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Le Mouton et la Baignoire

Je suis persuadé que M. Azouz Begag ne m’en voudra pas d’emprunter à son dernier livre ce titre que je trouve judicieux pour commenter ici l’appel de M. Bousad Azni.

150 associations de Harkis et d’enfants de harkis se seraient jointes à son appel à voter pour le candidat Sarkosy.

Mon étonnement tout d’abord sur la forme car en tant que membre du Haut Conseil aux Rapatriés M. BOUSAD AZNI se doit de respecter un certain devoir de réserve mais selon toute vraisemblance il semble « s’asseoir dessus. »

Mon questionnement ensuite sur les qualités de comptable de M.Bousad, 150 associations, 500 000 votants dans cette communauté et qui lui seraient acquis ?

Nous avons le sentiment désagréable, une fois de trop, d’une prise en otage par des représentants autoproclamés, de toute une partie de la population que l’on enferme dans un déterminisme électoral sans possibilité d’en sortir jamais.

Harki =RPR, Enfants de Harki=UMP, terribles équations dans lesquelles perpétuellement nous rejettent les fossoyeurs de l’avenir qui de façon ignoble veulent se prévaloir d’une quelconque représentativité vis-à-vis de cette communauté et qui ont le culot de vouloir parler pour tous.

Nous avons tous en tête ces souvenirs d’enfants, ou le RPR local, venait par cars entiers, chercher nos pères les jours d’élections, glissant le « bon » bulletin dans leurs mains, pour les ramener aussi vite là où ils étaient venus les chercher et les oublier ensuite sous la cendre de leurs promesses électorales. C’est ce qui a façonné pour les générations suivantes une volonté d’indépendance et de libre-arbitre chèrement acquise.

Au-delà de l’illusion de vouloir représenter toute une communauté, diverse dans ces choix, ces expériences et son vécu, l’erreur d’analyse est manifeste : Les Harkis et leurs enfants se détermineront en fonction de multiples paramètres et les concernant de façon plus spécifique, quant à leur histoire et leur devenir, placer la réflexion plus haut, au-delà de toute vision partisane, un débat avec toute la société sur une thématique plus vaste, celle de la période coloniale.

La réunion organisée par le candidat de l’UMP à son QG rue d’Enghien avec une quarantaine d’association ? Une vaste farce ou après avoir patienté plus d’une heure, ces représentants d’associations se sont vus délivrer, en vingt minutes, la parole sarkosyienne d’un monde meilleur ou chaque souffrance individuelle chaque histoire spécifique sera entendue réparer sans aucune volonté de rendre la complexité au sujet.

Mais M.Bousad Azni n’a certainement pas entendu les discours du candidat à Nice et à Marseille ou M. Sarkozy fait clairement référence à « l’œuvre positive de la colonisation et à ses bienfaits ». Un discours très proche de celui de Georges Frêche et de ses admirateurs : Même vision historique tronquée, désir de réécrire l’histoire, même volonté de revanche, même vision arrogante de l’Autre.

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Remarquons que lors du débat autour du fameux article 4 de la loi du23 février 2005 les premières associations à avoir tiré la sonnette d’alarme furent des associations et des collectifs tels Justice pour les Harkis, Harkis et Droits de l’homme, Unir….bientôt rejointes par les historiens et les associations de défense des droits de l’homme.

Toute une série de réunion avec les responsables du PS et d’autres formations ont été tenues ces dernières semaines avec un préalable énoncé clairement par ces associations : n’être dépositaire que des opinions des associations et des sympathisants, aucunement de la diversité des réflexions qui la traversent, de ne pas avoir de voix à monnayer dans un quelconque marchandage.

Débat sur la reconnaissance, sur les réparations, sur la pédagogie et l’enseignement plutôt que sur la repentance, Histoire plutôt que mémoires, l’avenir des liens entre la France et l’Algérie, l’affaire Frêche : Le débat sur la tragédie des Harkis ne peut s’énoncer que dans le cadre d’une réflexion plus large touchant à la colonisation et à la décolonisation.

Le 10 avril 2007 La direction du PS publie un communiqué dans lequel elle reconnaît Le rôle de l’Etat français dans l’abandon des Harkis et leur devenir en France. C’est la première fois qu’un grand parti politique français reconnaît cette tragédie à ce niveau de responsabilité, une véritable révolution.

Entre les promesses d’un candidat qui n’engagent que les naïfs et l’engagement noir sur blanc de la direction d’un parti, nous mettant à l’abri des aléas des résultats de l’élection, notre choix est fait. Entre la volonté d’un travail de fond, inscrit dans la durée et les improvisations d’un discours de circonstance là aussi notre choix est fait.

Qui est M.Azni Bousad pour l’immense majorité des Harkis ? Personne !! Ou plutôt l’épouvantail de sortie à chaque échéance présidentielle pour se prévaloir d’une représentation chimérique et qui sitôt les élections passées retourne dans son anonymat l’esprit tranquille de celui qui a rempli son devoir.

M. Azni Bousad, les Harkis et leurs familles n’ont besoin de personne pour leur dicter leurs votes et si vous avez fait le choix d’être le mouton de M. Sarkozy, acceptez que nous vous laissions allez-vous faire égorger dans la baignoire mais seul.

Ali Aissaoui

Médecin et Mouton libre.

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