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Le parallèle entre Charles Maurras et Eric Zemmour : le nationalisme d’extrême-droite « destructeur » et « inégalitaire »

Dans un débat entre Eric Zemmour, journaliste et polémiste et Alain Finkielkraut,, philosophe lors de l’émission Restons Zen de Paris Première, ce dernier demande au premier à quel héritage il appartient, celui des dreyfusards, c’est-à-dire ceux qui ont défendu le capitaine Alfred Dreyfus accusé d’espionnage à l’instar de Charles Péguy ou celui des antidreyfusards qui se sont opposés à la révision du procès de Dreyfus qui a été finalement effectuée amenant à la libération et la réhabilitation de l’accusé. 

Tandis que Péguy soutient les dreyfusards par fidélité à la justice et à l’honneur, Charles Maurras refuse de suivre le débat sur la culpabilité ou l’innocence de Dreyfus et préfère désigner le tort que faisaient les dreyfusards à la France, à la paix et à « la raison ». Maurras a considéré ces derniers comme des traîtres qui ont affaibli l’armée et la nation dans un contexte de fragilité militaire et stratégique de la France après sa défaite devant la Prusse en 1871 et la perte de l’Alsace et de la Lorraine.

Finkielkraut fait allusion à cette opposition doctrinaire entre Péguy et Maurras en la considérant comme une opposition entre un ensemble d’idées qui tournent autour de la raison, du réalisme et de l’intérêt national et cette obsession vis-à-vis de la survie de la nation au moment du péril et l’honneur entendu comme une valeur transcendant la réalité et se basant sur la justice, l’égalité et le respect des droits humains. Le fossé qui se creuse entre ces deux mondes d’idées est un abîme et on peut examiner les conséquences de ces deux doctrines ou ensembles d’idées qui couvrent deux philosophies irréductibles et deux orientations politiques opposées. 

La réponse de M. Zemmour a été évasive mais il s’est rangé en quelque sorte du côté du premier ensemble d’idées qui regroupent le réalisme, le nationalisme et l’extrême-droite comme orientation politique. Il critique la seconde doctrine en arguant que lorsque la nation est menacée de mort, l’honneur ne compte pas. Il rejoint ainsi sur le plan doctrinal la vision de Charles Maurras.     

La filiation idéologique entre Zemmour et Maurras 

Il y a plusieurs points communs entre la pensée de Charles Maurras et celle d’Eric Zemmour. D’abord, le politicien et idéologue provençal s’est formé intellectuellement dans une ambiance hostile aux idéaux de la révolution française et à la République. Lors du centenaire de la Révolution française en 1889, plusieurs milieux intellectuels français ont lancé l’idée que les idéaux de 1789 menaçaient l’avenir de la France. 

Maurras pense que dans son prolongement, la révolution française a remis en cause des valeurs importantes pour la société et pour l’Etat. Par ailleurs, il devient monarchiste en 1895. 

Zemmour se distance lui-aussi de la révolution française en utilisant une approche historique. Il dit que l’histoire de la France ne commence pas avec la révolution mais remonte plus loin à Clovis et à Charles Martel. Cette façon de minimiser le poids de la révolution française reflète une hostilité aux principes d’égalité, de fraternité et d’universalisme ainsi qu’aux principes des droits humains inaliénables de la révolution. Celle-ci a célébré, semé et répondu dans le monde entier ces valeurs. Avec la révolution, la France sort du Moyen Âge et entre dans la modernité. 

Ceux qui critiquent cet héritage, sont en fait des réactionnaires qui gardent une nostalgie pour la monarchie qui ne servait qu’une élite aristocratique au détriment du peuple souverain. D’ailleurs, tant que les idéaux de la révolution française ont été forts, la France s’est projetée culturellement et militairement sur l’Europe en libérant les peuples et en affaiblissant les ordres établis sur le continent. Tous ceux qui ont été antirévolutionnaires, cherchent les racines de l’Occident qui ne sont autres que chrétiennes alors que la révolution a été antichrétienne. Ernest Renan affirme que « le jour où la France a coupé la tête de son roi, elle a commis un suicide ». Or, c’est un suicide parce qu’avec la mort du roi chrétien, la France n’est plus chrétienne et elle est donc perdue. 

On connait tous la démarche de Renan qui vise à singulariser l’Islam et le considérer comme foncièrement étranger et hostile à l’Occident. En plus, selon Renan, l’Islam et la science/philosophie sont incompatibles. Le plus important est que les antirévolutionnaires français sont attachés au christianisme comme identité de la France.  

