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Le Juif et l’ Arabe : Dialogue de Guerre

Deux amis qui ne se parlent plus depuis deux ans. Leurs avis divergent sur le conflit entre israéliens et palestiniens. Deux amis, journalistes, ne se parlent plus depuis deux ans…

Deux amis, Guy Sitbon, qui se présente comme juif, l’autre, Hamid Barrada, arabe, ne se parlent plus depuis deux ans…

Et ils décident de se reparler. De faire le tour des raisons qu’ils ont de ne pas – de ne plus – s’entendre…

Ils choisissent un « modérateur » pour un dialogue au cours duquel ils voulaient faire l’économie des hypocrisies et des consensus pour se concentrer sur les réelles différences de point de vue, les raisons fondamentales qui les opposent. Elles sont vite apparues et le lecteur en reste frémissant d’effroi. Si la démarche est courageuse, et que le résultat vaut la peine d’être publié, il convient également de souligner que les arguments échangés ne laissent pas de glacer le sang. Et pour être tout à fait honnête, l’auteur de ces lignes doit préciser qu’il trouve légitime la lutte des palestiniens pour un Etat libre et indépendant, dans un contexte viable, avec des frontières sures et reconnues. Partant, les arguments soulevés par Guy Sitbon glacent le sang (et devraient glacer le sang de tous ceux qui, sans être des amis de la cause palestinienne, mettent leur intelligence en avant). Ainsi, ce qui devait être un dialogue devient, dès le premier chapitre de cet ouvrage, un catalogue de platitudes racistes énoncées par Sitbon au nom de ce qu’il dit être son point de vue objectif.

Citons-le : « Dans le monde arabe, il y a plus de passion que d’intelligence. Je crois que les Arabes ne se connaissent pas ou refusent de se voir comme ils sont » (page 35). Ou encore « la source du mal c’est l’arabisme ou l’arabo-islamisme » (page 43).

Ailleurs, plus loin dans cet ouvrage, l’on découvre que l’armée d’Israël selon Guy Sitbon à le souci de ne pas tuer aveuglément un maximum de civils alors que les palestiniens se réjouissent, toujours selon lui, à l’idée de donner la mort à des juifs sous le seul prétexte de leur judaïté. On découvrira aussi que les arabes et les européens, dans un même élan et sans raison persécutaient les juifs. Ou encore que le passionnel est plus important chez les arabes que le rationnel…

En lisant, l’on réalise à quelle point la question du dialogue est essentielle. Elle requiert de l’énergie. Elle requiert également de l’abnégation. Et c’est ce qui manque à cet ouvrage. Si les deux protagonistes ont le courage de dire leurs divergences, elles sont nombreuses et fondamentales, aucun des deux n’abandonne une position. Les opinions restent fortes et de ce dialogue ne ressort qu’un terrible constat d’impuissance et de fracas. Certes ce livre à l’avantage de désigner aux lecteurs une grande parties des sujets qui posent problème. Mais il n’est jamais question de solutions, sauf à écouter Sitbon qui invite Barrada, et avec lui tous les Arabes, à abandonner la cause palestinienne et celle de l’unité arabe au profit de préoccupations immédiates, matérielles, nationales…

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Tout au long de cette fastidieuse mais pourtant nécessaire lecture, l’on découvre comment et pourquoi nombreux sont ceux qui, comme Sitbon, confondent et mélangent tout dans leur tête… Arabes, terroristes, musulmans, juifs, islamistes, palestiniens, attentats, Palestine, 11 Septembre… tout est dans tout nous explique Sitbon. Et Barrada de reprendre souvent « tu confonds tout », « tu mélanges tout »…

Etrange sentiment que laisse ce dialogue fascinant d’obscénité et qui laisse le lecteur seul face à son envie de dialoguer et de commenter, de comprendre enfin que deux amis puissent être fondamentalement, irrémédiablement ennemis…

L’ouvrage s’achève sur une chronologie dont tout le monde sait que c’est là un exercice des plus périlleux. A-t-elle été rédigée par les deux « dialoguants » qui proposent ainsi un terrain (minimum) d’entente ? Nous pouvons en douter… et déplorer que cette chronologie ne soit pas signée…

Le Juif et l’Arabe : Dialogues de guerre (cliquez ici pour vous procurer ce livre sur Amazon)

Hamid Barrada et Guy Sitbon, éditions Plon, 2004

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