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Le PJD, une percée politico-religieuse au Maroc (1/2)

Des milliers de tracts jonchent les rues de Rabat, certains virevoltent et font intrusion dans le jardin botanique de la rue Oqba, fermé au promeneur marocain « pour travaux » depuis des lustres. Implacable intrusion de la politique et de la pollution des hommes jusque dans la quiétude végétale d’une zone pourtant protégée…

Soirée de campagne

Vendredi soir (25 novembre), au QG de campagne du Parti Justice et Développement, fondé (sous sa forme actuelle) en 1997 par des éléments émancipés du mouvement religieux Harakat el Islamyia, on peinait à sentir le souffle d’une victoire annoncée. Dans ce quartier cossu de la capitale chérifienne, toutefois très proche du quartier populaire « Océan », une quarantaine de militants s’affairent. Quelques-uns discutent avec les journalistes marocains, algériens et français déjà sur place, et d’autres, à l’étage du siège récoltent les premiers indicateurs de résultats. Une centaine de chaises aux coussins de velours rouges font face à un grand écran qui diffuse alternativement la chaine marocaine 2M, réputée proche du pouvoir et Al Jazeera[1], réputée proche des contre-pouvoirs en général…

Environ dix marocaines en blouses blanches et voiles de différentes couleurs s’occupent de servir des boissons (sans alcool) aux personnes présentes. Des dizaines de grands tapis de qualité ont été loués ainsi que de cossus canapés de cuirs blancs, qui dénotent d’un certain pouvoir économique. En effet, ces dernières années, des hommes d’affaires ont rejoint le PJD[2], en parti par ce que les monopoles dont jouissent certains favoris du pouvoir, les empêche de se développer comme ils le souhaiteraient, ou de décrocher des marchés publics dans le cadre d’appels d’offres transparents par exemple. Les fonds de campagne du PJD s’en sont trouvés augmentés. Preuve supplémentaire qu’un système non-équitable ne peut se maintenir indéfiniment (fût-ce par la violence, comme on l’a vu récemment de manière spectaculaire à travers le monde arabe) sans générer une opposition organisée, déterminée, rusée et tenace.

Puis progressivement, la confiance affichée pendant toute la campagne commençait à se manifester de manière de plus en plus visible après 22 heures. Un « Allah Akbar ! » à même fusé au moment de la diffusion des premiers indicateurs de vote. Le lendemain, alors que les premiers résultats provenant de différentes circonscriptions du Royaume marocain parvenaient, la célébration et les déclarations de victoire électorale s’enchainaient. La deuxième chaine arabe en termes d’audience Al Arabyia, ainsi que d’autres médias tendaient alors leurs micros au populaire secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane.

Stratégie politique : entre contestation et loyalisme

Bien sûr les premières questions et les premiers commentaires ne manquent pas de relever la récente victoire électorale du parti politico-religieux tunisien Ennahda. Le secrétaire général du PJD ne rejette pas complètement le parallèle mais prend soin de marteler, face aux velléités de classification de son parti à l’intérieur de ladite "nébuleuse islamiste" : « Nous sommes marocains, marocains, marocains ». Est-ce une manière de signifier sans forcément le dire que le PJD se veut loyal à un principe qui est étranger à leurs "cousins" tunisiens ou égyptiens et aux autres : celui qui fait du Roi du Maroc l’Amir al Mouminine (Commandeur des croyants) ?

Ce statut symbolique ayant une efficience réelle s’est forgé à partir du XVIe siècle[3], puis affirmé et affermi les siècles suivants. Tous les monarques alaouites possèdent ce titre en héritage. Cela fait une première spécificité de ce parti politico-religieux marocain. Leur contestation des problèmes qui frappent le Maroc reste dans le cadre d’un loyalisme au système monarchique et au statut du Roi. A ce titre, ils ont joué un jeu compliqué de « je t’aime moi non plus » avec le mouvement du 20 février, réunissant des forces contestataires de toutes tendances, dont beaucoup réclament le passage à un système de monarchie parlementaire et d’autres à la fin pur et simple du régime monarchique.

