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Le gouvernement israélien veut « combattre » Oumma.com

Interrogé sur le qualificatif de « traître » employé à son propos par l’ancien vice-Président  Dick Cheney, Edward Snowden, auteur des divulgations sur la surveillance secrète de la NSA, a répondu hier qu’il s’agissait du « plus grand honneur qu’on puisse faire à un Américain », notamment de la part d’un homme co-responsable de la guerre « trompeuse » contre l’Irak. Découvrant la charge virulente -à son encontre- d’un gouvernement israélien dirigé par un extrémiste notoire, Oumma peut se dire aujourd’hui également « honoré » d’être désigné comme une cible.

Explications : fin mai, à Jérusalem, un rassemblement international s’est tenu sous les auspices du ministère israélien des Affaires étrangères, actuellement patronné par le Premier ministre lui-même : Benyamin Netanyahu. Le titre du colloque : « Forum mondial pour combattre l’antisémitisme ». Des personnalités du monde entier, issues des sphères politiques ou religieuses, ont ainsi joint leurs forces pour dresser ce qui fut présenté comme un constat de l’antisémitisme en 2013.

A l’issue de cette réflexion produite par dix groupes de travail, un document officiel, constituant une synthèse des discussions, fut publié par le site du ministère. Dans un chapitre intitulé « Les principaux facteurs derrière les expressions de l’antisémitisme parmi les Français musulmans », un paragraphe est consacré à « Internet ». Lors du colloque, le Web et sa liberté d’expression étaient au cœur des préoccupations. Voici ce que l’on peut lire à propos des internautes français :

« Depuis que la haine des Juifs et la haine d’Israël ont démontré leur puissance à rassembler des musulmans issus de parcours différents, celles-ci sont souvent la tendance dominante de plateformes islamiques populaires du web en France telles oumma.com et saphirnews.com.

Dans la majorité des cas, l’antisémitisme se déguisera en antisionisme afin d’éviter les sanctions judiciaires ».

A l’image de l’esprit qui anima le rassemblement, le reste du compte rendu est à l’avenant : reprenant un syllogisme cher aux radicaux de la mouvance sioniste, toute critique d’Israël est considérée comme de « l’antisionisme » et tout antisionisme est assimilé à de « l’antisémitisme ».

Une telle escroquerie intellectuelle, promue notamment par l’Union des étudiants juifs de France, a désormais le vent en poupe : l’actuel ministre de l’Intérieur, également en charge des cultes, pratique ainsi régulièrement l’amalgame sémantique entre ces concepts.

The International Schpountz

Qui pouvait bien avoir suggéré au gouvernement israélien de pointer du doigt Oumma.com ? Quel est donc ce citoyen, à ce point hostile envers le premier site d’information à destination de la communauté musulmane francophone ? Un militant ultra-sioniste quelque peu irrité de lire des articles dénonçant les violations des droits de l’homme commises par le régime de Tel-Aviv ? Un chantre des barbares djihadistes en Syrie qui s’offusque de voir Oumma donner la parole aux opposants à tout armement des « rebelles » ? Ou bien un musulman qui a compris que se présenter comme un « modéré » qui déplore le prétendu antisémitisme consubstantiel de ses coreligionnaires était le meilleur moyen de s’assurer rapidement une ascension sociale et médiatique à peu de frais ? Bingo.

Lorsqu’on consulte jusqu’au bout le document qui qualifie Oumma de site « antisémite », on découvre le patronyme du personnage truculent ayant inspiré ce rapport officiel : Hassen Chalghoumi.

Image mise en ligne sur le site du ministère isra
élien des Affaires étrangères

Présenté comme un « orateur populaire » et « rassembleur » dont l’inscription de ses enfants en école catholique serait un « acte exemplaire d’intégration », l’imam de Drancy a bel et bien participé à ce colloque. C’était le jeudi 30 mai.

A gauche, Hassen Chalghoumi ; au centre, l’Australien Jeremy Jones

Un enregistrement vidéo de son intervention est visible sur le compte Youtube du ministère israélien des Affaires étrangères. L’homme dont la déclaration complète a été synthétisée ensuite par écrit ne s’en prend pas uniquement  à Oumma et Saphir mais également au site Al-Kanz ainsi qu'au  Collectif Cheikh Yassine.

Enjoy.

