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Le plan « gagnant-gagnant » de Trump offre tout à Israël

Après une longue attente et en grande pompe, le président américain Donald Trump a présenté mardi son plan pour la Paix au Moyen Orient. C’est « un plan important » avait déjà dit Trump il y a quelques jours, bien qu’il se soit peut-être moqué précédemment de son principal architecte, son gendre Jared Kushner.

Mardi, il a qualifié le plan de « gagnant-gagnant », bien qu’il soit difficile de dire qui est le deuxième gagnant. Le premier est sans aucun doute Israël, à qui la seule chose qu’on ait demandé est de geler la colonisation pendant les quatre ans prévus pour négocier l’établissement d’un Etat palestinien.

A part cette demande épuisante pour le minimum, Israël obtient : toutes (ou pour ainsi dire) ses colonies, la totalité de Jérusalem, le contrôle sur les frontières, un contrôle militaire incontesté sur la totalité de la Palestine historique, environ un tiers de la Cisjordanie et le retrait de toute possibilité pour les Palestiniens expulsés en 1948 de jamais pouvoir revendiquer un droit au retour ni même une compensation pour les terres et les maisons et les années qu’on leur a volées.

Il n’est pas étonnant qu’un Benjamin Netanyahou rayonnant, premier ministre titulaire d’Israël qui se tenait aux côtés de Trump lorsqu’il a présenté le plan, ait paru plus suffisant que jamais.

« Pendant trop longtemps », a dit Netanyahou dans ses remarques après que Trump ait rendu, (grand dieu, il a vraiment rendu), « le coeur même de la terre d’Israël, où nos patriarches ont prié, où nos prophètes ont prêché et où nos rois ont gouverné, ait été outrageusement qualifié de territoire illégalement occupé. Eh bien, aujourd’hui, M. le président, vous crevez ce gros mensonge ».

En effet. Personne ne pouvait évaluer mieux que Netanyahou combien ce plan est mauvais. Il n’a précisément rien à voir avec les Palestiniens, que l’on a réduits à de petits rôles auquel leur statut – aux yeux de ceux qui sont arrivés avec ce plan et qui le soutiennent – les restreint en tant que personnes de deuxième classe.

L’autre « gagnant »

Les Palestiniens ne repartent pas entièrement les mains vides. Leurs suzerains leur ont accordé « un Etat ». Sur plus de deux fois la terre qu’ils contrôlent actuellement. C’est tout au moins ce qui a été fiévreusement rapporté et qui a infecté les premiers rapports à l’annonce du plan, bien que personne n’ait cessé de poser la question évidente : deux fois rien, c’est ?

D’après le plan, la question du territoire a été élaborée « dans l’esprit de l’ONU 242 [Résolution du Conseil de Sécurité] ». Mais cela suggérerait une sorte d’adhésion aux frontières de 1967. A en juger par les « cartes conceptuelles » en appendice du plan, il est difficile de voir que les frontières de 1967 aient seulement été considérées.

En réalité, la priorité, telle que visible dans ce plan, c’est la sécurité d’Israël. Et donc, les Palestiniens n’obtiennent aucun contrôle sur les frontières pour entrer et sortir de la Cisjordanie. Et les cartes n’indiquent pas non plus de quelle façon Jérusalem devient à la fois la capitale unifiée d’Israël tout en devenant également la capitale de la Palestine « Al Quds [comprenant] des quartiers de Jérusalem Est ».

En compensation, un « Plan Economique de Trump » profitera aux réfugiés déjà présents et à ceux qui sont absorbés dans « l’État de Palestine » ou « l’Empire de Palestine » ou « la Grande Palestine » ou quelque soit le nom que les Palestiniens veulent lui donner, une série de zones non contiguës qui seraient reliées par des ponts, des tunnels et des routes.

Nous obtenons des routes ! Ce doit être ce que Jared Kushner voulait dire par progrès économique.Les Palestiniens pourraient aussi espérer une zone balnéaire au nord de la Mer Morte. Avec des détails de ce genre, il est facile de voir comment le plan Trump atteint 180 pages.

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Inapplicable

Ce plan, bien sûr, est inapplicable. C’est un non-point de départ comme l’ont dit les Palestiniens depuis le début.Il viole toutes les lignes rouges stipulées par l’Autorité Palestinienne, tous les principes signés en 1993 par l’Organisation de Libération de la Palestine et toutes les résolutions du droit international.

