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Le Qatar et l’Iran, deux films sur le Prophète, deux versions à l’écran

Pomme de discorde qui déclenche une vraie guerre des nerfs entre le Qatar et l’Iran, entre sunnites et chiites, et par là-même une surenchère financière, deux fresques grandioses, portées par un même souffle épique, rivalisent pour retracer la vie du Prophète (saws) à l’écran.

Espérée et aujourd'hui très attendue, la réponse cinématographique au funeste film anti-islam, qui avait embrasé l’automne 2012 et que l’on aimerait voir se consumer à jamais dans le brasier de sa médiocrité, se fait jour sous deux angles différents et irréconciliables, même si les deux projets aspirent à ce que l’aura, l’envergure et la grandeur d’âme de Muhammad crèvent l’écran.

L’un est un peplum ambitieux à bien des égards, financé par la manne providentielle du Qatar (1 milliards de dollars), à travers la société de production Alnoor Holdings basée à Doha, qui se fait fort de respecter le principe de la non-incarnation du Prophète pour s’attacher à mettre en lumière son humanité, injustement méconnue ou calomniée. Sur les conseils du Sheikh Yusuf Al-Qaradawi qui fait autorité pour son orthodoxie, et confiée au virtuose des super-productions hollywoodiennes, Barrie Ostbourne, le producteur à succès de Matrix et du Seigneur des Anneaux, la réalisation de ce film à grand spectacle remontera aux sources de l’islam, afin de réhabiliter l’histoire d’un homme et d’une religion sans en dévoyer l’authenticité, comme il est de bon ton de le faire, tout en créant un pont entre les cultures.

L’autre est un film iranien, au budget plus modeste, même si la somme de 30 millions de dollars reste rondelette, dont le réalisateur Majid Majidi a déjà planté ses caméras et donné le premier clap de tournage, en dépit du vent de protestation qui souffle depuis le Qatar et l’Egypte sur une production qui va enfreindre la règle de l’invisibilité du Prophète, sans aller toutefois jusqu’à le personnifier sous les traits grimés d’un acteur. Interviewés par le Guardian, les producteurs iraniens opposent aux critiques virulentes la doctrine chiite plus « libérale », qui les autorise à représenter la figure illustre de l’Islam, sans montrer son visage.

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Le chercheur de l’Université de Toulouse, Philippe Ragel, spécialisé dans l’histoire et l’esthétique du cinéma, et grand connaisseur du cinéma  iranien, a résumé ce conflit filmique en ces termes : "Il s'agit d'une véritable bataille politique entre sunnites et chiites, chacun ayant une interprétation différente du Coran", a-t-il déclaré, ajoutant : "Il est hors de question pour les deux parties que l’autre  s'approprie, seule, le récit de la vie du Prophète".

En attendant de pouvoir juger sur pièces de la qualité de ces deux super-productions, il serait souhaitable que cette guéguerre théologique et politique ne devienne pas une guerre des films projetée dans les salles obscures, car elle risque fort d'avoir le goût amer d'une victoire à la Pyrrhus sur le brûlot anti-islam…

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