Au-delà de cette tendance réactionnaire de Maurras rejoint aujourd’hui par Zemmour dans une vulgate antimoderniste et anti-universaliste, ces deux radicaux sont avant tout des nationalistes d’un genre particulier : un nationalisme d’extrême-droite. Charles Maurras avec Action Directe devient un nationaliste radical et germanophobe. Il se trouve que le plus grand problème du nationalisme d’extrême-droite c’est qu’il cherche idéologiquement une menace et un ennemi pour se donner un objectif. Pour le cas de Maurras ce fut l’Allemagne et les juifs puisqu’il a été antisémite. Quant à Zemmour, c’est l’Islam et les musulmans qui sont visés. Maurras a été un germanophobe alors que Zemmour est un islamophobe. Une fois la menace désignée et déterminée, le nationalisme cherche alors les moyens de l’éradiquer. 

Lors de la première guerre mondiale en 1917, Maurras et L’Action française s’attaquent aux patrons des industries accusés de faire des affaires avec l’Allemagne sans que des preuves n’appuient leurs allégations. Des procès en diffamation sont alors déclenchés contre ce mouvement radical. 

De la même manière, Zemmour accuse le gouvernement de ne pas faire assez pour limiter l’immigration qui risque, selon lui, de bouleverser l’équation démographique en France.  

Un autre parallèle entre Maurras et Zemmour :  le premier déclare : « Nous avons perdu quarante ans à entrechoquer les syndicats patronaux et les syndicats ouvriers dans la fumée d’une lutte des classes singulièrement favorable au concurrent et à l’ennemi germanique ; pendant ce temps, Guillaume II négociait entre ses socialistes, ses armateurs et ses financiers, dont les forces uniques, se faisant notre parasite, fructifiaient à nos dépens ». Quant à Zemmour, il déclare à propos de l’immigration en France : « En 2050, nous serons un pays à moitié islamique. En 2100, une République islamique ».

Il y a aussi de l’exagération des menaces chez les deux politiciens de droite. Dans le contexte des débuts de la première guerre mondiale, Maurras accuse les Dreyfusardes d’avoir mené une politique d’affaiblissement de l’armée et de la France qui a rendu ce pays non préparé à la guerre. Il accuse la République d’être responsable de cette situation. Ainsi, il affirme en 1913 : « La République nous a mis en retard sur l’Europe entière : nous en sommes à percevoir l’utilité d’une armée forte et d’une marine puissante […] à l’heure où les organisations ennemies sont prêtes ». 

Or, rien ne prouve que cette description de la situation en France soit exacte. D’ailleurs, la France a été victorieuse grâce à ses propres efforts et à celles de ces alliés. De la même manière, Zemmour accuse le gouvernement de laisser prospérer des « républiques islamiques » dans les quartiers sous le regard indifférent des gouvernements successifs et d’avoir favorisé l’entrée sur le territoire français de milliers d’immigrants en France. Il accuse également le gouvernement de suivre servilement l’Allemagne et les Etats-Unis en raison d’une instrumentalisation de l’Union européenne par ces dernières. Or, ces allégations sont entièrement fausses. L’Union européenne respecte la volonté des Etats membres. Mutatis Mutandis, il n’y a pas de républiques islamiques dans certains quartiers. Ce sont juste des déclarations alarmistes.

Les conséquences dramatiques de l’idéologie nationaliste  

C’est grâce à l’Action française qu’en novembre 1917,  Georges Clemenceau devient chef du gouvernement qui a été très dur dans sa politique envers l’Allemagne. En 1918, Maurras réclame d’imposer des conditions de paix draconiennes afin de satisfaire les intérêts de la France : la division de l’Allemagne, l’annexion du Landau et de la Sarre, imposer un protectorat français sur la Rhénanie. Le bras armé du nationalisme qui été L’Action française a affiché également son hostilité envers le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes au motif que le droit ne transcende pas à lui seul la légitimité et le droit. Il faut selon elle une dose de réalisme et d’équilibre des forces. 

 

Maurras a également demandé de soutenir les réparations de guerre afin de renflouer les caisses vides de la France après la guerre et a réclamé le démembrement de l’Allemagne afin de l’empêcher de renaître et d‘accéder au couloir de Dantzig. Tout aussi alarmiste et revanchard, Zemmour demande l’assimilation des musulmans et l’expulsion de milliers d’immigrants.