Officiellement le secrétariat général a appelé ses membres à ne pas grossir les rangs du 20 février. Le risque était évident : perdre le bénéfice de près de quinze années de lente progression au sein des institutions politiques marocaines, au prix d’importants efforts et compromis. Mais dans la réalité, un cadre des Jeunes (shâbab) PJD nous indiquait hier qu’il avait participé au mouvement du 20 février : « Il y a des recommandations, mais nous sommes libres de choisir de participer ou pas… », comme ses congénères, et même l’un des membres du bureau central. Abdallah Baha, cadre historique du parti, proche de Benkirane confirme cette dissonance quand il indique qu’il n’est pas pour une participation au Mouvement du 20 février. Néanmoins, et c’est là que la ligne du PJD se dévoile, il n’évite pas de formuler ses critiques et va même assez loin : « Si le Maroc avait continué dans la logique des réformes, quand le Printemps arabe est arrivé, il aurait été dans une situation très confortable. Il n’y aurait pas eu de grands problèmes. Mais malheureusement il y a eu une régression qui a créé un climat de tension. On allait même vers un modèle Tunisien ou Egyptien avec l’avènement d’un parti de l’Etat, comme le PAM[4], à l’image des partis de Ben Ali ou de Moubarak… »

Il comprend donc l’avènement des revendications que porte le mouvement du 20 février, mais tient à préciser toutefois qu’ « il n’est pas un mouvement d’une ampleur susceptible de déstabiliser le pays, mais il n’est pas non plus un mouvement mineur » C’est dans ce délicat exercice d’équilibre discursif que réside le positionnement du PJD : contester, mais de l’intérieur et en donnant des gages de loyauté… On trouvera dans son discours du « Sa Majesté » pour désigner le Roi, et une satisfaction vis-à-vis de la récente réforme constitutionnelle (juin 2011) qui a abouti à ces élections anticipées[5]. Deux éléments que l’on ne retrouve pas dans la ligne politique du Mouvement du 20 février.

Ce sont là des indicateurs parmi d’autres qui différencient le présent parti, par rapport aux autres partis politico-religieux mis en lumière par les conséquences du Printemps arabe, particulièrement le voisin maghrébin tunisien Ennahda.

Un axe AKP-Ennahda-PJD-Frères Musulmans ?

Néanmoins, une parenté avec les Frères Musulmans n’est pas déniée. Une jeune militante qui évoquait la référence aux Sahwas (de al- ?a ?wa al-islamiyya : le réveil islamique), ces militants égyptiens issus des Frères Musulmans qui ont investit le domaine éducatif saoudiens parce que réprimés en Egypte. Ceci est-il rassurant quand on sait le cocktail molotov qu’a précisément représenté ce mélange entre l’activisme politique des Sahwas et l’idéologie hanbalo-wahhabite[6] ? Malgré cette référence qui nous est présentée, elle ne doit pas être surdimensionnée, en regard du contexte local. C’est d’ailleurs l’un des problèmes majeurs du système interprétatif réductionniste de nombreux journalistes traitant de cette question des Frères Musulmans, voir de chercheurs.

Ce leitmotiv de la « globalisation/mondialisation » (ici celle des mouvements religieux dits « transnationaux ») empêche de voir, ou à tout le moins d’essayer même de saisir, les dynamiques et la profondeur des cultures et des histoires locales. Or elles restent déterminantes. La globalisation/mondialisation n’a pas aboli l’anthropologie des peuples et le principe d’Etat-Nation. Tel Frère Musulman takfiriste (qui lance des anathèmes) ici, sera de tendance soufie là-bas[7]. Et encore ces deux catégories n’épuisent pas les sensibilités, orientations, compromis ou contradictions de celui-ci et de celui-là… Vicissitudes humaines, en somme, comme partout ailleurs…

Par rapport à Ennahda , on a vu notamment que la reconnaissance du principe d’Amir Al Mouminine par le PJD marocain indiquait une première différence. Ceci étant, le parti politico-religieux de Rachid Ghannouchi et d’Hamadi Jebali (premier ministre) ayant remporté une victoire électorale dans le contexte postrévolutionnaire tunisien, assistera t-on à un rapprochement avec l’institution religieuse de la Zeitouna, que Ben Ali avait quelque peu mise sous l’éteignoir (avant de tenter d’instrumentaliser sur la fin de son règne) ? S’il ne nous est évidemment pas possible d’y répondre pour le moment, il faut toutefois noter que, pour rassembler le maximum de tunisiens dans le processus de restauration de l’Etat, les vainqueurs d’Ennahda ont fait appel à la personnalité du second grand vainqueur de ces élections démocratiques tunisiennes : Moncef Marzouki.

