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Le mariage mixte en questions…

Aux yeux de tous les croyants, Dieu est Beauté et exhorte constamment l’Homme à tendre vers un idéal d’harmonie : la symbiose des différentes manifestations de l’Amour.

La Beauté du coeur est un hymne vivifiant qui emporte et transporte, jusqu’à atteindre la plénitude comblée de l’Amour universel.

Quand l’amour, dans la même immense étincelle, éclaire l’astre et la fleur, quand ce merveilleux rayon qui va de l’âme à l’âme est auréolé du même halo spirituel, le cœur de chaque homme et de chaque femme est alors réchauffé de la meilleure des flammes !

Mais, dans l’absolu, est-on toujours maître d’aimer, de surcroît aujourd’hui, dans une société emplie de troubles et de confusions, où l’élan spirituel est le plus souvent discrédité, et qui évolue au rythme d’une triple mutation : cultuelle, culturelle et sociale ?

Riches de notre foi éternelle, ne peut-on, au gré de ces quelques lignes, contempler le vaste horizon qui se profile devant nous, cet inconnu que l’on souhaiterait lumineux pour tout un chacun, et lever le voile en toute sérénité sur une question qui ne devrait plus être l’objet de tabous : le mariage mixte ?

Se sentir deux, quand on ne forme qu’un, est un don infiniment précieux de Dieu, dont chacun de nous, confronté aux vicissitudes, à la précarité et aux désillusions de la vie, réalise chaque jour l’inestimable richesse.

L’amour est le tison ardent du foyer, havre de confiance et de transmission des valeurs spirituelles et morales par excellence.

Le message divin ne s’y est d’ailleurs pas trompé en mettant en exergue l’osmose relationnelle qui doit idéalement cimenter les rapports entre les conjoints : « Elles sont un vêtement pour vous et vous êtes un vêtement pour elles ». S.2, V.187.

Comment mieux illustrer notre légitime aspiration à concilier notre foi et notre vie dans une merveilleuse complicité de tous les instants ?

Si l’islam subit un redoutable ostracisme encore largement instillé au cœur de l’Hexagone, la condition féminine et le mariage détiennent la palme des sujets sensibles qui inspirent invariablement un traitement passionnel et par trop manichéen, révélateur d’une ignorance affligeante de la quintessence du Coran.

N’est-on pas alors tenté de clamer à la face des détracteurs de tous ordres, convaincus que leur tyrannie aura raison des esprits libres et clairvoyants qui décèlent dans le Texte humanité et sagesse : « Lisez donc ! ».

C’est précisément dans cette optique qu’à l’heure de la mixité sociale – tout à la fois slogan électoral psalmodié par nos politiques de tous bords, et réalité territoriale ancrée dans le paysage urbain – il faut encourager et saluer la démarche à contre-courant du Dr Al Ajamî, lequel, à travers une exégèse de qualité tordant le coup à tous les préjugés, aborde un délicat fait de société, dont l’augure pourrait se révéler d’une portée cruciale pour l’ensemble de la communauté des fidèles : le mariage mixte.

Son passionnant travail de décryptage dévoile pour certains, rappelle pour d’autres, la tolérance dont fait montre le message en la matière, une vertu malheureusement insoupçonnée de la majorité de nos concitoyens, égrenant au fil de versets coraniques particulièrement édifiants l’égalité de traitement entre les hommes et les femmes, tant sur le plan spirituel que dans leur humanité.

Une équité subtilement dépeinte qui imprègne de sa marque l’ensemble du Texte, mais que des applications humaines ont malheureusement contribué à travestir à travers les siècles.

Se livrer à une transposition des prescriptions du Coran à l’aune de notre contexte sociétal, en se risquant à une série de constats et de questionnements sur la légitimité, la viabilité et la pérennité d’une union entre un(e) français(e) musulman(e) et un(e) français(e) issu(e) d’une autre confession du Livre, peut se révéler une entreprise audacieuse, mais pourtant ô combien nécessaire.