Or les conséquences de ces politiques sont catastrophiques. Pour le cas de Maurras, la politique d’humiliation et d’occupation de certains territoires névralgiques pour l’Allemagne a alimenté un discours haineux et de vengeance de la part des partis d’extrême-droite allemands comme le parti national-socialiste. Le Traité de Versailles et les réparations allemandes ont été tellement humiliantes pour les Allemands que la montée au pouvoir d’Hitler n’a été qu’une suite logique qui a mené directement à l’entrée en guerre de l’Allemagne en 1939. D’ailleurs, un économiste lauréat du prix Nobel, John Maynard Keynes a critiqué les réparations allemandes qui sont, selon lui, susceptibles d’augmenter la production allemande en vue de rembourser les dettes de l’Allemagne, ce qui va permettre à celle-ci de renaître économiquement et de concurrencer les économies des pays alliés.

Le déclenchement de la seconde guerre mondiale qui été plus dévastatrice pour l’Europe et le résultat de cette politique nationaliste d’extrême-droite, alarmiste mêlée à une raison d’Etat ou à ce qu’on appelle la Realpolitik. C’est le cardinal de Richelieu qui avait déclaré pour justifier le soutien du Roi de France aux protestants allemands durant la guerre de Trente-ans au 17ème siècle que le « Salut de l’âme c’est dans l’au-delà. Le salut des Etats c’est maintenant ou jamais ».

Cette Realpolitik est entrée en action avec l’unification de l’Allemagne qui a entraîné la perte par l’Autriche des territoires allemands. Pour compenser cette perte historique, cette dernière a commencé à envahir les Balkans. La prise de la Bosnie en 1908 a été l’évènement crucial de cette politique. La Russie n’a pas toléré cette expansion autrichienne dans les Balkans car elle se considérait comme la puissance protectrice des peuples balkaniques orthodoxes. L’Allemagne avait tout intérêt à soutenir l’Autriche. Bismarck avait encouragé la création de la monarchie austro-hongroise afin de compenser l’Autriche de la perte des territoires allemands. Ainsi, la Russie est devenue l’adversaire de l’Autriche et de l’Allemagne. Elle savait qu’elle ne pouvait pas battre ces deux puissances toute seule. Il lui fallait des alliés. 

D’un autre côté, la France qui a perdu le territoire de l’Alsace-Lorraine après la guerre de réunification de l’Allemagne en 1871 était confrontée au même problème : ce pays savait qu’il ne pouvait pas battre l’Allemagne sans l’aide d’une autre puissance. Ce fut la Russie qui était la seule puissance intéressée par une alliance avec la France. L’entente cordiale a été donc adoptée entre les deux pays en 1892 qui sera renforcée par une alliance militaire. 

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Ce qui a encouragé les deux pays à se rapprocher de manière dangereuse pour la paix en Europe est la dénonciation par l’empereur Kaiser II du traité de réassurance conçu par Bismarck spécialement pour éviter cette évolution cauchemardesque. Les deux pays sortaient ainsi de leur isolement. L’entente franco-russe ainsi réalisée est devenue la Triple entente (Triplice) avec l’entrée de la Grande-Bretagne dans cette alliance. Deux grandes coalitions politiques et militaires se sont alors formées qui n’attendaient qu’un prétexte pour faire la guerre.

La Realpolitik n’aurait jamais eu un tel succès s’il n’y avait pas cette idéologie nationaliste d’extrême-droite dans les pays européens. Maurras appréhenda le danger représenté par l’Allemagne hitlérienne pendant l’entre-deux-guerres mais sa vision stratégique de la Realpolitik (éloigner l’Italie de l’Allemagne par exemple) ne suffira pas à conjurer le danger. En tout cas, c’est le nationalisme et la Realpolitik prônée par Maurras et d’autres chefs politiques qui causeront la seconde guerre mondiale. Or, la position de Maurras à la veille de la seconde guerre mondiale c’est le refus de la guerre car son réalisme l’a amené à croire à juste titre que la France serait écrasée par la machine de guerre allemande. Peu importe ce réalisme, le nationalisme a conduit aux deux guerres mondiales et ce ne fut pas seulement celui de la France de Maurras, de l’Action Directe et de Clemenceau. Il y avait aussi celui de l’Allemagne et de l’Italie de Mussolini.

