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Le Maroc sous le choc du suicide d’une adolescente, victime d’un viol

Tragédie de la condition humaine, et notamment de la femme, sous le poids insoutenable de traditions figées dans le temps, et légitimées par la loi, le suicide d’Amina Al Filali traumatise le Maroc.Jeune fille en fleur de 16 ans, Amina Al Filali a été doublement foudroyée, par un viol à l’âge de 15 ans, et par la loi qui l’a contrainte à épouser le sinistre auteur de sa défloration. Samedi 9 mars, l’adolescente, qui vivait près de Tanger, a choisi de mettre fin à ses jours pour s’extraire d’une impasse aussi inéluctable qu’inhumaine : elle a avalé de la mort aux rats.

 Son geste fatal suscite une émotion considérable au royaume de l’Atlas, en même temps qu'il provoque une réflexion nationale sur le statut de la femme dans la société, sa protection et la préservation de ses droits, obligeant les politiques à sortir de leur torpeur coupable.

 La blogosphère et les médias relaient une mobilisation sans précédent pour abroger une loi "criminelle", sous le cri de ralliement  "Nous sommes tous Amina Al Filali". "Au delà de l'aspect législatif, c'est une affaire de mœurs, de perception de la femme-objet qui perdure, du manque d'éducation à proprement parler et d'éducation sexuelle notamment", estime le quotidien francophone L'Economiste. 

Les sit-in se multiplient, le premier, qui  a réuni 300 personnes, s’est tenu, à l'appel de la Ligue démocratique pour les droits de la femme, devant le tribunal de Larache où le jugement entérinant le mariage de l'adolescente avait été prononcé. Un autre sit-in est prévu samedi devant le siège du parlement à Rabat.

 L’onde de choc a ébranlé le saint des saints du gouvernement, qui, fait rare, a consacré sa réunion hebdomadaire à l'examen de ce drame. De son côté, la seule femme ministre, Bassima Hakkaoui, responsable du portefeuille de la solidarité, de la femme et de la famille, a préconisé un "débat pour réformer cette loi", sur la chaîne de télévision publique 2M.

 "La loi considère la mineure violée comme une criminelle bien qu'elle soit victime de la violence", déplore vivement Nouzha Skalli, ex-ministre, avant de lancer : "Il faut réformer le code pénal afin de l'adapter à la nouvelle constitution qui interdit la violence contre les femmes et assure l'égalité des sexes".

En 2012, la perte de la virginité hors du mariage demeure le déshonneur suprême au Maroc, mais aussi en Tunisie et en Algérie qui, bien que condamnant le viol par la voie légale, continuent d’appliquer un droit coutumier qui nie le statut de victime de la femme : sceller une union contre nature entre le violeur et sa victime.  

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