs hommes illustres, les compagnons du Prophète d’Allah (SBSL), les successeurs dans la guidance et la génération suivante. Etre constamment pieux, abandonner tout confort par amour d’Allah, se détourner du monde et de ses vanités, renoncer aux plaisirs, aux richesses, aux autorités et aux parures, telles étaient les ambitions humaines traditionnelles. Se retirer de la société et vivre dans la solitude une vie consacrée au service de Dieu étaient les principes fondamentaux du soufisme qui prévalaient chez l’autorité des maîtres. Ils furent distingués par ce titre de « soufis » dès la seconde génération des successeurs. Les Hommes ont goûté aux plaisirs terrestres, dès lors ils ont cherché à fuir la contamination pour se diriger vers la piété. Quand à ceux dont la piété restait le but unique, ils furent distingués par le titre de « Zahid », au pluriel « Zuhad » puis soufis.

La voie ascétique mène à l’état suprême dans lequel l’âme, complètement débarrassée de toute pensée et de tout intérêt terrestre, achève son chemin final vers une réalité dernière et éternelle. Allah, exalté soit-Il, s’adressant à son messager, dit : « La vie dernière t’est certes, meilleure que la vie présente. »1. Dans son voyage mystique, l’âme de l’ascète avance au fur et à mesure et traverse des stations tout en passant par des étapes et différents états. Les étapes sont des degrés dans la discipline morale que pratique l’ascète. Les degrés doivent être saisis et maîtrisés les uns après les autres dans un ordre déterminé par le Coran et la sunna, car ces degrés ne sont saisissables que selon les états propres à l’ascète qui ne peut que se soumettre à sa nature humaine. Le Messager d’Allah (SBSL) a dit : « Par Allah, je suis l’homme qui connaît le mieux parmi vous Allah et qui Le craint le plus… »2

On observe bien ici que la connaissance et la compréhension précédent la crainte. Les étapes, en revanche, sont des dispositions de l’âme, des émotions spirituelles sur lesquelles l’Homme n’a aucun contrôle : la joie, la douleur, la dépression ou les pulsions que le cœur de chacun connaît en les goûtant sans avoir la possibilité de les susciter ou de les repousser.

Le voyageur (ascète) est toujours à l’une ou à l’autre étape de son voyage, en transition et en cheminement, il est toujours plus avide d’éprouver des états supérieurs. Les passants de cette traversée spirituelle n’ont jamais les mêmes expériences car leur repère (Muhammad (SBSL)) a laissé l’exemple suprême de la perfection humaine et de ce fait son héritage ne peut qu’être partagé selon l’état de chaque héritier. Le Saint Coran et la sunna nous ont indiqué d’une manière générale les étapes comme le repentir qui suscite la foi et qui appelle à la bonne action : « Sauf celui qui se repent, croit et accomplit une bonne œuvre ; ceux-là Allah changera leurs mauvaises actions en bonnes et Allah est Pardonneur et Miséricordieux.3 »

Parmi ces étapes, il y a également l’abstinence, le renoncement, la pauvreté, la patience, la confiance en Dieu et la satisfaction. Quant aux états par lesquels passe le voyageur ( ascète) on trouve par exemple : l’amour, la crainte, l’espoir ( l’espérance), le désir ardent d’Allah, l’intimité avec Lui, l’apaisement, la certitude, la méditation, la contemplation, etc.

Ce long chemin doit être traversé avec modération. Poussé à l’extrême, il conduit aux extravagances dans la vie et la rende inhumaine, donc invivable.

Les ancêtres pieux étaient des femmes et des hommes à la piété ascétique qui cherchaient par la prière, le jeûne et le sacrifice, à s’arracher spirituellement au monde. A travers cette voie on arrive à renforcer le lien véritable, le lien réel, le lien d’alliance, celui avec le totalement aimé Allah, magnifié soit Il. Allah dit dans la sourate 39 au verset 23 : « Allah a fait descendre le plus beau des récits un livre dont (certains versets) se ressemblent et se répètent. Les peaux de ceux qui redoutent leur Seigneur frissonnent (à l’entendre) ; puis leurs peaux et leurs cœurs s’apaisent au rappel d’Allah. Voilà le [livre] guide d’Allah par lequel Il guide qui Il veut. Mais quiconque Allah égare n’a point de guide. »

Cette voie est le Coran qui ne peut être pratiqué dans son essence qu’à travers les enseignements de notre seigneur Muhammad, le fidèle de Dieu, Son prophète et messager (SBSL). Allah dit : « Et comment pouvez-vous ne pas croire, alors que les versets d’Allah vous sont récités, et qu’au milieu de vous se tient son Messager ? Quiconque s’attache fortement à Allah, il est certes vers un droit chemin. »4