Le nationalisme a conduit à deux guerres dévastatrices même après la seconde guerre mondiale. Il y a par exemple la guerre en Ex-Yougoslavie. Le nationalisme de Milosevic à déclenché le conflit le plus meurtrier de l’après guerre au cœur de l’Europe entre 1991 et 2001. 

La guerre s’est concentrée au début entre les Serbes et les Croates parce que ces derniers ont pris peur du nationalisme de Milosevic et ont déclaré leur indépendance. Le malheur a voulu que la déclaration d’indépendance des Musulmans en Bosnie-Herzégovine a été faite en sous-estimant des faits majeurs : la présence de fortes communautés serbes et croates en Bosnie et le sentiment des Serbes qu’ils ont été trahis par les Musulmans en créant un glacis entre la Serbie et la Croatie. 

Les Serbes de Bosnie, soutenus par Milosevic ont mené alors une guerre de nettoyage ethnique pour créer un Etat serbe de Bosnie qui deviendrait un satellite de la grande Serbie. C’est un jeu morbide et machiavélique où toutes les communautés ont fait cavaliers seuls, ce a qui a abouti aux massacres des populations. C’est la politique des élites qui font bouger les choses et non les croyances des populations. Les élites de l’ex-Yougoslavie se sont adonnées après la guerre froide à un jeu nationaliste pour créer des entités territoriales dans lesquelles ils exerceraient leur pouvoir. Le jeu fédéral n’était plus opérationnel dans ces conditions.

Le nationalisme inspiré de Charles Maurras qui est un nationalisme d’extrême-droite comme le sont d’autres nationalismes est très dangereux pour la paix. M. Zemmour semble être séduit et attiré par cette idéologie terrible. Il faut prendre garde de cette évolution peu importe les ennemis désignés par ce nationalisme.    

Le parallèle entre Maurras et Zemmour sur Vichy 

Maurras et Zemmour ont chacun leurs raisons pour soutenir le gouvernement de Pétain et le régime Vichy. La défaite française a été tellement désespérante pour Maurras que ce dernier n’a trouvé d’autre solution que de soutenir le Maréchal Pétain afin de sauvegarder comme il l’a dit « l’unité française ». Mais ce soutien a pris les allures d’une véritable collaboration avec un gouvernement collaborateur avec l’Allemagne, ce qui est vraiment paradoxal. Le paroxysme de cette attitude a été son antigaullisme et son anti-résistance. Il a été jugé et emprisonné pour cela. Toutefois, quelle est la raison de cette attitude difficile, controversée et défaitiste ? Il aurait pu suivre le chemin de la résistance pure et dure qui semblait être l’attitude la plus raisonnable et la plus honorable. Je pense pour ma part que c’est son antisémitisme qui a été la raison de son engagement pour le régime de Pétain. Les Alliés qui faisaient la guerre aux Allem ands et à leurs collaborateurs ont été considérés par les maurrassiens comme des étrangers qui vont introduire en France les vieux « démons » qu’il craint par-dessus-tout. Il écrit en 1944 « si les Anglo-Américains devaient gagner, cela signifierait le retour des francs-maçons, des Juifs et de tout le personnel politique éliminé en 1940 ». En entendant le jugement le condamnant, il s’exclama « C’est la revanche de Dreyfus ». Dreyfus a été victime de l’antisémitisme.  

Quant à Zemmour, il lance l’idée que le gouvernement de Pétain à sauvé des juifs de l’intérieur au détriment des juifs de l’extérieur. En réalité, sa défense de ce régime collaborateur des Allemands ne peut s’expliquer par un tel calcul arithmétique. Le gouvernement de Pétain est un gouvernement nationaliste et d’extrême-droite avant tout. Zemmour ne peut gagner les faveurs de l’électorat potentiel de l’extrême-droite en France que s’il défend ce régime qui a presque causé la désolation de ce pays. Tout nationaliste ultra ne peut que soutenir le gouvernement de Pétain même si c’est une question historique. 

Par conséquent, Zemmour est un maurrassien dont le nationalisme a été juste mis au gout du jour. Alors que Maurras a été un germanophobe, Zermmour est un islamophobe. Si l’Allemagne a été l’ennemi d’hier, l’Islam est l’ennemi d’aujourd’hui des nationalistes d’extrême-droite.          

Le fondement « inégalitaire » de l’extrême-droite  

Il y a quelque chose d’important dans le rejet par Maurras et par Zemmour aujourd’hui des idéaux de la révolution française. C’est leur opposition à l’égalité entre tous les hommes. 

