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Le Conseil français du culte musulman est-il déjà en danger ?

Le samedi 03 mai 2003, les représentants élus par les musulmans lors des élections nationales des 6 et 13 avril 2003 se sont réunis pour donner naissance au premier Conseil Français du Culte Musulman ainsi qu’aux premiers Conseils Régionaux du Culte Musulman. Cette assemblée générale constitutive a vu la présence du Ministre de l’intérieur et du Premier ministre de notre pays. Ils ont tout deux souligné le caractère historique de cette réunion en rappelant que l’Islam est désormais invité à la table de la République (reprenant ainsi les paroles d’introduction de Fouad Alaoui, secrétaire Général de l’UOIF). Ils ont tout deux réaffirmé que la laïcité est la liberté pour chaque citoyen de vivre sa foi dans la dignité sans avoir à se cacher. Enfin, ils ont tous deux répété que la laïcité n’est pas l’athéisme.

Tout musulman pourrait se réjouir pleinement de cette naissance. Enfin un organe pour le représenter, un organe pour unifier ses coreligionnaires susceptibles de contribuer à résoudre ses problèmes quotidiens induits par sa volonté de pratiquer sa foi. Mais cette instance court un risque certain. Le risque de cette nouvelle instance est qu’elle soit instrumentalisée pour faire dire par les musulmans eux- même ce que le gouvernement ne pourrait pas faire passer auprès des musulmans par sa propre voix. Par exemple, faire dire à cette instance, que la prière n’est pas une obligation pour tout musulman et toute musulmane. Ou encore que le voile ne fait pas partie du concept Islamique. Pire encore, que l’Islam n’a qu’une dimension spirituelle en cherchant à le cantonner dans la sphère privé. Quand à la vie sociale, économique ou encore politique, le musulman ou la musulmane doit utiliser un autre système et ne pas faire référence au système auquel il croit et qui a déjà fait ses preuves dans la direction des « affaires des gens » à une autre époque. Il ne faudrait donc pas, sous peine d’installer un sentiment de trahison au sein des musulmans, que la création du CFCM soit l’excuse pour créer une autre instance qui serait plus proche d’un Islam « laïc » ou encore « culturel » (ces deux termes n’ayant pas de sens réel pour un musulman) comme on l’entend ici et là. Une instance qui aurait plus les faveurs des pouvoirs politiques et publics. Quant au CFCM, il aurait pour fonction notamment de définir par exemple la date du début du mois de Ramadan, sans pour autant participer aux débats concernant les musulmans de France, tel que l’enseignement de l’histoire des religions, ou encore un débat plus médiatique, celui de l’autorisation de garder son voile sur les photos d’identité (ou en classe).

Tout musulman sincère et ayant un minimum de bagage en droit musulman s’accorde à dire que les points de blocage entre les musulmans et les lois de notre République telles qu’elles sont établies aujourd’hui sont minimes. Les cours de science quels qu’ils soient sont obligatoires pour chaque musulman et chaque musulmane. Les cours où l’on développe l’esprit critique et la raison sont obligatoires quand bien même ils remettraient en cause, dans un esprit critique et non partisan, les fondements d’une quelconque religion. Agiter donc ce spectre n’est pas fondé pour un musulman ou pour une musulmane. On continue à parler d’intégration de l’islam dans le paysage français en affirmant que la France est une chance pour l’Islam. Si je conçois qu’un ministre ne puisse pas dire directement que les valeurs véhiculées par l’Islam sont de nature à instaurer un climat de paix, d’honnêteté et de respect réciproque entre les citoyens (chose que ne parvient pas à faire la démocratie car ce n’est pas son domaine), il n’en reste pas moins qu’il convient de dire la vérité aux gens : ce sera autrement que par des lois que l’on fera sentir aux français de confessions musulmane qu’ils sont français. Les musulmans sont les enfants de cette nation au même titre qu’un français chrétien, juif, athée ou autre. Ils l’affirment et l’affichent fièrement. Cet aspect des choses entraînera bien des bouleversements au sein de notre société dans les années à venir.

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Cette première instance du CFCM est confrontée à plusieurs défis. Ces deux années permettront seulement à ses membres de réfléchir à la mise en œuvre du travail qui les attend pour les trois années suivantes. Nous verrons donc comment les intérêts des uns et des autres seront défendus et comment l’Islam sera réellement servi et par qui.

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