La rancœur « un peu nerveuse » d’Hassen Chalghoumi à l’encontre d’Oumma s’explique aisément : nous avons été les premiers –dès 2010– à démystifier, de manière étayée, le personnage et ses artifices. Oumma a également démontré la propension au mensonge de l’homme présenté par certains comme «l’imam des lumières » ou « l’honneurdes musulmans ». Nouvelle illustration : le 10 juin, Hassen Chalghoumi n’a pas hésité à recourir, encore une fois, à l’art de la contre-vérité en affirmant à des parlementaires belges que notre site, basé en France, ne pouvait être fermé car il était « hébergé à l’étranger ». Enfin, nous avons aussi révélé ses propos discriminatoires qui lui ont d’ailleurs valu une nomination aux derniers Y’a Bon Awards.

En filigrane, une heureuse nouvelle transparaît de toute cette histoire : que le gouvernement israélien en vienne à utiliser Hassen Chalghoumi comme un expert de l’antisémitisme franco-musulman permet de déduire qu’ils n’ont trouvé personne d’autre pour accomplir le «sale boulot ». Espérons que les diplomates américains et israéliens en poste à Paris auront ainsi matière à discussion, les premiers ayant estimé « remarquable », et non pas « antisémite », le site d’Oumma. Quant au président autoproclamé de la « Conférence des imams », nous lui souhaitons fraternellement un bon voyage à Rome : Hassen Chalghoumi a bientôt rendez-vous, cela ne s’invente pas,  avec le pape François.

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Bonus : pour en savoir plus sur Benyamin Netanyahu -l’instigateur de ce colloque, voici, en exclusivité pour les lecteurs d’Oumma, l’extrait inédit d’un ouvrage rédigé par l’auteur de ces lignes et intitulé Israël et le 11-Septembre : le grand tabou.

« Le jour de la tragédie, Netanyahu avait fait savoir à un reporter  du  New York Times que les attentats étaient « une très bonne chose » pour les relations israélo-américaines avant de se corriger, précisant que ce n’était « pas très bon mais que cela suscitera une immédiate sympathie ». En 2008, face à un public israélien, Netanyahu prendra pourtant moins de précautions oratoires : « Nous bénéficions d’une chose, et il s’agit de l’attaque sur les Tours jumelles et le Pentagone, ainsi que du combat américain en Irak ».

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Le 13 septembre 2001, il s’était déjà exprimé sur la chaîne NBC, reprenant exactement le discours de Barak à propos de la « guerre contre le terrorisme » devant impliquer l’Irak et l’Iran. Il avait également rappelé qu’il avait lui-même envisagé, dans un ouvrage paru en 1995 – deux ans après le premier attentat contre le World Trade Center –, l’usage futur d’une « bombe nucléaire » contre les Tours jumelles.

 

Faisant un nouveau parallèle avec Arafat, Netanyahu avait mis en garde l’Amérique contre le risque d’un attentat plus considérable dans l’avenir si Washington n’intervenait pas de manière radicale contre les groupes et les États qualifiés de « terroristes ». Il réitéra cette menace le lendemain, lors d’un entretien accordé à la chaîne Fox News, en com
parant les objectifs des terroristes à ceux de « l’Allemagne nazie ». Une semaine plus tard, ce sera au tour du New York Post de publier la tribune va-t-en-guerre de Netanyahu, intitulée – à l’instar du titre du célèbre éditorial du Français Jean-Marie Colombani ou de la citation de l’Allemand Peter Struck – : « Aujourd’hui, nous sommes tous Américains ».

Lors d’un récent débat consacré à l’islamisme, le journaliste Alexis Lacroix rapporta (à 23’) que l’expression avait été, en réalité, suggérée à l’ex-directeur du Monde par l’historien Alexandre Adler dont la belle-tante, Annie Kriegel, fut l’une des rares personnalités françaises à participer à la « Conférencede Jérusalem sur le terrorisme international », organisée – en 1979 – par Netanyahu.

Le 24 septembre 2001, l’ex-Premier ministre israélien aura même droit aux honneurs du Sénat américain pour développer sa thèse. Sa proximité avec les parlementaires – devant lesquels il a soutenu l’idée, chère à son cœur, d’une intervention en Irak – ne se démentira plus par la suite.