Dans ses écrits, Maurras, considère l’inégalité comme nécessaire pour la société en termes de répartition des rôles et il qualifie la république démocratique d’agent démagogique qui provoque l’apparition des maux sociaux en raison d’un acharnement égalitaire. Il considère que la civilisation ne peut survivre avec cette propension égalitaire qui créé selon lui une société amorphe composé d’individus considérés comme égaux. Il est très difficile de comprendre cette vision étrange sur la nécessité de l’inégalité ?  

Pour ce faire, il lance l’idée de l’infrastructure sociale qui doit être protégée contre les actions égalitaires qui risque de provoquer des blessures et des effets négatifs. On a du mal à comprendre cette analyse. En réalité, ce que Maurras entend par « infrastructure sociale », c’est l’ordre social. Celui-ci peut être non seulement inégalitaire mais encore pire, coercitif, aristocratique, voire esclavagiste. C’est contre d’un tel ordre inégalitaire que la révolution française a lutté avant tout. Celle-ci a détruit les ordres établis, des ordres foncièrement injustes : l’aristocratie, le clergé, la monarchie.

Contre une telle vision moyenâgeuse et réactionnaire, on ne trouve pas mieux que la vision mystique et socialiste de Charles Péguy qui a défendu Dreyfus au non de la justice, de l’honneur et de l’égalité. Cette défense est lumineuse car le procès de Dreyfus fut un procès contre les juifs. C’est au nom de l’égalité que Péguy a défendu Dreyfus. C’est contre une telle égalité que Maurras a combattu les dreyfusards. La quête de Maurras n’était pas seulement nationaliste dans l’affaire de Dreyfus, elle était aussi inégalitaire et antisémite. Le nationalisme et la raison ont été juste des doctrines qui appuient la démarche de Maurras. En revanche, la vision de Péguy est vraiment humaniste lui qui a rêvé d’une société d’amour et d’égalité entre les hommes. C’est cela la république démocratique, libératrice, bienfaitrice et juste. Au moment où la France a connu les bienfaits humanistes et égalitaires de la révolution, la Russie connaissait l’esclavage et les monarchies européennes ont été basées sur des ordres sociaux établis et inégalitaires. 

Mais qu’en est-il de Zemmour en tant qu’incarnation régressive des idées de Maurras ? Lui aussi est partisan de l’inégalité. Une inégalité entre les français de souche et les étrangers maghrébins et africains, surtout musulmans. Une inégalité de la pire espèce. Une inégalité raciale et religieuse. Quelle régression ! C’est vraiment quelque chose de caractéristique de l’extrême-droite moderne. C’est une extrême-droite régressive, essentialiste et raciste.    

      Conclusion 

 Nous avons montré tout au long de cet article la parenté d’idées entre Maurras et Zemmour, voir la filiation idéologique de Zemmour qui est maurrassienne. Il y a deux choses dangereuses dans cette idéologie commune entre le penseur et politicien Provençal et le polémiste. 

Le nationalisme jusqu’au-boutiste et stratégique a provoqué souvent des guerres en Europe et dont les fondements sont faux parce qu’il crée artificiellement des ennemis. Alors que l’ennemi principal de Maurras a été l’Allemagne, l’ennemi principal de Zemmour est l’Islam. Or, cette identification de l’adversaire est illusoire et n’est pas valable dans l’absolu. L’Allemagne est aujourd’hui un partenaire de la France dans le cadre de l’Union européenne alors que l’Islam n’est pas stigmatisé dans plusieurs pays européens comme le Royaume-Uni.

Le second élément dangereux est le rejet de l’égalitarisme entre les hommes, les races et les religions. Le principe d’égalité a été consacré par la révolution française qui a fait entrer l’Europe dans la modernité. C’est pour cette raison qu’aussi bien Maurras que Zemmour sont hostiles à celle-ci. En reniant les acquis égalitaires de la révolution française, ils ont renié ce qu’il y a de fondamental dans l’histoire de France et dans le rôle de celle-ci dans le monde. 

 Rafik Hiahemzizou

Philosophe et essayiste

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Un commentaire

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  1. Je pense que Zemmour est dreyfusard.

    A l’époque, il ne s’agissait pas vraiment du procès du capitaine Alfred Dreyfus , coupable ou innocent peu importe.

    En arabe il y a une citation très ancienne, en politique, et qui veut dire beaucoup de choses :
    كلمة حق يراد بها باطل

    Traduction de l’oncle Google : Mot juste destiné à annuler.

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