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Le communautarisme d’Etat a encore frappé

L’idéologie du ministère de l’identité nationale a fait des émules au Conseil d’Etat. Son arrêté du 27 juin a confirmé un décret de 2005 refusant la nationalité française à une Marocaine de 32 ans, sous prétexte que sa burqa était « incompatible avec les valeurs essentielles de la communauté française ».

Est-il besoin de rappeler que le salafisme, dont se réclame cette jeune femme, est un courant de l’islam que l’on peut avoir de très bonnes raisons de combattre, mais qu’y souscrire n’est pas un délit en soi ? Et que porter la burqa n’est pas un crime ? Cette décision, après les polémiques effarantes concernant le foulard d’élèves ou de parents d’élèves, dessine un climat de rejet et de stigmatisation de l’islam, des musulmans et de tout ce qui ressemble à autre chose qu’à soi-même.

Une vision oppressive de la laïcité

Cette décision s’est basée sur l’observation minutieuse des pratiques religieuses d’un individu. Or, dans un pays laïc, ce ne sont pas les individus qui sont « laïcs », ce sont les institutions. La vraie laïcité, c’est la neutralité de l’Etat, pas la neutralité des individus ! Le Conseil d’Etat n’a aucune légitimité pour s’immiscer dans la conscience et l’intimité des individus et porter sur eux des jugements sans appel. Ainsi a-t-on appris que « les services sociaux et la police » étaient allés jusqu’à s’enquérir du sexe du gynécologue de la dame !

Une vision coloniale de l’émancipation

Une fois de plus, au nom d’un certain féminisme, on plonge la tête sous l’eau de femmes qu’on s’échine pourtant à qualifier de victimes, et on exclut une femme sous le prétexte paradoxal qu’elle n’est pas assimilée. Faudra-t-il bientôt emprisonner les séropositifs coupables de s’être mal protégés, donner des amendes aux pauvres pour les inciter à la richesse ou punir les victimes d’agression pour leur apprendre à se défendre ? N’oublions pas qu’il y a encore 50 ans on asservissait des peuples pour leur apprendre la liberté et que le Parlement a encore voté en 2004 une loi sur les signes religieux pour émanciper les filles voilées en leur interdisant l’accès à la scolarité… A l’inverse de cette vision fétide, la ZEP défend une lutte contre toutes les discriminations qui ne peut se mener sans les discriminé-e-s, et encore moins contre elles et eux.

Une vision assimilatrice de la nation

Enfin, cette affaire révèle la dangerosité d’une conception nationaliste de la « nationalité » selon laquelle être, demeurer ou devenir français « se mérite ». Et nécessite un examen de passage, auquel les bons Français de naissance eux ne sont bien sûr jamais soumis (ironie de l’histoire, le mari qui est censé oppresser sa femme, lui, reste français). A l’heure où les responsables politiques de tout bord n’ont que le mot « diversité » à la bouche, cette vision ethno-culturelle de la « communauté française » prouve que la France a toujours un problème avec la différence !

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L’explication du jugement, qui ne fait que reprendre les termes du code de la nationalité, vient d’ailleurs confirmer cette vision bien coloniale et bien française : la dame n’a pas prouvé son « assimilation » ! On est loin du « plébiscite de chaque jour » qui tient lieu de définition de la nation à la française… Mais très proche d’un « communautarisme national » ! La ZEP appelle donc à réformer le code de la nationalité et le code civil pour dissocier l’acquisition de la nationalité de toute idée de mérite. Pour que la France, à la veille du 14 juillet, ne se résume pas au rassemblement des « imbéciles heureux qui sont nés quelque part » (Brassens)…

La Zone d’Ecologie Populaire

Qu’est ce que la Zone d’Ecologie Populaire ?

La ZEP est un réseau politique réunissant des militants Verts et non-Verts qui se définissent comme :

• partisans d’une écologie de transformation : L’économie productiviste à outrance détruit la biodiversité, la santé, s’attaque aux peuples autochtones, pille les richesses du Sud, et recolonise son économie. Si les injustices environnementales et sociales, la crise climatique, énergétique, les OGM, le nucléaire, les pesticides, l’amiante… nous concernent tous, elles s’attaquent partout en priorité aux pauvres.

• partisans d’une écologie anti-discrimination qui lutte contre l’apartheid social. Nous refusons la stigmatisation des jeunes issus de l’immigration, la ségrégation des quartiers populaires, le contrôle policier à caractère colonial, la politique de l’immigration (ADN, expulsions des sans papiers, lois racistes…).

• partisans d’une écologie de libération qui lutte contre la guerre de civilisation et l’apartheid planétaire. De l’Irak à l’Afghanistan, de Palestine à la Tchétchénie, de l’Iran au Congo, nous refusons la guerre comme moyen d’imposition du modèle occidental.

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Est-ce au Conseil d’Etat de définir ce qui est une pratique religieuse radicale ?

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