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Nous le savons tous, la vocation essentielle de tout mariage religieux est de sceller un pacte du cœur dans une communion de foi et de pensée.

L’endogamie religieuse, que l’on soit catholique, juif ou musulman, sans être pour autant la voie royale vers un bonheur radieux sans ombres et sans failles, s’impose toutefois comme le meilleur des choix pour se projeter dans un avenir prometteur, qu’éclairera la même quête de sens et d’éthique essentielle à toute âme pieuse.

N’en déplaise aux esprits bien-pensants qui distillent leur hypocrisie comme un venin, l’endogamie, qualifiée de communautariste dès lors qu’il s’agit de musulmans, connaît une survivance de ses rites dans tous les milieux, reproduisant indéfiniment le même repli identitaire, qu’il relève de l’appartenance à une classe sociale, à l’athéisme, voire à des convictions politiques…

Loin d’être l’apanage de la seule religion, et en l’occurrence de l’islam, qui se voit immanquablement décrié et suspecté d’intégrisme, l’endogamie est largement répandue dans toutes les sphères, et sous tous les cieux.

Tous ceux qui dérogent à la règle et à l’usage sont irrémédiablement blâmés, quand ils ne sont pas proscrits du groupe social, voire reniés par le clan familial.

Aussi, les croyants qui, au nom d’un amour sincère, bravent envers et contre tout les craintes les plus vives, parfois irrationnelles, que génèrent les unions mixtes, sont d’autant plus valeureux et forts qu’ils en mesurent pleinement toute la gageure.

Même s’il faut le reconnaître les mariages mixtes sont souvent voués à l’échec, même si la foi et les valeurs familiales d’origine résistent mal à l’épreuve du quotidien, subissant une inéluctable érosion, pourquoi ne pas s’efforcer de dépasser tous les jugements préconçus et percevoir une lueur d’espoir, là où trop nombreux encore sont ceux qui, parmi les catholiques, les juifs et les musulmans, n’entrevoient qu’une erreur de parcours impardonnable, ou pis encore un sacrilège ?

Sans pour autant verser dans un idéalisme qui confinerait à la naïveté, ne serait-il pas fondé de penser que puisque la foi est un exceptionnel élan du cœur, la Beauté du cœur, universelle, est à même de transcender toutes les religions, rayonnant sur tous les obstacles, dans une proximité avec Dieu renforcée à travers un enrichissement mutuel ?

Deux êtres épris qui décident en leur âme et conscience d’unir leurs singularités, en dépit de tous les remparts socio-culturels érigés par des millénaires d’us et coutumes, ne peuvent-ils être de nos jours crédités d’une profonde authenticité et non systématiquement voués aux gémonies ?

Face à un monde en proie à de nombreux tumultes qui fragilisent, déstabilisent et meurtrissent, notre conviction spirituelle commune ne nous oblige-t-elle pas plus que jamais à laisser notre cœur ouvert à l’autre, dans une infinie mansuétude et le plus grand discernement ?

En cette époque tourmentée, au cœur d’une terre chrétienne gagnée par une déspiritualisation alarmante, qui a vu progressivement ses églises se vider au profit d’un nouveau sanctuaire ultra laïc avec ses multiples idoles, à l’obsolescence fulgurante, et ses valeurs refuge sacralisées, le matérialisme et l’individualisme, chaque âme attachée à Dieu a besoin d’une loi qui soit sa lumière.

Les signes célestes sont tout sauf crépusculaires, seules les interprétations humaines le sont !

Parce que nous sommes des hommes et des femmes, il est essentiel que notre humanité prévale dans ce qu’elle a de meilleur, et que la Beauté de l’intelligence et du cœur illumine chacune de nos interrogations fondamentales, dans le respect d’autrui et de sa différence.

L’Amour allié à la Raison, c’est comme une nouvelle aurore qui se lève sur notre horizon.

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