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Le Liban à l’épreuve du feu

Le Liban, frappé de plein fouet par l’assassinat de l’ex Premier Ministre Rafik el Hariri, cherche aujourd’hui son souffle, et peut être enfin son unité. Cet acte terrible a visiblement mobilisé les foules libanaises, toutes communautés confondues. Les libanais semblent s’accorder sur deux points au moins : le confessionnalisme de la vie politique libanaise ne doit pas détruire la fragile union nationale que le défunt Hariri avait tenté d’instaurer ; la Syrie est responsable de tous les maux de la société libanaise, jusqu’à l’odieux assassinat. L’unité du Liban, la méthode utilisée pour l’assassinat ainsi que le bénéficiaire du crime sont autant de thèmes, qui interrogent aujourd’hui.

Parler de l’unité des libanais est une supercherie. Nombreux sont-ils, majorité et opposition, de toutes les communautés, à souligner la « trahison » de « l’autre », accusé de s’associer, qui avec la Syrie, qui avec l’Iran qui avec Israël. En direct sur Future TV, chaîne qui appartient à Hariri, la majorité est accusée par l’opposition de générer un « climat propre à favoriser la reprise de la guerre civile »…l’opposition, menée par Hariri le Sunnite et Jumblat le Druze, est accusée par la majorité « pro syrienne » de « faire le jeu d’Israël en refusant la présence syrienne sur le sol libanais ». Les démons anciens sont toujours prêts à sortir de leurs boîtes…

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« Une voiture piégée a explosé sur le passage du convoi de l’ancien Premier Ministre ». Cette première information, communiquée à chaud par les journalistes et commentateurs libanais, est difficilement vérifiable au moment précis de l’attentat. Elle révèle cependant combien les méthodes de la guerre civile semblent encore proches dans les esprits. Ce n’est probablement pas une voiture piégée mais bien une canalisation souterraine, bourrée d’explosifs, qui a explosé au passage du convoi. Il suffit pour cela de regarder les photos et d’analyser les ondes de chocs et les dégâts environnants. Cela indique clairement une organisation autrement plus perfectionnée que pour l’explosion d’une voiture piégée, et pose la question de l’auteur. Certes il y a une grande facilité à accuser « les syriens », mais en disant cela, rien n’est dit sur l’identité de l’auteur… Qui sont « les syriens »… ?

Il est clair que le sommet de l’Etat syrien a tout à perdre aujourd’hui dans une escalade avec les USA et la France, co-parrains d’une résolution invitant les forces étrangères à quitter le Liban. Le Président syrien a déjà donné des signes de sa bonne volonté pour assouplir la position syrienne sur le Liban. Les troupes syriennes sont passées il y a quelques années de 40.000 militaires à 14.000 militaires. Cette « bonne volonté » pouvait être suivie d’une étape supplémentaire du redéploiement. La refonte progressive de la scène politique de toute la région, sous l’impulsion américaine, implique la modernisation du régime syrien. Mais cette démarche à aussi ses opposants intérieurs, bénéficiaires par ailleurs de la présence militaire au Liban et des retombées économiques du million de travailleurs immigrés syriens au Liban. Ces opposants ne sont pas d’accord avec un affaiblissement de la présence militaire syrienne, devenue présence mafieuse, au Liban. L’explosion sur le passage du convoi de Hariri est la forme ultime, et dramatique, d’un dialogue interne syrien. Les services de renseignements syriens indiquent au Chef de l’Etat qu’ils peuvent contrer, à l’ancienne, sa volonté. Si Bachar el Assad les désavoue, il n’est plus maître chez lui. S’il les félicite, il se met à dos la communauté internationale. Aussi, il fait le choix du silence qui ne doit pas maquer les probables purges interne qu’il entreprend, dans la limite de ses moyens. A ce silence vient répondre une relative mesure verbale américaine et française qui se contente de réaffirmer la demande de retrait syrien du Liban. Le rappel de l’ambassadeur américain n’est que gesticulation de pure forme pour permettre au Chef de l’Etat syrien, seul capable de le faire aujourd’hui, de réorganiser son régime et d’assurer la pérennité du dialogue de la Syrie avec le reste du monde.

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