Dans l’interview de NBC, Benyamin Netanyahu n’omet pas, comme il le fera à plusieurs autres reprises, de se poser comme le Cassandre du 11-Septembre. À juste titre : depuis 1979, la « guerre internationale contre le terrorisme » est un concept qu’il a contribué à formuler et propager dans l’opinion publique américaine.

En 1981, à l’âge de 32 ans, le jeune diplomate israélien, traumatisé par la mort – en 1976 – de son frère Yonatan, lors d’une prise d’otages en Ouganda, avait déjà publié son premier ouvrage sur la question.

Les années 80 seront celles de l’ascension de celui que les médias américains surnommeront rapidement, avec affection, « Bibi ». Devenu l’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Netanyahu se fait remarquer par ses talents de communicant et sa propension à décliner sans cesse son sujet fétiche. Quitte à abandonner le langage feutré de la diplomatie : le thème sous-jacent de sa bataille idéologique consistait à attiser une « haine anti-arabe et anti-musulmane » selon l’universitaire américano-palestinien Edward Saïd.

 

Lorsque les attentats du 11 septembre 2001 sont survenus, sa parole trouva un écho grandissant dans la classe politique américaine. Son dernier livre sur la question fut immédiatement réédité.

Né en 1949 à Tel-Aviv, l’homme, originaire d’une famille de Lituanie, est un pur produit des années Reagan. Il passe son enfance à Jérusalem et son adolescence à Philadelphie, aux États-Unis, avant de revenir en 1967 en Israël pour intégrer une unité secrète de l’armée, sous le commandement de son futur rival du Parti travailliste, Ehud Barak.

Figure éminente d’un nationalisme teinté d’ultra-libéralisme et adepte du tout-sécuritaire, Netanyahu est également un suprémaciste religieux, dans la lignée de son père, l’historien Ben-Tzion Netanyahu.

Celui-ci fut un personnage-clé de la mouvance terroriste de l’Irgoun, alors dirigée par Menahem Begin lors du mandat britannique sur la Palestine. Les deux hommes partagent le culte d'Eretz Israël : la volonté de bâtir un territoire qui s’étendrait aux frontières bibliques, ce qui inclurait la Cisjordanie. Leur figure tutélaire demeure l’idéologue à l’origine du sionisme révisionniste, Ze’ev Jabotinsky, dont Ben-Tzion Netanyahu fut le secrétaire personnel.

La carrière médiatique de Netanyahu démarra à la faveur de la guerre du Golfe en 1991 : intervenant régulier sur CNN, il confirma le charisme que les commentateurs politiques avaient déj&a
grave; remarqué au cours des années précédentes. Cinq ans plus tard, devenu Premier ministre, il cultivera cependant de mauvais rapports avec l’Administration Clinton, notamment en raison de son intransigeance durant les négociations avec l’Autorité palestinienne.

L’un de ses premiers gestes significatifs consistera à commander un bref rapport auprès de personnalités influentes, dénommé « A clean break : a new strategy for securing the realm » (« Une coupure nette : une nouvelle stratégie pour sécuriser le royaume »). Prônant le remodelage du Moyen-Orient en faveur des intérêts américains et israéliens, ce programme sera repris, un an plus tard, dans la structuration du mouvement néo-conservateur autour du think-tank du PNAC.

Quelques mois après avoir quitté son poste de Premier ministre, Benyamin Netanyahu sera également surpris par une caméra cachée en train d’affirmer, en privé, un propos stupéfiant pour l’ex-leader d’un pays allié aux États-Unis : « Je sais ce qu’est l’Amérique. L’Amérique est une chose que vous pouvez manipuler très facilement, manipuler dans la bonne direction ».

Les attentats du 11 septembre 2001 lui donneront raison.

  

Récapitulons : sur le terrain, aux abords de New York, des agents apparentés du Mossad se réjouissent, dès l’impact du premier avion, d’un attentat dont ils avaient, selon toute vraisemblance, préalablement connaissance. Depuis 1998, leur directeur, Ephraïm Halevy, a servi successivement trois dirigeants israéliens : Benyamin Netanyahu, Ehud Barak et Ariel Sharon. Ces hommes entretiennent une amitié de longue date avec les principaux responsables de la gestion du World Trade Center : Larry Silverstein, Frank Lowy, Ronald Lauder et Michael Cherkasky () ».

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