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Le Qatar prête au Louvre 42 chefs-d’œuvre de l’art islamique

Il faut se dépêcher. Nous n’avons plus que jusqu’au 26 juin pour admirer au Musée du Louvre une exposition intitulée « De Cordoue à Samarcande ». Il s’agit d’une petite exposition, riche seulement de 42 objets. Mais ceux sont de véritables joyaux, exposés pour la première fois au public. Ces chef-d’œuvres, et notamment une biche en bronze provenant de Madinat-Al-Zahra, la Cité des Mille et Une Nuits des califes de Cordoue, en Andalousie, couvrent trois continents et treize siècles, du VIIe au XIXe. L’exposition prend ensuite la direction de New York.

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Le Qatar, qui offre le plus haut niveau de vie du monde à ses habitants (32 000 dollars par an et par habitant), est devenu un acteur majeur sur le marché de l’art.

Cette manifestation est intéressante à plus d’un titre. D’une part, il s’agit d’un prêt de l’émirat du Qatar. A la différence de Dubaï et de certains de ses voisins du Golfe, ce petit pays n’investit pas seulement dans le luxe et le clinquant. Depuis quelques années, Doha, la capitale, est devenue un acteur majeur sur le marché de l’art, plus particulièrement de l’art islamique. Ces 42 joyaux prendront place dans le futur musée d’art islamique en construction au large de Doha. « Le Qatar souhaite développer sa coopération avec la France. Je pense que nous avons une carte à jouer dans cette région où les Américains et les Anglo-saxons sont tellement présents », souligne Nathalie Fustier, directrice du Centre culturel français du Qatar, et conseiller de coopération à l’ambassade de France. L’une des filles du Chef de l’Etat, le cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, Mayassa, est francophone. Elle a étudié à l’université de Paris I et à Sciences Po. Le lycée français de Doha compte 620 élèves.

D’autre part, la direction du Musée du Louvre confirme sa volonté de créer à l’avenir un authentique département des Arts de l’islam, en multipliant par quatre l’espace consacré au monde musulman. Ce redéploiement des collections des Arts de l’islam s’effectuera dans les futurs espaces créés Cour Visconti. Avec « De Cordoue à Samarcande », Sahiba Al-Khemir, la conservatrice en chef du Musée d’art islamique de Doha, a mis l’accent sur l’esthétique, sans trop se soucier de la chronologie. Elle nous promène ainsi de l’Espagne musulmane à l’Asie Centrale, en passant par l’Egypte et la Syrie, pendant un bon millénaire. 42 objets étonnants qui vont de « la terre à la soie ». C’est-à-dire des céramiques, à l’ivoire, au bronze, à l’or, aux tapis, et bien entendu, à la soie (www.louvre.fr).

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L’émirat accueille la télévision la plus célèbre du monde arabe, Al-Jazeera, qui fête cette année son dixième anniversaire.

S’il n’autorise toujours pas les partis politiques, le Qatar s’est malgré tout engagé depuis plusieurs années sur la voie de la réforme. Les femmes ont obtenu le droit de vote en 1999, une première dans la région du Golfe. En 2003, une femme a accédé au conseil municipal de Doha. Shaykha Mûza Al-Misnad, la première dame du pays, est à l’initiative de la Cité de l’éducation. Celle-ci souhaite accueillir des succursales de grandes universités, surtout américaines, et également établir des partenariats avec de grandes écoles françaises, comme Sup de Co Paris et l’Institut d’études politiques de Paris. « Cette Cité de l’éducation abritera également une Cité des sciences, un musée d’Art islamique et un centre du patrimoine », note Fatiha Dazi-Héni, chercheur associé au CERI, et auteur de « Monarchies et sociétés d’Arabie » (*).

Ian Hamel, de retour du Qatar

(*) « Monarchies et sociétés d’Arabie. Le temps des confrontations », Presses de la fondation nationale des sciences politiques. 315 pages. Février 2006.

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