La ligne de son parti est clairement de gauche et plutôt laïcisante. Hier, à la tribune du siège de son parti, Abelilah Benkirane répétait à l’envie qu’il était ouvert à un dialogue et, au-delà, à une collaboration avec les partis concurrents (y compris le PAM), malgré les divergences qui pourraient affleurer sur certains sujets. Les questions sociales et économiques étant considérées comme les plus urgentes et essentielles, et les plus à même de produire du consensus. Mais le fait est bien là : en Tunisie comme au Maroc, les partis de tendance plutôt laïque (à des degrés différents toutefois, et pas nécessairement dans l’acception française du terme…) cumulent un nombre plus importants de voix et de partisans que le PJD marocain ou qu’Ennahda. Il leur faut donc en prendre acte et composer avec cette frange de la population… et inversement. Dans le cas tunisien, cela semble bien parti, dans le cas marocain, cela reste à construire.

C’est exactement le scénario devant lequel s’est retrouvé le parti de Recep Tayip Erdogan AKP après avoir gagné les élections turques. Leur volonté de réaffirmer l’islam dans l’espace public national, éventuellement de procéder à une réislamisation par le bas, s’est confrontée à une société en partie laïcisée par le double effet de l’action de Mustafa Kemal Atatürk et de l’aspiration postmoderne à l’autodétermination en matière de rapport à la religion ou plus généralement en terme de choix de convictions.

Il est donc incorrect de prétendre pouvoir tracer une boucle Frères Musulmans qui passerait par Rabat, Tunis, Le Caire et Ankara. Néanmoins, là encore, la prudence s’impose également, et il faudra observer les rapprochements qui s’opèrent (ou pas) sur des sujets précis, lors de prochaines rencontrent internationales…

Eléments de la ligne politico-religieuse

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Nous parlions de la « matrice » Frères Musulmans, il faudrait en l’espèce surtout évoquer l’origine précise, marocaine évidemment, du Parti politique en question. Elle est religieuse. Ses fondateurs sont des éléments émancipés du Harakat el Islamiy (Mouvement islamique). Si un jeune chercheur nous indiquait que les deux branches sont depuis longtemps indépendantes, on pouvait toutefois remarquer la présence de membres de ce mouvement matriciel au siège du parti, dimanche dernier, pour y célébrer la victoire électorale…

Ceci nous amène à évaluer quelques éléments de la ligne politico-religieuse du PJD. Les aspects extérieurs sont par définition ceux qui se présentent en premier à l’observation. On nous permettra donc de commencer par eux. Toutes les élues femmes arborent un hijab, qui enserre plus ou moins largement le tour de leur visage. Beaucoup de cadres du mouvement arborent quant à eux une zébiba, ce durillon formé (en principe) par la pratique régulière de la prière depuis plusieurs années[8]. Les membres de la liste jeune, non. Ces éléments ne sont pas nécessairement des éléments fondamentaux de la piété, car cette autre dimension de la pratique qu’est al akhlaq (la morale) par exemple, se manifeste autrement, mais ils sont des signes extérieurs à travers lesquels une certaine catégorie de croyants-pratiquants se reconnaissent, comme le chapelet ou la croix chez les paroissiens (à ceci prêt que la zebibâ est un élément incorporé au sens étymologique).

Nous évoquions la morale (al akhlaq), dans son sens religieux. C’est en effet sur ce plan que le PJD capitalise une partie de ses voix. Renvoyant donc cet aspect extérieur de piété , de nombreux électeurs conçoivent ses membres comme un rempart assez sûr contre la corruption qui frappe l’Etat marocain à différents niveaux. La confiance sur ce point s’illustre par la taux de recouvrement des impôts de 80% qu’ils ont obtenu dans l’une des localités qu’ils dirigent, ce qui est assez exceptionnel au Maroc. Le parlementaire Baha de l’expliquer par une équation simple : « Les Marocains raisonnent logiquement : "Si je te donne mes impôts pour qu’ils partent directement dans ta poche, alors je garde mon argent. Si je te donne mes impôts pour que tu travailles pour l’intérêt public, alors je paie mon dû." »

Mais cet aspect de morale religieuse contenu dans les signes extérieurs, dans le discours et, dans une certaine mesure, dans le programme du PJD, déborde les seuls aspects de l’incorruptibilité, de la promesse d’une plus juste redistribution des richesses du royaume et de l’aide aux plus démunis. Récemment, on a appris que la Commission Mimouni, en charge de la révision constitutionnelle sous le Haut patronage du Roi, avait biffé du projet de nouvelle Constitution la notion de « Liberté de Conscience », sous la pression des députés PJD (alors au nombre de 47, désormais au nombre de 107).

