in

Le renouveau islamique : Enjeux éducationnels

 

Une littérature généreuse traitant du renouveau islamique commence à garnir les étagères de la bibliothèque musulmane.

La production relative à ce thème menée de l’Occident par les chercheurs, les universitaires et les orientalistes n’est pas en reste non plus.

Le foisonnement des publications qui mettent à l’honneur cette question témoigne que ce n’est plus un pur sujet d’érudition.

Au premier chef de ceux qui sont concernés, les acteurs musulmans. Ceux-ci sont à la fois conscients des exigences de leur époque et soucieux de rester fidèles à leurs valeurs. La problématique revient pour eux à projeter un idéal absolu sur une contingence relative, toujours dans un souci existentiel, jamais au prix d’une prostitution spirituelle.

Pourtant, le débat se pose rarement en ces termes. Sous l’impulsion de quelques intellectuels occidentaux, il prend plutôt la tournure d’une sommation à l’endroit des musulmans, celle d’adopter la même attitude que l’Occident vis-à-vis de la foi.

Une mise en demeure inquisitrice qui veut les voir suivre une trajectoire similaire à celle du christianisme au cours de son évolution. Ceci afin d’entreprendre les mêmes démarches face aux prescriptions de la religion dont on sait maintenant qu’elles portent en elles les germes de la non-pratique.

Par ailleurs, dans le prolongement de cette construction intellectuelle, un autre courant représenté par les porte-drapeaux d’un islam dit « intellectuel », ne tarit pas d’éloges à l’égard de la « théologie de la libération » et invite le monde musulman à refaire le même parcours et à avoir le même type de rapport au religieux qu’en Europe au siècle des lumières. L’idée-mère fondatrice de cette conception repose sur le constat que le monde chrétien a réussi à décoller après qu’il ait fait sa révolution religieuse

La thèse est séduisante et l’argument peut faire mouche. L’adhésion des musulmans à ces deux positions devrait donc être totale.

Seulement voilà, le substrat de ces sollicitations se résume en une thèse qui heurte de front l’un des fondements de l’identité musulmane. Elle consiste à dénier toute garantie d’évolution, de changement ou d’émancipation aux musulmans s’ils ne confinent pas la foi et ne la relèguent à un plan où elle ne puisse transparaître dans la vie commune et collective. Le non-dit est que la pratique reste marginalisée à tel enseigne que toute manifestation de la foi en devient exotique si ce n’est hors la loi comme le démontre l’affaire du foulard.

D’autant plus que ce genre de posture disqualifie toute civilisation qui n’est pas occidentale et en vient à considérer son histoire comme la seule valeur de référence en la matière.

Un troisième pôle, celui-ci inscrit au sein de la pensée dite réformiste, surdétermine quant à lui la norme et l’élaboration juridique. Cette démarche a cependant le mérite d’identifier un des ressorts de la réforme tant attendue. Elle représente à juste titre un des aspects autour duquel s’articule le renouveau. Mais ce dernier ne peut en aucun cas se réduire à la seule logique normative qui la sous-tend.

Ainsi donc, le même terme désigne des approches diverses et variées renvoyant dos-à-dos des concepts tantôt complémentaires, tantôt divergents. Il convient donc de régler ce quiproquo en clarifiant le plus posément possible ce que recouvre la notion du renouveau. C’est aux musulmans de se réapproprier autant le terme que son signifié. Il leur incombe d’en mesurer l’étendue à partir de leurs sources.

Publicité
Publicité
Publicité

C’est à eux d’en sonder tout les aspects, d’en définir toutes les acceptions et d’en explorer toutes les facettes…et elles sont multiples.

Le discours dominant sur l’islam n’en retient qu’une seule : quand il est fait état du renouveau, il n’est question que de renouveau intellectuel et de renaissance de la pensée.

Ce n’est qu’une clé pour une porte à plusieurs verrous.

Il n’y a pas l’ombre d’un doute quant à l’importance de la dimension intellectuelle et de la place prépondérante qu’elle occupe (ou qu’elle devrait occuper), mais ce n’est pas à la mesure de cette seule perception que se conçoit l’idéal musulman.

Car bien avant qu’il ne soit une question civilisationnelle ou philosophique, le renouveau concerne une dimension beaucoup plus intime : l’état du cœur et le devenir dans l’au-delà. Un devenir qui se construit à partir de sa destinée ici-bas, jamais à son détriment. Un destinée qui se veut doublement représentative, individuelle et collective.

Une grande partie de la réflexion est axée sur la pensée, les structures, la méthodologie, l’organisation, les priorités… Ces registres représentent à juste titre le chantier de l’action réformatrice, mais l’intérêt doit aussi porter sur le vecteur qui animera tout cela. Ce qui y donnera vie, c’est le rayonnement du cœur qui vit la vie de l’esprit…

Il serait dommageable de passer sous silence cette réalité constitutive de l’identité musulmane. Et toute construction identitaire passe par l’éducation, et celle qui se rapproche du modèle prophétique se veut globale, complète et profonde ayant pour objet le cœur et l’être, autant et plus que la raison et l’esprit.

Une éducation efficiente est celle qui insuffle, anime et alimente dans les cœurs l’amour de Dieu, de son prophète et des croyants ainsi que le respect des semblables. Elle sera déficiente si sa visée spirituelle et sa priorité perpétuelle n’ambitionnent pas d’implanter le souci de Dieu dans les cœurs, si elle n’aspire pas à enraciner Son inéluctable rencontre comme préoccupation majeure chez ses tenants et ses promoteurs jusqu’à devenir leur seul leitmotiv.

Voici ce que représente le renouveau dans l’esprit d’un musulman au fait de sa religion…

Et il serait dangereux que les musulmans éludent cette dimension de peur d’apparaître archaïques aux yeux de leurs interlocuteurs. La tentation est grande de ne parler que de ce que l’autre veut bien entendre…

Pour résumer, la question est : est-ce que le renouveau prôné aspire à forger et à façonner L’Homme (homme ou femme), porteur de message, avec pour objectifs terrestres un idéal de justice, de bien-être et de paix et comme finalité de mériter l’agrément de Dieu -qu’Il soit glorifié-, ou est-ce qu’il cache au mieux un syncrétisme de fortune tenant lieu d’un système de valeurs cohérent, au pire rien moins qu’une baudruche remplit de vide qui se dégonflera une fois la mode très prisée des discours sur le réformisme passée ?!!.

Publicité
Publicité
Publicité

Laisser un commentaire

Chargement…

0

Restons mobilisés contre le gala au profit de l’armée d’occupation israélienne

Gala de l’armée israélienne : suite du feuilleton