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Le procureur général de Suisse conteste l’action de Claude Covassi, l’ancien espion du Centre islamique de Genève

Fin mai, Oumma révélait que les parlementaires suisses acceptaient enfin de recevoir Claude Covassi, l’ancien espion du Centre islamique de Genève (CIG). La partie n’est toutefois pas gagnée pour ce Genevois de 36 ans, converti à l’islam, et réfugié en Egypte depuis de nombreuses semaines. Le 8 juin, lors d’une conférence de presse tenue à Berne, Valentin Roschacher, le Procureur général de la Confédération, a contesté l’action de Claude Covassi au sein des services secrets suisses. Par ailleurs, la délégation des Commissions de gestion, l’organe chargé au Parlement suisse de surveiller les services secrets, n’a toujours pas fixé de date d’audition à l’ancien espion. Claude Covassi rentre malgré tout en Europe « par ses propres moyens » et à « brefs délais », c’est-à-dire à la fin de cette semaine.

Cette histoire, qui a fait depuis fin février le tour de la planète, peut se résumer ainsi. En 2004, Claude Covassi est recruté par le Service d’analyse et de prévention (SAP), les services secrets intérieurs suisses. Il reçoit pour mission de se convertir à l’islam afin d’infiltrer la communauté musulmane, et notamment le Centre islamique de Genève (CIG). Celui-ci, créé en 1962, est dirigé par Hani Ramadan, petit-fils d’Hassan Al-Banna, le fondateur des Frères musulmans égyptiens. Hani est le frère aîné de Tariq Ramadan. Claude Covassi est jugé si efficace que le Service de renseignements stratégiques (SRS), les services secrets extérieurs, lui confie plusieurs missions dangereuses à l’étranger, liées à la lutte antiterroriste.

Mais en 2005, tout se gâte. Les services suisses ne se contentent pas d’espionner Hani Ramadan. Ils veulent le compromettre, faire croire qu’il incite des jeunes musulmans à partir se battre en Irak. Claude Covassi effectue deux missions en Syrie, mais refuse de se mouiller dans cette manipulation. Non seulement il s’est lié d’amitié avec Hani Ramadan, mais sa conversion est devenue sincère. Fin février, il fait des aveux dans la presse suisse et prend la fuite, après avoir été agressé et cambriolé. D’abord l’Espagne, puis le Sénégal, la Mauritanie, le Maroc, et enfin l’Egypte. Oumma a pu le rencontrer au Caire du 24 au 27 avril.

Pendant de nombreuses semaines, les autorités suisses font la sourde oreille. Elles laissent entendre que Claude Covassi ne serait qu’un mythomane. Alors, pour prouver sa bonne foi, l’ancien espion adresse à certains journalistes des documents. Dans l’un d’entre eux, daté du 12 décembre 2005, Claude Covassi prévient les autorités suisses qu’un Algérien et un Libyen préparent un attentat contre un avion d’El Al à Genève. Pour commettre leur crime, les deux terroristes auraient acheté un RPG-7. Le « Los Angeles Times » aux Etats-Unis, « Le Point » en France, le « Blick » en Suisse, et bientôt toute la presse israélienne reprennent l’information de Claude Covassi. La compagnie israélienne El Al confirme l’information. Le Mossad, les services secrets israéliens demandent à rencontrer Claude Covassi…

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Cet immense succès médiatique embarrasse l’ancien espion. D’une part, il le crédibilise. Mais d’autre part, il ne souhaite pas faire le jeu des Israéliens. Dans un communiqué maladroit, il déclare : « Je considère les Juifs comme mes frères en humanité. Je suis heureux d’avoir pu participer à empêcher le projet de terroristes contre un avion El Al. Toutefois, la politique d’épuration ethnique du peuple palestinien organisée par l’Etat d’Israël exclut pour moi toute possibilité de collaborer avec leurs services de sécurité ». Résultat, le 26 mai, la délégation des Commissions de gestion, l’organe chargé au Parlement suisse de surveiller les services secrets, accepte de recevoir Claude Covassi. Dans ce document, que Oumma possède, Philippe Schwab, le secrétaire de la délégation, demande à l’ancien espion d’apporter « au début de l’audition l’ensemble des documents audio et écrits que vous détenez » et de cesser «  immédiatement de communiquer avec les médias ».

Depuis cette date, Claude Covassi a coupé son téléphone et ne parle plus à la presse. En revanche, la délégation n’a fixé ni la date ni le lieu de cette audition. Or, nous sommes en juin. La Coupe du monde de football a débuté. Il y aura ensuite les grandes vacances. L’affaire Covassi ne risque-t-elle pas d’être enterrée ? Le 9 juin, l’avocat de l’ancien espion a lancé un ultimatum aux parlementaires suisses : « En l’état, il apparaît, au regard de l’urgence avérée de ce dossier qu’une date en vue de l’audition de mon mandant devrait être impérativement fixée dans le courant de la semaine prochaine, soit au plus tard le 15 juin 2006, à défaut de quoi Monsieur Claude Covassi ne se sentira plus tenu par les engagements qu’il a pris, à votre demande, de cesser toute communication avec la presse ». L ‘avocat (qui souhaite pour l’instant garder l’anonymat) ajoute que le silence de Claude Covassi « lui étant, à l’évidence, manifestement préjudiciable ».

En effet, la semaine dernière, Valentin Roschacher, le procureur général de la Confédération, confirme que la Suisse a bien démantelé une cellule terroriste qui avait prévu un attentat contre la compagnie israélienne El Al à Genève. Mais il ajoute : « Pour mettre fin à certaines spéculations liées au rôle éventuel de M. Claude Covassi, lequel a fait de très nombreuses déclarations dans les médias, il faut préciser que ce dernier n’a jamais joué un quelconque rôle, ni fourni d’informations au Ministère public de la Confédération ou à la Police judiciaire fédérale dans cette procédure ». Une déclaration pour le moins surprenante. D’après les documents en notre possession et les confidences d’un responsable des services secrets suisses, Claude Covassi a bien été « utile » pour déjouer cette tentative d’attentat. S’agit-il de le discréditer avant même qu’il remette un pied dans son pays ?

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