Quand on demande les raisons de ce refus au parlementaire réélu et cadre du PJD Abdallah Baha, il explique ainsi le lobbying de son parti sur ce point : « Ce problème ne se pose pas, la liberté de conscience existe au Maroc. Personne ne vient vous faire l’inquisition sur ce que vous croyez. La liberté est déjà assurée. Mais le problème quel est-il ? Ce dont nous avons peur, c’est qui si nous faisons une disposition pareille dans la Constitution, on va ouvrir la porte au prosélytisme. Je pense surtout aux évangéliques. Ils sont très actifs dans ce domaine. […] Je ne serai pas contre ce prosélytisme si la société marocaine était au même niveau que les sociétés occidentales. Sur le plan de l’enseignement et des ressources. Ils profitent de la situation matérielle des gens, des nécessiteux. Donc ce n’est pas honnête. Quand la société marocaine sera au même niveau que les sociétés occidentales, on aura la liberté comme en Occident. Parce qu’ils nous disent : pourquoi on donne la liberté aux musulmans dans nos sociétés et vous ne donnez pas cette liberté aux chrétiens dans votre société ? Mais les chrétiens existent, ils sont là (ndlr, surtout des journalistes et hommes politiques occidentaux)… parce que les juifs marocains, il n’y a pas de problèmes, ils sont là depuis des siècles[9]. S’ils ne font pas du prosélytisme… »

Cette réponse n’était pas sans nous surprendre, tant nous pensions que c’est plutôt les velléités laïques, agnostiques ou athées, selon le degré d’affirmation de soi et de sa liberté de conscience, que visait cette censure par le PJD. En effet, lors de Ramadan 2009, par exemple, le Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI), cofondé par deux marocaines, réclamait le droit de pouvoir se sustenter sans se cacher pendant le mois de jeûne. Les militantes de ce mouvement subirent des pressions policières. Plus largement, est-ce qu’un Printemps arabe qui s’est déroulé sous le mot d’ordre « Hourryia » peut faire l’économie de la liberté de conscience ? Cette question pourra commencer à être réglée de manière pratique par le modus vivendi politique et social que sauront établir (ou pas) les partis politico-religieux (dits « islamistes ») au pouvoir avec leurs concurrents/partenaires laïcs et inversement.

En tout cas tous ces mouvements politico-religieux entraperçus ici, particulièrement le PJD, semblent, de prime abord du moins, vouloir ancrer leur conception de l’islam dans l’histoire et la culture locale ainsi que dans la modernité. Le transnationalisme wahhabi, pour ne citer que lui, ne paraît pas vraiment "hanbaler" ce pays de tradition malikite et de culture arabo-amazigh qu’est le Maroc. « Islamistes », oui mais…

Les résultats du Parti Justice et Développement (PJD, Al Adl wa-l Tinmiya, والتنمي العدالة )

Durant l’exercice parlementaire 2007-2011, le PJD comptait 47 membres au Parlement (sur 305 sièges). Mais ce chiffre était minoré par la relative limitation du processus électoral imposée par l’ancienne constitution et par le PJD lui-même, qui, stratégiquement, pressentait que le moment d’étendre leur pouvoir n’était pas encore advenu. Ils comptent depuis les élections du 25 novembre dernier –qui n’ont toutefois rassemblé, selon les sources officielles, que 45% des électeurs– 107 sièges, soit plus d’un tiers du parlement, ce qui en fait le groupe parlementaire le plus important du pays, devant l’Istiqlal, le PAM, le Mouvement Populaire, et de nombreux autres (avec un paysage socialiste très éparpillé). Le parti est présent dans 58 circonscriptions, soit 64% de l’ensemble des circonscriptions. Sa liste nationale remporte 24 sièges sur 90 possibles. Celle-ci est réservée, par la nouvelle constitution, aux femmes et aux jeunes, afin qu’ils et elles accèdent plus rapidement aux responsabilités parlementaires. Le Roi vient par ailleurs de désigner, à la suite de ces résultats, le secrétaire général du PJD Abdelilah Benkirane comme premier ministre.