Son Messager (SBSL) est parmi nous à travers ses enseignements, Allah dit dans le Cor-an : « Ceux qui suivent le Messager, le Prophète illettré qu’ils trouvent écrit (mentionné) chez eux dans la Thora et l’Evangile. Il leur ordonne le convenable, leur défend le blâmable, leur rend licites les bonnes choses, leur interdit les mauvaises et leur ôte le fardeau et les jougs qui étaient sur eux. Ceux qui croiront en lui, le soutiendront, lui porteront secours et suivront la lumière descendue avec lui, ceux-là seront les gagnants. »5

C’est pourquoi, tout musulman qui voudrait traverser les sentiers de la piété doit reconquérir sa propre foi, raffermir son amour vis-à-vis d’Allah et son prophète jusqu’à ce qu’il le sente couler dans les veines avec le sang et être diffusé du profond du cœur vers toutes les cellules dans la chair, les os, la moelle, les nerfs, la graisse, la peau, les dents, les ongles, les cheveux et même dans les fines veines de l’œil et les poils de l’oreille. Allah, exalté soit-Il dit : « Les vrais croyants sont ceux dont les cœurs frémissent quand on mentionne Allah. Et quand Ses versets leurs sont récités, cela fait augmenter leur foi. Et ils placent leur confiance en leur Seigneur. »6

Al Fudayl Ibn Iyad a dit : « La meilleure œuvre est celle qui est la plus sincère et la plus convenable. » On lui demanda : « Comment ? » Il répondit : « Ce qui est sincère est l’œuvre vouée à Allah et ce qui est convenable est l’œuvre conforme à la sunna. »7

Al Junayd disait : « Notre sentier n’a de base que le Cor-an et la Sunna. »8

Ibn Qayim dit : « Allah n’agrée, en matière d’œuvre, que ce qui Lui est voué en toute sincérité et qui est conforme à l’enseignement de son envoyé (SBSL). »9

Il dit aussi : « …Les prophètes n’ont été envoyés que pour faire le bien aux créatures, les guider et leur être utile dans l’au-delà ainsi que l’ici-bas. Ils n’ont pas été envoyés pour observer les retraites et se couper des gens. C’est pour cela que le Prophète (SBSL) a récusé ceux qui ont voulu se consacrer uniquement à la dévotion et abandonner la fréquentation des gens. »10

A la recherche de sa perfection, l’Homme doit affronter l’océan de cette vie, ses vagues, ses marées et ses tempêtes. L’Homme est dans une perdition certaine, à l’exception de ceux qui ont une véritable foi, une science utile et une action pieuse. Allah, loué soit-Il, dit : «  Par le Temps ! L’homme est certes, en perdition, sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres, s’enjoignent mutuellement la vérité et s’enjoignent mutuellement l’endurance. »11

La source principale amenant à cette perfection est le Saint Cor-an sur lequel il faut se pencher pour comprendre ses sens, puiser dans ses trésors, méditer sa grande sagesse, récolter ses richesses. Il faut s’y investir totalement et y mettre l’énergie intellectuelle, spirituelle et physique pour en tirer le maximum de profit. La bonne voie est dans le Cor-an. Allah, exalté soit-Il, dit : « Certes, ce Cor-an guide vers ce qu’il y a de plus droit et il annonce aux croyants qui font de bonnes œuvres qu’ils auront une grande récompense. »12

Cette voie est la vérité, la réalité, la justice et le bonheur par essence pour l’Homme, d’une station à une autre dans un sentier plein de richesses inépuisables. La force, la puissance et l’assistance divine d’Allah le Très Haut, le Tout Puissant, donnent à cette voie son perfectionnement grâce à l’homme le plus savant, le plus pieux et le plus sage qu’Allah a créé : Muhammad (SBSL) à qui l’Exalté s’adresse en disant : Lève toi [pour prier], toute la nuit, excepté une petite partie ; Sa moitié ou un peu moins, ou un peu plus. Et récite le Cor-an, lentement et clairement. Nous allons te révéler des paroles lourdes (très importantes). La prière pendant la nuit est plus efficace et plus propice pour la récitation. Tu as, dans la journée, à vaquer à de longues occupations. Et rappelle-toi le nom de ton Seigneur et consacre-toi totalement à Lui, le Seigneur du Levant et du Couchant. Il n’y a point de divinité à part Lui. Prends-Le donc comme Protecteur. Et endure ce qu’ils disent et écarte-toi d’eux d’une façon convenable.13

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Voilà en résumé le sentier, le chemin, la voie spirituelle, dite soufisme dans son authenticité. Qu’Allah nous guide et qu’Il nous mette dans le sentier de notre bien aimé Muhammad (SBSL)…. AMINE

Notes :

1 Sourate 93, verset 4

2 Bukhari

3 Sourate 25, verset 70

4 Sourate 3, verset 101

5 Sourate 7, verset 157

6 Sourate 8, verset 2

7 Les sentiers des itinérants (Ibn Qayim)

8 Les sentiers des itinérants (Ibn Qayim)

9 Les sentiers des itinérants (Ibn Qayim)

10 Les sentiers des itinérants (Ibn Qayim)

11 Sourate 103

12 Sourate 17, verset 9

13 Sourate 73, versets 2 à 10

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