Aucun dirigeant palestinien ne pourrait l’accepter. Aucun dirigeant palestinien ne l’acceptera. Tout dirigeant arabe qui le soutiendra verra sa réputation entachée.C’est pire qu’une plaisanterie. C’est une insulte. Les responsables de l’Autorité Palestinienne – Mahmoud Abbas, dirigeant de l’AP, l’a appelé la « gifle du siècle » – et le porte-parole du Hamas ont comme prévu rejeté le plan d’un revers de la main.

D’autres aussi ont été cinglants.

B’Tselem, association de défense des droits de l’Homme, a dit que le plan ne changeait rien.

« Ce qu’on offre à l’instant aux Palestiniens, ce ne sont pas des droits ni un Etat, mais un état permanent d’apartheid. » Matt Duss, conseiller de politique étrangère du candidat à la présidence américaine Bernie Sanders, a tweeté son mot du jour : « Bantoustan » et a mis en garde les journalistes de parler aux « véritables Palestiniens ».

La majeure partie de la présentation du plan a résonné comme une menace envers les Palestiniens. Ainsi, la « difficulté » à créer un Etat palestinien d’un seul tenant, étant donné l’étendue des colonies, a été utilisée par un responsable de l’administration comme une raison pour que les Palestiniens l’accepte.

« … Si nous ne figeons pas ceci maintenant, je pense que leur chance de jamais obtenir un Etat disparaît fondamentalement. »Ce que ce responsable ne semble pas avoir cessé d’envisager, c’est : Et alors ? Et alors si cette chance disparaît, Israël devra toujours vivre avec six millions de Palestiniens. Voilà le fait révélateur qui élude ceux qui semblent penser que le pouvoir c’est tout ce qui importe : Ce sera terminé seulement quand les Palestiniens diront que ça l’est. Pas une minute avant.

Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine

Source : The Electronic Intifada

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9 commentaires

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  1. Je constate à ma grande satisfaction que de nombreux pays arabes, courageux et responsables, soutiennent l’initiative de Paix du Président Trump et tournent le dos aux palestiniens qui veulent la poursuite de ce conflit sans fin.
    Les irréductibles partisans de la guerre et de la destruction d’Israel seront bientôt marginalisés et mis aux bans des nations.
    Il est temps de se mettre à la table avec ses ennemis pour faire la paix sinon toute la région sombrera dans le chaos.
    Les pays pyromanes que sont l’Iran, la Syrie, le Qatar, la Turquie et autres dictatures arabes sentent que leur fin approche et jouent la carte du suicide collectif.
    D’autres pays comme l’Egypte, l’Arabie saoudite, les Emirats, Barhein, Sultanat d’Oman ont compris l’intérêt de la paix, de la stabilité de la région et donc de faire la paix avec Israel même au prix d’abandonner la cause palestinienne pour un futur plus serein et prospère pour leurs peuples !

  2. Israël boulimique de territoires ne peut que finir par une indigestion ! Elle devra, inévitablement, faire un régime sous peine de se retrouver sous perfusion!!!
    Tous ses faux amis ( américains, Européens sous culpabilité, arabes intéressés…) ne peuvent qu être mauvais conseiller. Car il ne faut pas oublier qu’ un véritable ami est celui qui vous dit d arrêter quand vous allez trop loin, de réfléchir avant de parler et qui essaie de corriger vos excès au lieu de les exagérer.
    Benyamin est content, il n’ y a vraiment pas de quoi! Car Donald , lui, quoi qu’ il arrive, restera aux Etats Unis!
    Les palestiniens attendent des jours plus heureux et ils viendront in shaa Allah
    Et les israéliens qu’ attendent- ils de demain ?

  3. Les musulmans n’ont jamais demandé un état palestinien.
    Le mot état palestinien était une invention sioniste. Cet état, s’il existera, sera forcement sioniste.

    Le conflit à l’origine était musulman sioniste, devient par la force des choses sioniste arabe.
    La nation arabe n’existe pas, c’était une invention sioniste, et c’est pour cela que tout les états arabes sont sionistes, et c’est normal.
    On a ensuite fait de ce conflit sioniste palestinien, et puis sioniste bande de gaza.

    Contre la Cisjordanie et l’Egypte, les sionistes utilise l’arme argent et femme.
    Cet arme reste sans importance dans gaza, alors ils appliquent des bombes.

    L’équation :
    Les états arabes ont créé l’état hébreux et l’état hébreux fait bouger les état arabes.
    D’un coté,les sionistes arabes et juifs, de l’autre coté les musulmans et les juifs non sionistes.