[1]La chaine Qatari a été boutée hors du royaume marocain courant 2010. Elle n’y a plus d’antenne locale et de rédaction. Toutefois, quelques correspondants sont autorisés…

[2] A la suite de ces législatives, le PJD compte 7 parlementaires hommes d’affaires ou chefs d’entreprises, 9 Médecins ou pharmaciens, 9 ingénieurs, ou encore 12 professeurs universitaires…

[3] Mais ses promoteurs tracent sa généalogie et sa légitimité bien au-delà, en remontant jusqu’au Prophète.

[4] Parti Authenticité et Modernité, fondé en 2008 par Fouad el Himma, ancien ministre marocain, très proche du roi Mohammed VI.

[5] Pour aller plus avant dans l’analyse des trois principaux acteurs politico-religieux du royaume, on consultera le récent ouvrage du sociologue (actuellement visiting fellow à l’Université de Columbia, Etats-Unis), Youssef Belal : Le cheikh et le calife, sociologie religieuse de l’islam politique au Maroc (Editions de l’ENS, Lyon, juin 2011). Ce livre issu d’une enquête de terrain répertorie le paysage politico-religieux au Maroc qui se concentre sur les trois principales forces : le Roi (Mohammed VI), Le cheikh Abdessalam Yassine (fondateur du Parti Justice et Bienfaisance, Al Adl wa-l Ihsan) et le Parti Justice et Développement Justice et Bienfaisance (Al Adl wa-l Tinmyia). Nous remercions le sociologue Réda Benkirane pour cette indication bibliographique. 

[6] Pour fouiller cette thématique, voir le récent travail de Stéphane Lacroix, Les islamistes saoudiens. Une insurrection manquée, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Proche-Orient », 2010.

[7] C’est ce que nous avons tenté de montrer à l’échelle des "avatars" européens de cette mouvance dans « Les Frères Musulmans, du global au local », in Religions et Mondialisation : exils, expansions, résistances, (dir) Rigal-Cellard, Presses Universitaires de Bordeaux, 2010, ou « The Autonomization of the Muslim Brotherhood in Europe : Da’wa, Mixité and Non-Muslims », in The Muslim Brotherhood in Europe. Burdens of the Past, Challenges of the Future, (dir) Meijer and Bakker, London-New York, Hurst Publishers/Columbia University Press, December 2011, pp. 179-205.

[8] Il a plusieurs type de zébiba : celle du hajj patinée par la patiente multiplication des prosternations front contre terre au fil des ans, ou celle du jeune born-again qui entre en religion avec ferveur et sur le front duquel se dessine une zébiba de débutant empressé, qui confine plus à la brûlure…

[9] La présence juive au Maroc est résiduelle. Une partie importante de la population juive du Royaume, quoiqu’en disent les reconstructions apologétiques et les belles déclarations de principes, a été diminuée par l’émigration consécutives aux pressions et contraintes, ou à la conversion forcée, comme dans le cas des marranes de l’Espagne post-Reconquista. Un dossier de l’excellente revue marocaine d’histoire Zamane de Novembre 2011 se basant sur des documents anciens, atteste de la conversion massive et contrainte qu’ont connu les juifs de Fès aux XIIIeme-XVIe siècle. Des patronymes comme Benchekroun, Benkirane, Benzakour, Bentabet, ou Bennis en porte encore témoignage vivant. Plus proche de nous, en 1912, une expédition dans le quartier du Mellah de Fès avait causé la mort de dizaines de juifs et de nombreux blessés. Cf « Ces Fassis d’origine juive », par Adnan Sebti, Zamane, novembre 2011, pp 66-71 (également pp 96-98). Plus récemment, en mars 2011, Hamid Chabat, le maire de Fès, a déclaré lors d’une réunion de son parti que les révolutions arabes étaient en fait un coup prévu dans « Le Protocole des Sages de Sion » (dont toute l’historiographie contemporaine a montré qu’il s’agissait d’un faux) pour déstabiliser le monde arabo-musulman. Chabat pensait peut-être ainsi "mettre à distance" son patronyme… d’origine on-ne-peut-plus hébraïque.

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