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Le nouveau thème des anti-minarets suisses: “l’islamisation rampante”

Ils n’ont pas fleuri dans les verts alpages helvètes, mais se sont plutôt enracinés dans les esprits sous la pression des fervents artisans de leur diabolisation, les « minarets de la discorde » n’en finissent pas de polluer la Suisse, depuis le fameux vote référendaire de 2009 qui en a fait des symboles honnis au sein du coffre-fort de l’Europe, à la consternation du gotha arabe qui compte parmi ses clients privilégiés, et sous le regard approbateur de ses voisins limitrophes, la France en tête, trop heureux de s’engouffrer dans la brèche.

Derrière des isoloirs dressés par une initiative populaire jugée en tout point anticonstitutionnelle, les membres du Comité Egerkingen, parmi lesquels l’extrême droite suisse, l’UDC, est prédominante, sont repartis de plus belle au "combat" sous l’oriflamme "Sus à l’islamisation rampante et aux minarets conquérants", sourds à la condamnation du Conseil de l’ONU qui, en 2010, avait vilipendé leur stratagème électoral grossier en ces termes : "l’interdiction des minarets, qui a récemment été votée en Suisse, est une manifestation d’islamophobie en claire contradiction avec les obligations internationales dans le domaine des droits de l’Homme, concernant la liberté de religion, de croyance, de conscience et d’expression."

Une sévère réprobation dans une enceinte internationale, que le coup de semonce de l’éminent représentant de l’Organisation de Coopération Islamique (OCI) a rendue plus cinglante encore en intimant l’ordre à la Confédération suisse de "Redresser une situation qui la met en porte-à-faux avec ses engagements  internationaux."

Mais les ultras de l’UDC, auteurs de la campagne apocalyptique contre les minarets dont le visuel choc, que l’on pensait naïvement inexportable en France, inspira  le FN au point de le plagier sans état d'âme lors des régionales de 2010 sous le slogan populiste en diable « Non à l’islamisme, la jeunesse avec Le Pen ! », font fi de toutes les injonctions, onusiennes ou européennes. Ils continuent de creuser leur funeste sillon, plaçant 2014 sous le signe du recyclage de leur affiche tétanisante contre, cette fois-ci, "l’immigration de masse", et notamment contre la présence musulmane qu’ils s’emploient à rendre cauchemardesque aux yeux de tous…

L'affiche de sinistre mémoire de l'UDC appelant à voter pour l'interdiction des minarets

L'immonde plagiat signé FN et attaqué en vain par le Mrap pour "incitation à la haine"

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Finie la trêve des confiseurs, les anti-minarets inaugurent la nouvelle année en prophétisant "une augmentation massive de la population musulmane" de nature à modifier "l’essence de la Suisse" ! On ignore dans quelle boule de cristal, l’omniscient Comité Egerkingen a dénombré 1 million de musulmans sur le territoire national d’ici à 2030, en tout cas, ses annonces fracassantes s’accompagnent d’amalgames dévastateurs dont on peut aisément pronostiquer les dégâts incommensurables dans les chaumières…

Ils jouent avec le feu et ils aiment ça, les pyromanes suisses ont de nouveau soufflé sur les braises de la haine lors d’une conférence de presse incendiaire, Daniel Daniel Zingg, membre du parti ultra-conservateur UDF, se livrant à un dénigrement odieux de l’islam, considéré non plus comme une religion mais "avant tout comme un système politique qui est en opposition avec notre régime juridique."

Ainsi, selon ce propagandiste de la terreur, lorsque les musulmans représentent 2 à 3 % de la population, ils redoublent de prosélytisme. A partir de 4 à 5 %, ils se fédèrent pour exercer une "influence disproportionnée" en exigeant par exemple des aliments halal, et lorsque leurs rangs s’étoffent un peu plus, ils poussent le bouchon jusqu’à d’obtenir le droit de se gouverner selon la charia. De quoi glacer d’effroi le bon peuple de Suisse et rendre son air vivifiant carrément irrespirable !

Les élucubrations nauséeuses de Daniel Zingg n’ont pas été du goût de tous, à l’image de Roger Golay, président du Mouvement citoyens genevois (MCG), qui nie toute xénophobie en affichant sa préférence pour « les Genevois », ce dernier se disant indisposé par une campagne anti-musulmane hautement délétère et préférant s’en dissocier, alors même que son prédécesseur au parlement fédéral, Mauro Poggia, s’est converti à l’islam.

Quand le Vieux Continent regorge de prophètes de malheur, tous anti-minarets dans l’âme, qui partent à l’assaut du chimérique péril vert comme seul axe fort de leur programme, nul besoin de lire dans le marc de café pour prédire que l’islamophobie va monter en flèche et culminer dans une violence, verbale et physique, insupportable!

En France, la lugubre comptabilité annuelle des actes anti-musulmans a enregistré une hausse de 11,3% en 2013, selon l’Observatoire national de l’islamophobie, émanation du CFCM, soit 226 agressions recensées. Une augmentation qui serait la "plus faible depuis 3 ans", comme l’a indiqué Abdallah Zekri, président de l’Obversatoire, en précisant toutefois un point de détail non négligeable : "ces chiffres son au-dessous de la réalité, car nombreux sont les musulmans qui ne veulent pas porter plainte, après avoir été la cible d'actes islamophobes", a déclaré ce dernier. L’hémorragie de l’islamophobie est corroborée par le CCIF, mais de manière plus alarmante, à la lumière des 469 actes islamophobes authentifiés et enregistrés par l’association, soit une augmentation notable de 57% par rapport à 2011.

L’Europe des « minarets de la discorde », grisée par le vent mauvais du racisme, serait bien avisée de sortir urgemment de son amnésie collective pour se souvenir des heures sombres de sa grande Histoire, où elle fut dévastée par son souffle nationaliste.

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