    • Et les chrétiens arabes, ils sont où dans votre « démonstration” ? Pourtant dès 1918, ils ont activement participé à la lutte patriotique en Palestine et en Syrie, aux côtés des musulmans, des communistes, des socialistes arabes et des membres des 18 confessions existantes dans la région. « La nation arabe n’existe pas » …alors Nasser, Aflak, Assad, Boumedienne, Ben Bella, Aref, Arafat, Habache, Kadhafi, Saddam Hussein, Nasrallah, Haniyeh, Abbas, par-dessus leurs divergences, sont des sionistes ??? Et même le petit groupe des juifs palestiniens qui se sont opposés au sionisme, vous les oubliez aussi. Le mot « Palestine », lui, est une invention …romaine à partir du nom du peuple des Philistins, et ce mot a été repris par les Arabes (musulmans) à l’époque ommeyade avec la création d’une entité administrative nommée par eux « Palestine ». Dommage pour vous qu’ils ne l’aient pas appelé « Israël » mais l’histoire c’est l’histoire, on ne l’écrit pas selon les desiderata de Tel Aviv. Avant d’écrire, il faut se documenter, écrire sans s’être documenté est un péché, Iqra, Iqra, Iqra !!! que ce soit pour les musulmans, pour les chrétiens ou pour les juifs, sayanim compris.

  4. Une seule et unique condition mister Trump: le droit au retour des réfugiés palestiniens chez eux, pas en Jordanie, au Liban, en Syrie, en bougnoulie ou même en France, pays des droits de l’homme…blanc et “amusulman”, mais bien chez eux en Palestine et dont la capitale est et restera Jérusalem.

    Y’a pas à discuter dear Donald, c’est leur droit et de rappeler qu’avec cinq membres permanents dont la Chine, la France, le Royaume-Uni, la Russie et your country, The United State of América, l’Onu a adopté en 1948 la résolution 194 dont l’article 11 stipule que:

    “11. Décide qu’il y’a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dommage doit être réparé par les Gouvernements ou autorités responsables ;
    Donne pour instructions à la Commission de conciliation de faciliter le rapatriement, la réinstallation, et le relèvement économique et social des réfugiés, ainsi que le payement des indemnités, et de se tenir en liaison étroite avec le Directeur de l’Aide des Nations Unies aux réfugiés de Palestine, et, par l’intermédiaire de celui-ci, avec les organes et institutions appropriées de l’Organisation des Nations Unies ; » Wikipédia

    ” La Nakba, qui est commémorée le 15 mai, désigne le déplacement de plus de 700 000 Palestiniens à la suite de la création de l’État d’Israël en 1948
    Plus de 70 années se sont depuis écoulées, et Israël continue de priver les réfugiés palestiniens de leur droit de retourner sur leurs terres” Amnesty international

    700 000 hier en sachant que certains sont mort naturellement et d’autres ont eu des enfants, combien sont-ils aujourd’hui à pourrir dans des baraquements de fortune ou encore quand ils sont étrangers chez les autres et sans droits?
    On les estime aujourd’hui à plus de 5 millions, il va en falloir de la place les ami…ches, pour reloger tout le monde. A moins que Bibi ne décide de tous les liquider et là s’en sera finit de la shoah, des dividendes perçues depuis par les familles des disparus mais surtout de l’entité sioniste elle-même.

  5. Selon la vieille tradition des réserves indiennes et aborigènes ou des bantustans, voilà « l’Etat palestinien » prôné par USraël et ceux qui pensent parmi les Occidentaux et les Arabes, que la liberté, le droit à un pays, le droit au retour sur ses terres, le droit à sa ville sainte, le droit au développement, le droit à la dignité peuvent être réduits au niveau de marchandises négociables en fonction de bénéfices individuels et privés que pourrait accepter quelque potentat local, palestinien ou autre. Même Abbas et le roi jordanien ont été obligés de dénoncer la création de ce réseau de ghettos palestiniens pour ne pas perdre au profit du Hamas, du Djihad palestinien ou du FPLP ce qui leur restait de légitimité patriotique. La Hutzpah qui a prit le pouvoir en 1948 à Tel Aviv ne pourra pas durer éternellement car elle s’attaque à ce qui fait le coeur même de l’humanité et, au lieu de soumettre, elle soulève une colère légitime qui ne pourra que monter jusqu’au renversement du régime injuste et raciste qui joue le rôle d’un poignard découpant en deux le monde arabe, le monde islamique et tout le tiers monde. Cela les peuples le savent dans la durée et donc par dessus la conjoncture d’un régime ou d’un autre. Et les juifs les plus lucides, les plus humains, les plus pieux ou les plus justes le savent aussi et de plus en plus. La solution à un Etat palestinien commun à tous ses habitants et intégré dans son environnement arabe revient sur le devant de la scène.

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